August_Underground_s_Mordum

Genre : horreur, gore, trash (interdit aux - 18 ans)
Année : 2003
Durée : 1h17

Synopsis : Deux hommes s'amusent à asséner à leurs victimes des tortures ignobles. 

La critique :

Avec August Underground premier du nom, le réalisateur indépendant américain Fred Vogel a asséné un véritable uppercut au cinéma trash et extrême. Sous ses relents de snuff movie, August Underground marque durablement les esprits grâce (ou à cause... vous choisirez...) à son réalisme brut de décoffrage. Pourtant, le concept du long-métrage est plutôt lapidaire.
Muni d'une caméra amateur, Fred Vogel suit les abominations criminelles et psychopathiques de deux tueurs en série à leurs heures perdues. Sauf que nos deux bourreaux ne partagent aucune similitude avec Hannibal Lecter et autres sociopathes décérébrés. Nos deux compères criminels ressemblent (plus ou moins) à "Monsieur et Madame Tout le Monde", à la seule différence qu'ils étripent et collectionnent les cadavres dans leur cave.

Sur la forme, August Underground fonctionne bel et bien comme un snuff movie, le genre de film que l'on pourrait trouver au fin fond d'un vide-grenier ou quelque part dans la benne à ordures. Conscient de l'immense potentiel de son concept, Fred Vogel réitère les animosités avec August Underground's Mordum, donc le deuxième volet de la trilogie.
Que les fans du premier chapitre se rassurent. Ils seront ici en terrain connu et quasiment conquis. Evidemment, August Underground's Mordum reprend la formule (gagnante ?) de son auguste prédécesseur. A la seule différence que notre bande de psychopathes azimutés s'est légèrement agrandie, passant de deux à trois tortionnaires (donc deux hommes et une femme).

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Certes, le scénario n'est pas spécialement le point fort du film. Toutefois, n'oublions pas que le long-métrage est conçu (encore une fois...) comme un snuff movie, donc comme une vidéo amateur filmant les exactions et les lubricités de trois désaxés. Contrairement au premier volet, qui s'ingéniait à opérer une certaine distance entre le spectateur et les meurtres perpétrés, August Underground's Mordum ne nous épargne aucun détail morbide. Ici, les trois scélérats se confinent dans la sauvagerie et la brutalité.
Dès l'introduction, Fred Vogel a le mérite de présenter les inimitiés. Une caméra amateur nous convie à l'intérieur d'une cave exigüe. Dans cet endroit claustré et sordide, deux femmes subissent les supplices et les impudicités de trois tueurs sadiques.

Fidèle à son style abrupt, Fred Vogel ne nous épargne rien. Clairement, ce second volet est davantage porté sur les paraphilies. Urophilie et nécrophilie font donc partie des tristes réjouissances. Fred Vogel opte pour alors une réalisation quasi schizophrénique en combinant le hors-champ et le contre-champ. Dans un premier temps, sa caméra tremblotante et ensanglantée se focalise sur les sévices pratiqués sur les deux victimes. Puis quelques secondes plus tard, la caméra se concentre sur les activités onaniques d'un homme. Hilare, ce dernier excise lui-même une partie de son pénis ithyphallique. 
Avec August Underground's Mordum, Fred Vogel franchit une étape supplémentaire vers la décadence et le précipice. A priori, ce deuxième opus ne contient aucun message à caractère social ou sociétal. Et pourtant...

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A travers les pérégrinations meurtrières de trois débauchés, le cinéaste décrit bel et bien une certaine décrépitude. A l'instar du premier volet, le réalisateur se centre à nouveau sur le quotidien morbide de nos trois détraqués. Après avoir largement abusé de leurs victimes (je passe volontairement sur les nombreuses séquences urophiles et nécrophiles répétées à satiété), nos trois meurtriers partent à un concert de metal. Une façon comme une autre de refouler leurs pulsions archaïques et reptiliennes.
Ou lorsque les victimes se transmutent en simples objets de consommation courante. Après usage, on massacre, on torture, on dilapide et on entasse les dépouilles méphitiques quelque part dans le jardin ou dans une poubelle quelconque. A travers le parcours sociopathique de ces trois aliénés, Fred Vogel décrit également un long processus de déshumanisation.

Encore une fois, nos trois psychopathes ne sont pas recherchés par la police. Leurs meurtres ne semblent pas reliés ni véhiculés par la sphère médiatique. Ils sont donc des assassins anonymes qui sévissent et circulent librement dans une société anomique et moribonde. Telle est l'idéologie prégnante et famélique d'August Underground's Mordum, soit cette quête effrénée du désir et de la satisfaction sexuelle. A travers la mort, le meurtre et les tortures infligées, nos trois hurluberlus n'assouvissent jamais leurs pulsions frénétiques et irréfragables.
Fred Vogel opacifie son propos via de nombreuses séquences pornographiques déviantes. Ou lorsque la pulsion de mort (Thanatos) se retrouve imbriquée dans la pulsion sexuelle (Eros) et obsessionnelle. Bref, un (faux) snuff encore plus brutal que son prédécesseur et qui suscitera (évidemment) la polémique.

Note : ?

sparklehorse2 Alice In Oliver