cannibal holocaust

 

Genre : horreur, gore, trash (interdit aux - 18 ans)
Année : 1980
Durée : 1h38

Synopsis : Une équipe de journalistes composée de trois hommes et une femme se rend dans la jungle amazonienne à la recherche de vrais cannibales. Bientôt, la troupe ne donne plus aucun signe de vie. Le gouvernement américain décide alors d'envoyer une équipe de secours sur place. Celle-ci retrouve, grâce à une tribu amazonienne, les cassettes vidéo de la première équipe, qui renferme le terrible secret de leur disparition.  

La critique :

Contrairement à une rumeur persistante, Cannibal Holocaust, réalisé par Ruggero Deodato en 1980, n'est pas le premier film de cannibales. En réalité, c'est Le Dernier Monde Cannibale, déjà réalisé par les soins de Ruggero Deodato en 1977, qui signe le tout premier film de genre. En l'occurrence, Cannibal Holocaust fait partie de ces films scandales, vitupérés et vilipendés par la presse et les critiques cinéma.
Mieux encore, Cannibal Holocaust est souvent répertorié parmi les films les plus violents et les plus controversés de toute l'histoire du cinéma. Interdit et censuré dans de nombreux pays, notamment en Allemagne, en Norvège, en Finlande, en Australie et en Irlande, Cannibal Holocaust cherche clairement à choquer son public et son audimat.

Encore aujourd'hui, Cannibal Holocaust reste un film extrême, nihiliste, souvent outrancier qui joue sur plusieurs registres : le snuff movie, le trash, la torture, le "Mondo" et la pornographie. A l'origine, Cannibal Holocaust s'inspire d'un autre film scandale : Mondo Cane, réalisé par Gualtiero Jacopetti et Franco Prosperi en 1962. Au moment de sa sortie, Mondo Cane est présenté au festival de Cannes où il déclenche de nombreuses polémiques. Pseudo documentaire sur les pratiques culturelles à travers le monde, Mondo Cane annonce les prémices du snuff movie.
Tout est faux, mais le film fonctionne déjà sur un phénomène actuel et consumériste : le zapping. En ce sens, Mondo Cane reflète les premiers balbutiements de notre société capitaliste, individualiste et égotiste.

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Par la suite, Mondo Cane va inspirer de nombreux succédanés, dont Faces of Death et Cannibal Holocaust font partie. Au moment de sa sortie, Cannibal Holocaust est interdit dans plus d'une soixantaine de pays. Son côté snuff movie va largement façonner sa légende et les diverses rumeurs sur le tournage du film. Ainsi, Ruggero Deodato est amené à s'expliquer devant les tribunaux.
En effet, le réalisateur est carrément accusé de meurtres. Les acteurs du film (tous méconnus par ailleurs) seraient décédés pendant le tournage. Ensuite, Deodato aurait réellement engagé de vrais cannibales. Les amputations, les scènes d'éviscérations et de viol seraient elles aussi bien réelles. Alors, intox ou vérité ?

Lors de son procès, Ruggero Deodato doit se justifier auprès de ses contempteurs. Tout est faux ou presque... Les acteurs sont bien vivants. Quant aux séquences trash, elles ne sont (évidemment) que des simulacres. Par contre, des animaux ont effectivement été assassinés durant le tournage. Certes, beaucoup d'entre vous s'interrogeront sur les ambitions et/ou la nécessité d'un tel film.
Pourtant, à travers Cannibal Holocaust, Deodato livre une véritable diatribe contre notre société dite civilisée, mais pas seulement... En effet, avec Cannibal Holocaust, Deodato propose une charge féroce contre l'exploitation médiatique. Attention, SPOILERS ! Quatre jeunes reporters, en quête de scoop, disparaissent mystérieusement dans une région reculée d’Amérique du Sud, après être entrés en contact avec une peuplade cannibale.

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Un professeur organise une expédition pour partir à leur recherche. La petite équipe rencontre à son tour la tribu cannibale et réussit à retrouver intactes les images tournées par les reporters : elles livreront la vérité sur l’horrible fin des disparus. A l'instar de Faces of Death, Cannibal Holocaust renouvelle le "Mondo" et le snuff movie. Certains fans du film le considèrent comme le sommet ou le chef d'oeuvre du gore et de l'irrévérence. Conçu comme un véritable canular, Cannibal Holocaust va inspirer de nombreux films du même genre avec des anthropophages assoiffés de chair humaine, mais pas seulement.
Il va influencer un autre film d'épouvante : Le Projet Blair Witch, qui jouera lui aussi sur le documentaire "vérité".

En outre, Cannibal Holocaust n'a pas usurpé sa réputation de film trash et extrême. Eviscérations, viols, émasculations, femme empalée, village carbonisé et tortue dévorée et dépecée font partie des tristes réjouissances. Cannibal Holocaust se divise en deux parties très distinctes. La première, de facture classique, suit l'expédition et les investigations organisées par Monroe, un professeur d'anthropologie. La seconde partie, beaucoup plus intéressante, vient apporter toute la lumière sur la disparition des journalistes dans la jungle amazonienne...
Deodato choisit de renverser la question de départ. Les vrais anthropophages, ce ne sont pas les cannibales, donc ce peuple considéré comme sauvage et primitif. Au contraire, c'est notre société civilisée qui est cannibale, colonisatrice, destructrice et vouée à l'annihilation.

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Derrière cette diatribe, on peut y voir aussi une critique féroce contre notre société consumériste. L'homme soi-disant moderne est resté un être primitif qui fonctionne toujours et encore avec ses pensées archaïques et son cerveau reptilien. Ce n'est pas un hasard si nos journalistes se rendent en Amazonie avec pour but d'imposer leurs valeurs à une tribu de sauvages.
Lorsque l'homme blanc ou l'homme moderne agresse les terres les plus anciennes... Ici, l'être humain est ramené à sa dimension la plus primaire et la plus brutale. Ainsi, dans cette seconde partie, Deodato amène le spectateur à adopter le point de vue des cannibales. Subversif, nihiliste, outrancier, misanthrope et d'une noirceur totale, Cannibal Holocaust divisera (sans aucun doute) l'opinion.
Dans sa version intégrale, le film reste (encore aujourd'hui) interdit aux moins de 18 ans.

Note: ?

sparklehorse2 Alice In Oliver