american history x

Genre : drame (interdit aux - 12 ans)
Année : 1998
Durée : 1h59

Synopsis : A travers l'histoire d'une famille américaine, ce film tente d'expliquer l'origine du racisme et de l'extrémisme aux États-Unis. Il raconte l'histoire de Derek qui, voulant venger la mort de son père, abattu par un dealer noir, a épousé les thèses racistes d'un groupuscule de militants d'extrême droite et s'est mis au service de son leader, brutal théoricien prônant la suprématie de la race blanche. Ces théories le mèneront à commettre un double meurtre entrainant son jeune frère, Danny, dans la spirale de la haine.

La critique :

Avant le tournage d'American History X, sorti en 1998, le réalisateur, Tony Kaye, s'est surtout distingué dans les clips et l'univers de la publicité. En l'état, American History X est son tout premier long-métrage. Mais le cinéaste britannique a de grandes ambitions et souhaite réaliser un film controversé et polémique sur le sujet de la xénophobie, du racisme et de l'antisémitisme. Un sujet aussi douloureux que spinescent. Passionné par les questions sociales et même sociologiques de notre temps, Tony Kaye ne souhaite cependant pas prendre position.
American History X doit décrire la réalité de la plèbe et plus précisément de cette middle class américaine qui s'est fourvoyée dans ce nationalisme ambiant, à la fois régenté par le Ku Klux Klan (KKK) et les théories "nazillardes", plus prégnantes que jamais.

En l'occurrence, Tony Kaye répudiera et tancera son propre film au moment de sa sortie. En effet, le cinéaste furibond s'en prend violemment au directeur du studio New Line, Michael Luca. Ce dernier, mécontent de la version réalisée par Tony Kaye, modifie le montage final. Courroucé, Tony Kaye menace de quitter le plateau à plusieurs reprises. Pis, le cinéaste souhaite que son nom soit retiré du générique.
Qu'à cela ne tienne. American History X est plutôt bien accueilli par les spectateurs dans les salles. Même la presse ne cache pas son extatisme et délivre des critiques plutôt panégyriques. En outre, le long-métrage déclenchera la polémique escomptée. Précédé d'une réputation sulfureuse, le film est évidemment attendu au tournant. Reste à savoir si le métrage mérite une telle controverse. Réponse dans les lignes à venir.

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La distribution du film réunit Edward Norton, Edward Furlong, Beverly D'Angelo, Avery Brooks, Jennifer Lien, Ethan Suplee, Stacy Keach, Fairuza Balk et Elliot Gould. Attention, SPOILERS ! A travers l'histoire d'une famille américaine, ce film tente d'expliquer l'origine du racisme et de l'extrémisme aux États-Unis. Il raconte l'histoire de Derek qui, voulant venger la mort de son père, abattu par un dealer noir, a épousé les thèses racistes d'un groupuscule de militants d'extrême droite et s'est mis au service de son leader, brutal théoricien prônant la suprématie de la race blanche. 
Ces théories le mèneront à commettre un double meurtre entrainant son jeune frère, Danny, dans la spirale de la haine. Certes, le scénario d'American History X s'annonce à la fois exhaustif et passionnant puisqu'il retrace le parcours et la trajectoire de deux frères, Derek (Edward Norton) et Danny (Edward Furlong), tous deux englués dans des théories funestes et xénophobes.

Preuve en est avec Derek qui arbore fièrement une Croix Gammée sur son torse musculeux. Un simulacre pour mieux farder un discours familial déjà sous l'égide de l'intolérance et glosé par un patriarche hélas victime de quelques immigrés un peu trop bistrés. Un traumatisme familial et originel qui va se transmuter en vindicte racial pour le frère aîné, justement manipulé par Cameron Alexander (Stacy Keach), un théoricien turpide et véreux. Tony Kaye opacifie son propos via plusieurs flashbacks, le tout réalisé et asséné en noir et blanc. Hélas, Tony Kaye n'est pas Costa-Gavras et s'enlise dans le drame social redondant et moralisateur. Ainsi, American History X se divise en plusieurs parties bien distinctes.
La première s'attarde sur le parcours criminel de Derek Vinyard. 

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Irascible, le jeune homme commet l'irréparable et assassine deux afro-américains. Arrêté par la police puis écroué par le juge, Derek n'écope que de trois ans d'emprisonnement. Un oxymore. Mais peu importe, Tony Kaye n'élude aucun subterfuge. Si son petit frère avait témoigné, il aurait pris perpétuité... Second partie du film. En prison, Derek vit un séjour difficile. Répudié par les siens, des skinheads licencieux et violeurs à leurs heures perdues, le jeune homme s'accointe et s'acoquine avec un prisonnier "black".
Aidé par son ancien proviseur de lycée, Derek se découvre une véritable passion pour la littérature et les ouvrages griffonnés par Martin Luther King "himself". On croit rêver... Mais peu importe. Le message est stérile et aseptisé : Derek est sur la voie de la rédemption. 

Or, pendant ce temps, son frère, Danny, suit la même trajectoire incoercible. Lui aussi sous le joug de Cameron Alexander, le jeune éphèbe indocile se fourvoie dans le racisme et participe à plusieurs concerts de metal auréolés par les drapeaux nazis. Troisième et dernière partie du film, cette fois-ci en couleurs... Derek est de retour parmi sa famille. Mais ce dernier a changé et inquiète son entourage "nazillard". Sa fiancée et ses amis de jadis ne le reconnaissent plus. 
Mieux, Derek est carrément investi d'une mission avec la complicité de son ancien proviseur et de la police. Il doit sauver Danny de ce carcan xénophobe et antisémite. Evidemment, la fin se terminera dans les pleurnicheries, la mort et les cris d'orfraie. En l'état, difficile d'en dire davantage. Certes, Derek a réussi sa rédemption mais paie cher ses erreurs du passé, telle une spirale inextricable. 
C'est cette même boucle incoercible qui semble dicter le scénario d'American History X.
Pourtant, au détour de cette fameuse spirale de haine infernale, le discours péroré par Tony Kaye est pour le moins nébuleux et amphigourique. Confiné dans ses atermoiements, le long-métrage brille avant tout par sa vacuité et son inanité. Englué dans ses contrastes (l'utilisation du noir et blanc à satiété), Tony Kaye finit par perdre le fil de son sujet et par réaliser un objet curieusement obsolète, entre candeur, emphase et démagogie pompeuse. Seules les excellentes performances d'Edward Norton et Edward Furlong sauvent le film de la catastrophe et du navet intégral. 
A coup sûr, les bien-pensants apprécieront.

 

Note : 07/20

sparklehorse2 Alice In Oliver