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Genre : expérimental, pornographique, trash, extrême (interdit aux moins de 18 ans)
Année : 2014
Durée : 20 minutes

Synopsis : Un court-métrage ultra hardcore et totalement expérimental. Des scènes pornographiques d'une incroyable dépravation, mises en scène de façon épileptique par le créateur du porno New Edge, Marco Malattia. 

La critique :

Marco Malattia, le retour. Après avoir secoué le blog façon tremblement de terre, il y a quelques semaines, avec le titanesque Channel 309, le réalisateur italo-américain revient à nouveau frapper de plein fouet Cinéma Choc avec une oeuvre encore plus extrême. Impossible ? Attendez de voir... Voici donc The Motel Files and other random cuts, un court-métrage d'une violence sexuelle inouïe, réalisé en 2014 par le nouveau pape de la pornographie expérimentale.
Aucun doute là-dessus, avec Malattia, la pornographie bascule définitivement dans une ère nouvelle. Malattia, c'est avant tout un univers. Celui de l'ultra underground hallucinatoire où luxure et fantasmagorie ne font plus qu'un. Vous pouvez donc oublier les films X de papa, les samedis soirs sur Canal +. The Motel Files n'évolue pas, mais alors pas du tout, dans la même catégorie. Le réalisateur possède un style tellement singulier et unique qu'il est parvenu jusqu'à créer un nouveau genre, le New Edge Porn. Autant dire que la nouvelle référence du cinéma sexuel extrême, c'est lui.

Immédiatement reconnaissable, l'intention artistique du réalisateur n'a pas pour vocation première de choquer pour le plaisir de choquer. La démarche esthétique de Malattia s'inscrit avant tout dans la recherche paradoxale d'une harmonie corporelle alors que les corps eux-mêmes sont soumis à un terrifiant chaos de chairs brisées et châtiées. Le cinéaste a su inventer un monde bidimensionnel entre obscénité et ultra violence. Cela lui ouvre d'infinies possibilités dans la création et la mise en scène.
Mais le cinéma de Malattia est avant tout expérimental. A l'instar de Channel 309, The Motel Files inflige au spectateur un maelstrom d'images en furie, mixées, compressées en un tourbillon dyslexique qui donne le tournis. Cela n'enlève en rien à l'outrance des excès hardcore proposés à l'écran, au contraire. Les mouvements de caméra, les ruptures de rythme et les effets visuels démontrent un savoir-faire hors pair pour amener le cerveau du spectateur à un point de non-retour, en le plongeant dans une bacchanale orgiaque dont il ne ressortira pas indemne.

The Motel Files ne dure que vingt minutes et pourtant, on ressort de la projection totalement lessivé, la tête à l'envers, les sens déconnectés comme rongés à l'acide. L'avilissement et la souillure sont les deux lignes directrices de cette oeuvre d'une brutalité extrême. Cette brutalité dont fait preuve certains participants accroît encore un peu plus l'atmosphère snuff qui pèse sur le film tout entier. Attention, SPOILERS ! Durant vingt minutes, le réalisateur propose des images d'une violence sexuelle illimitée et terriblement dérangeante. Des individus cagoulés ou masqués participent à des jeux de domination et de sadomasochisme dans une ambiance de dépravation inimaginable.
Sur la caméra, une loupe a été installée, donnant au spectateur l'impression de voir les images comme au travers d'un hublot. Le montage est saccadé, quasiment épileptique et les plans passent sans cesse de la couleur au noir et blanc. La bande son, en adéquation avec la démence du film, est composée de bruits métalliques stridents ou de battements de coeur sourds et étouffés.

Véritable compresseur filmique, le métrage dépasse l'entendement dans l'indécence des actes pratiqués : pénétrations ultra violentes, introduction anale de crochets, crachats dans la bouche et dans le sexe, émétophilie anale, fist fucking anal avec le poing, scatophilie, éjaculations et vomissements sur l'objectif de la caméra que des performeuses s'empressent de lécher, etc. Basé sur l'humiliation et la douleur, le scénario (si on peut employer ce terme) du film est un florilège ininterrompu d'images chocs, transgressives et scandaleuses. La violence n'est pas simulée et même si les coups ne sont pas assénés avec une énorme puissance, les gifles et les fessées sont réelles et relativement sévères.
Sans connaître une seule seconde de répit, les situations décadentes s'enchaînent frénétiquement et elles sont présentées en très gros plans, à tel point qu'il arrive que la caméra entre en contact avec les parties génitales des acteurs, ou qu'elle soit maculée de leurs fluides corporels. Evidemment, c'est peu de dire qu'un tel court-métrage n'est pas destiné à tous les publics.

Les personnes sensibles sont donc priées de s'abstenir car en termes de perversité, Marco Malattia et sa collaboratrice, Helta Regard, ont la barre à un niveau invraisemblable. Au point que visionner The Motel Files s'avère être une expérience pénible et éprouvante, à mille lieux de la pornographie commerciale destinée au seul but masturbatoire. Ici, on ne fait pas semblant. Tout est absolument réel, montré et exposé dans les moindres détails. D'incroyables gros plans sur les organes et les déjections des acteurs ne manqueront pas de provoquer une inévitable répulsion chez les spectateurs, tant le film va loin dans l'obscénité et l'agression visuelle.
Il faut dire que Malattia fait preuve d'une imagination sans borne quand il s'agit de mettre en scène la perversion à l'état brut. Ainsi, cette séquence où un agresseur recueille à la petite cuillère son propre sperme dans le sexe de sa partenaire, puis la force à ingurgiter la semence ; on est ici dans la dépravation la plus totale.

D'autres exemples de débauche intégrale sont à relever comme les déjections à répétition ou le gavage de préservatifs usagés ("torture" chère au réalsateur puisqu'il l'avait déjà proposée dans Channel 309). Pourtant, comment expliquer que la répugnance de ces situations puisse provoquer une certaine fascination ? Tout le talent de Marco Malattia est montrer l'in-nommable tandis que l'on se retrouve comme hypnotisé par cette intensité paroxystique.
En cela, le réalisateur est comparable en bien des points à son homologue allemand, Marian Dora qui, dans un tout autre genre, parvient à révulser autant qu'à fasciner. Bien sûr, une telle oeuvre trouvera toujours des détracteurs pour la clouer au pilori de la décence et vu le niveau d'outrage affiché, il est bien normal de se sentir offusqué voire révolté par un tel spectacle. Et de se poser la question, une fois encore, sur l'utilité artistique de cet objet filmique infamant. Art transgressif ou provocations coïtales ?
Pour ma part, je pars du principe que tant que les choses se passent entre adultes consentants, le débat n'a pas lieu d'être. Chacun, acteur et spectateur, doit fixer en tout connaissance de cause les propres limites de ses fantasmes et de ses exagérations. Pas sûr que Marco Malattia connaisse les siennes. Jusqu'où iront donc ses folies sodomites, ses capharnaüms sensoriels, ses impuretés primitives ? Aussi loin que sa puissance créative le portera, sans doute. Il y a donc fort à parier que nous sommes loin d'avoir tout vu de la part d'un réalisateur qui s'annonce comme l'une, sinon la référence absolue d'un cinéma extrême pour la prochaine décennie.

Note : ???

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