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Genre : comédie dramatique, érotique (interdit aux - 16 ans)
Année : 1973
Durée : 1h52

Synopsis : Un peintre anti-bourgeois d'Amsterdam vit un amour passionné avec une jeune fille

La critique :

Célèbre pour ses films provocateurs aux Etats-Unis (Robocop, Basic Instinct et Showgirls), le réalisateur hollandais Paul Verhoeven débute sa carrière dès 1960 avec toute une série de courts-métrages (Un lézard de trop, Rien de particulier, La Fête, Le lutteur) qui n'obtiennent qu'un succès d'estime. A la fin des années 1960, Paul Verhoeven est enfin remarqué.
Il est alors engagé pour réaliser la série télévisée Floris avec Rutger Hauer en 1969. Mais la reconnaissance sera tardive. En 1973, Paul Verhoeven signe son second long-métrage, Turkish Délices, qui provoque le scandale et les anathèmes dans une Europe en pleine libération sexuelle. Paul Verhoeven retrouve son acteur fétiche, Rutger Hauer. Viennent également s'ajouter Monique van de Ven, Tony Huurdeman, Wim van den Brink et Michael Rapaport.

Avec Turkish Délices, Paul Verhoeven obtient un certain succès en dehors de ses frontières. Le long-métrage est nommé à l'Oscar du meilleur film en langue étrangère en 1974, finalement remporté par La Nuit Américaine de François Truffaut. En l'occurrence, le scénario de Turkish Délices est plutôt laconique et se résume en deux petites lignes. Attention, SPOILERS !
Au début des années soixante-dix, un jeune artiste sculpteur s’éprend de la fille d’une famille de la petite bourgeoisie hollandaise. Après qu’un accident de la route a manqué d’interrompre prématurément leur idylle, les deux amants parviennent à faire accepter l’idée de leur mariage aux parents de la jeune fille. Au moment de la sortie du film, Paul Verhoeven est déjà âgé de 34 ans.

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Turkish Délices s'inscrit dans la continuité de son précédent film, Business is business (1971). Le titre de cette comédie dramatique fait référence aux loukoums, une confiserie d'origine ottomane grandement appréciée par Olga (Monique van de Ven), la fiancée d'Eric (Rutger Hauer). Le long-métrage est aussi l'adaptation d'un roman de Jan Wolkers, Loukoum (Turks Fruit, paru en 1969).
Avec cette seconde réalisation, Paul Verhoeven affiche déjà son goût pour l'insolence et l'irrévérence. Certes, à première vue, le scénario de Turkish Délices peut paraître assez simpliste. En réalité, Paul Verhoeven revisite à sa façon le film Love Story, mais avec beaucoup plus d'impudence, d'effronterie et de condescendance. A tel point que l'on pourrait parler d'un Love Story version trash.

Le film se concentre essentiellement sur deux personnages : Eric et Olga. Eric est un jeune peintre et sculpteur dans la ville d'Amsterdam. Artiste provocateur et accompli, le jeune homme voue une véritable passion pour la sexualité et multiplie les conquêtes féminines d'un soir. Pour lui, les femmes ne sont que de vulgaires gibiers sexuels. Mais un jour, Eric fait la connaissance d'Olga avec qui il lutine, s'acoquine et s'énamoure. Olga devient alors le personnage central du film.
Contre toute attente, la belle jeune femme parvient à catalyser les pulsions et les satyriasis d'Eric. Mieux encore, Olga respire aussi la joie de vivre et transporte Eric (ainsi que le spectateur) dans une série de situations et de saynètes parfois assez comiques.

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Parallèlement, Paul Verhoeven dénude régulièrement ses deux acteurs principaux à travers plusieurs séquences libidineuses. Point de pornographie dans Turkish Délices, mais plutôt un érotisme assez violent, voire parfois un brin sadomasochiste. Pourtant, le film ne sombre jamais dans la vulgarité. Le spectateur est amené à partager l'histoire d'amour entre Olga et Eric.
Toutefois, après une petite heure de bobine, Paul Verhoeven change à nouveau de direction. Mariés, Eric et Olga décident néanmoins de se séparer. Paradoxalement, les deux tourtereaux s'aiment encore. La lutte pour le pouvoir peut enfin s'engager. Olga convole avec un homme d'affaires cossu et provoque la colère et la jalousie d'Eric. Les années passent...

Puis Olga et Eric se retrouvent... Hélas pour une nouvelle tragédie au destin funeste. Turkish Délices, c'est aussi le témoignage d'une époque (encore une fois, la libération sexuelle). Mais c'est aussi, en partie, un film autobiographique. Clairement, Paul Verhoeven s'identifie et raconte sa propre histoire à travers le personnage d'Eric Vonk. Finalement, Paul Verhoeven réalise une comédie dramatique assez complexe qui sort des conventions habituelles.
Parfois comique, tantôt tragique, Turkish Délices cherche souvent à brouiller les pistes via plusieurs séquences fantasmatiques et hallucinatoires, où il est question à la fois de meurtres et de pulsions sexuelles. La mort est aussi une autre thématique essentielle du film. Malgré ses 42 ans au compteur, Turkish Délices n'a pas trop souffert du poids des années.
Avec cette comédie dramatique, à la fois grivoise et désabusée, Paul Verhoeven exprime aussi une souffrance sincère, une vraie mélancolie.

Note : 16.5/20

sparklehorse2 Alice In Oliver