Genre : pornographique, trash, extrême (interdit aux - 18 ans)
Année : 1976
Durée : 1h16
Synopsis : Basé sur l'histoire vraie de Michael H. Kenyon, le film retrace les exactions d'un pervers sexuel souffrant de délires mystiques et de troubles de la personnalité. Persuadé que les femmes représentent le mal absolu et sont la cause de tous les péchés, le malade entreprend une croisade de "purification" à l'aide de viols brutaux qu'il fera suivre par des lavements anaux outrageants.
La critique :
Ah, les roughies, j'étais sûr que vous manquait ! Les roughies, mais "kesaco" ? Il est vrai que vis-à-vis de nos nouveaux amis blogueurs qui n'étaient pas présents sur Naveton Cinéma (http://navetoncinema.canalblog.com/), je me dois d'une petite explication. Les roughies (de l'anglais "rough" : dur) étaient des films pornographiques américains tournés essentiellement entre 1973 et 1985, et ils sont unanimement reconnus comme les films X les plus extrêmes jamais produits.
En mêlant des scènes de sexe décadentes à une violence non simulée, les réalisateurs de roughies ne connaissent aucun interdit, ne reculent devant aucun tabou, ne s'imposent aucune limite. Parmi les spécimens les plus célèbres et les plus gratinés, citons Forced Entry, l'ultra violent pionnier du genre, House of Sin, riche en performances hardcore, ou The Taming of Rebecca, la "star" de la catégorie. A cette liste, il convient d'ajouter Water Power qui nous intéresse aujourd'hui et qui, lui aussi, fait partie de ce gotha.
Pour vous donner une idée du paroxysme de dépravation qu'atteignaient certains de ces films, je dirais qu'en comparaison, le très sulfureux Baise Moi ressemble un peu à Mary Poppins. Succédant immédiatement au triomphe planétaire de la vague "porno chic", le porno crade envahit les cinémas underground américains, puis se démocratise peu à peu par des cassettes vidéo plus ou moins interdites. En 1973, alors que le monde entier s'était rué dans les salles pour aller voir Gorge Profonde, Shaun Costello, lui, se préparait à frapper très fort avec Forced Entry, un monument de brutalité sexuelle.
Ainsi, le porno chic vivait ses dernières heures alors que celles du porno "sale" commençaient à peine. En 1976, les roughies avaient déjà conquis des millions de spectateurs aux Etats-Unis. C'est en cette même année 1976 que Costello se lance dans la réalisation de son deuxième roughie (et 48e film !), Water Power. Pour l'occasion, mister Costello prend le pseudonyme de Gerard Damiano (honteusement emprunté au réalisateur de Gorge Profonde) et, fidèle à lui-même, ne s'embarrasse guère de sentiments pour balancer son oeuvre méga trash de derrière les fagots.
Malgré un titre très écologique, ne vous attendez surtout pas à un film qui fleure bon les tournesols en fleurs et les petits oiseaux qui chantent. Non, en vérité, vraiment pas... Attention, SPOILERS ! Burt, un homme misanthrope et névrosé, vit seul dans son appartement miteux de Brooklyn. Il passe ses journées à arpenter le bitume ou à épier, à la longue vue, sa voisine qui habite l'immeuble d'en face, dont il est secrètement amoureux et qu'il considère comme la seule femme au monde totalement pure.
Car pour ce misogyne invétéré, les autres ne sont que des "ordures", des objets de péché ambulants destinés à propager le stupre et la luxure. Un soir, dans un club pour adultes, il assiste à un spectacle mettant en scène un client qui se livre à un lavement anal sur une fille. Subjugué par cette technique, Burt achète aussitôt le matériel nécessaire à l'opération. Après avoir été désappointé par le comportement de sa voisine qu'il continue d'observer et qu'il prend en flagrant délit d'ébats amoureux, il décide de passer à l'acte et de purifier l'intrépide pécheresse.
Sombrant de plus en plus dans une folie mystique, il agresse deux lesbiennes qui faisaient l'amour. Il les attache à une barre de douche avant de les contraindre à des actes dégradants, puis leur inflige des lavements profonds et brutaux. Devenu l'ennemi public numéro un, le "serial rapist" comme le surnomme la presse, est l'objet d'une traque sans merci de la part de la police. L'inspecteur chargé de l'affaire demande alors à sa propre petite amie de servir d'appât.
Comme prévu, Burt tombe dans le piège mais il a le temps de séquestrer la jeune femme et de la soumettre aux pires outrages avant l'arrivée des policiers, puis disparaît dans la nuit. Shaun Costello n'a pas pour habitude de faire dans la demi-mesure. Ses films doivent être scandaleux, orduriers, écoeurants jusqu'à la nausée. Dans Water Power, il s'acquitte sans problème de ce cahier des charges. En plus des actes sexuels classiques inhérents au genre pornographique, les pauvres actrices remplies comme des outres, sont obligées d'expulser leur trop plein d'eau tiède et le plus souvent face à la caméra, qui filme complaisamment les situations en gros plans.
Les filles sont donc contraintes de pisser et de déféquer sans aucun trucage, tandis que Jamie Gillis, excelle de perversité dans le rôle de Burt, prenant un malin plaisir à éjaculer sur leur croupe en même temps que les malheureuses se soulagent. Gillis qui, à l'instar de Harry Reems, fut un superstar du porno américain des seventies. Ici, il est totalement habité par son personnage et campe à la perfection ce rôle de détraqué qui sombre dans un mysticisme démentiel. Dans un rôle secondaire, on signalera la présence de la toute jeune Sharon Mitchell, qui connaîtra son heure de "gloire" six ans plus tard, dans The Taming of Rebecca. L'histoire, aussi abracadabrante soit-elle, est parfaitement véridique, puisqu'elle relate la série d'agressions qui se sont déroulées entre 1966 et 1975.
Durant cette période, le dénommé Michaël H. Kenyon viola et purifia (selon ses termes) des dizaines de jeunes femmes de l'Etat de l'Illinois. Ses méfaits lui ont valu une certaine notoriété et le surnom de "The Illinois Enema Bandit".
Ils ont même inspiré une chanson à Franck Zappa ! Occasion inespérée pour Costello de retranscrire ce fait divers sur pellicule. Le réalisateur choisit de transposer le récit de ces événements à New York dont les rues inquiétantes, grouillant d'individus à la dérive, convenaient à merveille pour mettre en scène une telle histoire. Car Water Power est aussi un film d'atmosphère. Une atmosphère suintante qui imprègne presque physiquement le spectateur de sa moiteur putride.
Près de quarante ans après sa sortie, force est de constater que Water Power annonçait déjà les nombreux excès de la pornographie actuelle. A présent, urophilie et scatologie constituent des "niches" bien précises dans lesquelles le X s'est engouffré pour repousser toujours plus loin les débordements quasi orgiaques auxquels on peut assister aujourd'hui sur Internet. Le réalisateur a peut-être accouché, sans en avoir conscience, d'une oeuvre sociologique !
Moins violent que Forced Entry, moins hardcore que The Taming of Rebecca, cet attentat à la pudeur signé Shaun Costello n'en demeure pas moins un poids lourd du porno trash qui reste fortement déconseillé aux âmes sensibles (et aux intestins délicats). Par ses déviances extrêmes et ses pratiques dégradantes, totalement inédites à l'écran pour l'époque, Water Power mérite, à juste titre, une place de choix au Panthéon des pires insanités cinématographiques jamais réalisées.
Note : ?
Dans le domaine du roughie, j'ai vu quelque part que "Unwilling Lovers" posséderait de véritables séquences de nécrophilie.