Genre: science-fiction
Année: 2014
Durée: 2h49
Synopsis: Les aventures d’un groupe d’explorateurs qui utilisent une faille récemment découverte dans l’espace-temps afin de repousser les limites humaines et partir à la conquête des distances astronomiques dans un voyage interstellaire.
La critique :
Au moment où Albert Einstein découvre les secrets de la gravité via sa célèbre équation, E = MC2, le scientifique féru d'astronomie pense que notre univers serait sur le point de se condenser, se basant par là-même, sur les lois irréfragables de la gravité. Or depuis les travaux d'Einstein, les recherches en astronomie ont beaucoup évolué et s'intéressent désormais à la théorie quantique. Hélas, cette dernière s'oppose formellement aux découvertes d'Einstein.
L'univers ne serait pas en train de rétrécir mais, à l'inverse, de s'agrandir à une vitesse exponentielle. Depuis maintenant deux décennies, les savants dubitatifs tentent d'apporter de nouvelles explications face aux mystères insondables de notre vaste cosmos, en conciliant ces deux théories antagonistes. Déjà, en 1968, Stanley Kubrick ratiocinait et hypostasiait sur un univers incommensurable qui porterait en lui les arcanes de l'existence humaine, à travers 2001, l'Odyssée de l'Espace.
Avec Interstellar, sorti en 2014, Christopher Nolan a pour ambition, à son tour, d'agréger la théorie d'Albert Einstein et la théorie des cordes (ou la théorie quantique) au service d'un blockbuster science-fictionnel. Ainsi, Interstellar est conçu comme le concurrent de 2001, l'odyssée de l'espace. Une gageure pour le moins périlleuse mais que Christopher Nolan compte bien relever. En l'espace d'une quinzaine d'années, Christopher Nolan s'est peu à peu imposé comme l'un des nouveaux grands parangons du cinéma hollywoodien via sa trilogie sur le super-héros de Gotham (Batman Begins, The Dark Knight et The Dark Knight Rises), Inception (2010) et dernièrement, Dunkerque (2017).
A travers Interstellar, Christopher Nolan souhaite épouser les dernières théories scientifiques et les récentes découvertes de l'astronomie expérimentale.
Vous l'avez donc compris. Interstellar ne sera pas un blockbuster comme les autres, se rapprochant davantage de la métaphysique et des introspections cosmologiques de 2001, l'Odyssée de l'Espace. Ainsi, Interstellar fait partie de ces rares films de science-fiction à évoquer et même à montrer la complexion gargantuesque d'un trou noir super massif. Par le passé, un autre film de SF avait déjà tenté l'expérience, à savoir le bien nommé Le Trou Noir (Gary Nelson, 1979), une production Walt Disney qui avait essuyé un camouflet en son temps.
Mais dans Interstellar, il est aussi question de la mémoire et du temps qui passe, des thèmes qui semblent obnubiler Christopher Nolan depuis Memento (2000). Inutile alors de préciser qu'Interstellar possède de solides arguments pour convaincre sur sa durée astronomique (c'est le cas de le dire...) de 169 minutes.
Reste à savoir si le long-métrage tient (ou non) les promesses annoncées. Réponse dans les lignes à venir... La distribution du film réunit Matthew McConaughey, Anne Hathaway, Jessica Chastain, Casey Affleck, Mackenzie Foy, Ellen Burstyn, Michael Caine, John Lithgow et Matt Damon. Attention, SPOILERS ! Alors que la Terre se meurt, une équipe d'astronautes franchit un trou de ver apparu près de Saturne conduisant à une autre galaxie, cela dans le but d'explorer un nouveau système stellaire et l'espoir de trouver une nouvelle planète habitable par l'humanité afin de sauver cette dernière.
Depuis 2001, l'Odyssée de l'Espace et Solaris (Andreï Tarkovski, 1972), notre vision du cosmos s'est nimbée des problématiques de notre société hédoniste et consumériste. Jadis, l'univers devait convier l'Humanité à découvrir sa genèse et à explorer de nouvelles facettes de sa conscience.
Aujourd'hui, le cosmos n'est qu'un nouveau terrain de chasse à la découverte d'une exoplanète potentiellement habitable. Tel est le constat amer d'un Christopher Nolan dépité par le sort de la Terre. Notre planète se meurt. Inexorablement. Ici, point d'Apocalypse ni de Troisième Guerre Mondiale, juste une planète qui s'alanguit et se délite, condamnant ses habitants à exhaler leur dernier soupir. Mais quelque part dans l'univers, se tapit une planète lointaine que l'Humanité se chargera, derechef, d'exploiter, de polluer et de néantiser, tels des capitalistes et des égotistes mercantiles.
Mais peu importe. Cette planète hôte se doit d'abriter notre civilisation et assurer notre survie, mais pas seulement. A travers Interstellar, Christopher Nolan revisite les dynamiques de l'espace et du temps qui peuvent se rétracter ou se contracter selon le bon vouloir de la gravité et des forces (la matière noire et l'énergie sombre, entre autres...) qui nous dépassent.
Ou lorsque la nature universelle reprend ses droits et rappelle à l'homme qu'il n'est même pas le noyau d'un atome dans un brasier d'étoiles, de nébuleuses et de galaxies titanesques. Certes, le film n'élude pas le jargon scientifique habituel qui ne manquera pas de tarauder les spectateurs non avisés. Toutefois, Nolan ne perd jamais le spectateur au cours de ce périple interstellaire, aussi énigmatique que fascinant. Depuis Solaris et 2001, l'Odyssée de l'Espace (toujours la même ritournelle...), aucun film ne nous avait transportés aussi loin dans les anfractuosités de notre univers.
Christopher Nolan sonde et analyse un cosmos en perpétuelle mutation. Ce qui ne manquera pas de désarçonner les principaux protagonistes de l'histoire. Le héros, Joseph Cooper, espère revoir et retrouver sa fille, Murphy, bientôt. Une chimère.
Jamais le cosmos ne se sera autant apparenté à un voyage au coeur des ténèbres. Certaines planètes sont donc soumises aux lois irréfragables du temps et de l'attraction gravitationnelle. Ainsi, un simple périple d'une petite heure sur une planète isolée correspond à une durée de 23 ans sur notre bonne vieille planète. Où se trouve cette nouvelle Terre, cet empyrée terrestre capable d'abriter notre population à l'agonie ? Pour Christopher Nolan, la réponse se trouve dans cette fameuse singularité qui caractérise les trous noirs super massifs. Or, cette singularité cosmique se situe au-delà de l'horizon.
Reste à savoir ce qui se tapit derrière ce fameux horizon... En l'état, difficile d'en dire davantage si ce n'est que le film flagorne les théories de Stephen Hawking sur des entités célestes qui nous dépassent. Le temps et la gravité ne seraient donc que des substrats (ou des données) facilement malléables et modifiables à travers un espace multidimensionnel créé par une forme d'intelligence avancée.
Reste à savoir à quoi ou plutôt à qui correspond cette intelligence avancée... Et pour vous donner un nouvel indice, ce ne sont pas des extraterrestres aux intentions bellicistes ! Voilà pour les velléités ! A moins que le saut de Cooper dans le trou noir ne soit qu'une expérience de mort imminente (EMI). Mais cette thèse, très en vogue sur la Toile et les réseaux sociaux, nous apparaît assez extravagante. Pour le reste, le film de Christopher Nolan n'est pas exempt de tout reproche.
Par exemple, on pourra pester et clabauder contre cet exil forcé sur une planète aride et désertique sur laquelle se trouve l'infortuné Matt Damon. Certes, les questionnements écologiques auraient peut-être mérité un meilleur développement. Même remarque concernant certaines introspections métaphysiques. Interstellar brasse de nombreuses thématiques cosmologiques, un peu trop peut-être. Pourtant, en dépit de quelques tares, Interstellar fait montre d'une certaine érudition en la matière, transportant le spectateur au firmament des récentes découvertes.
On tient donc là un très grand film de science-fiction et le digne épigone de 2001, l'Odyssée de l'Espace, dont il affine la pensée et les interrogations.
Note : 20/20
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