abyss

Genre : fantastique, science-fiction
Année : 1989
Durée : 2h45

Synopsis : Un commando de la Marine américaine débarque à bord de la station de forage sous-marine DeepCore, afin de porter secours à un sous-marin échoué dans les profondeurs. L'équipe de Bud Brigman accueille ces nouveaux arrivants, ainsi que Lindsey, future ex-femme de Bud. Alors que les travaux de récupération commencent autour du submersible naufragé, l'équipage de DeepCore doit faire face à des phénomènes inexpliqués. Et s'ils n'étaient pas seuls, dans les abysses ? 

La critique :

On oublie peut-être un peu trop souvent de le dire et de le souligner. Mais en l'espace de deux décennies, James Cameron s'est imposé comme le nouveau génie du Septième Art. Après des débuts compliqués et timorés (Piranha 2 : Les Tueurs Volants en 1981), James Cameron réalise Terminator en 1984, une série B qui va devenir populaire grâce à son androïde meurtrier et provenant d'un futur en déliquescence. Puis, James Cameron passe derrière la caméra d'Aliens, le retour en 1986 et a la lourde tâche de succéder à Ridley Scott, auteur de l'un des parangons du cinéma d'épouvante et de science-fiction.
Contre toute attente, James Cameron choisit de se détacher radicalement de l'oeuvre originale avec un long-métrage aux allures martiales et opposant une escouade de militaires à toute une armada d'extraterrestres féroces et sauvages.

Aliens, le retour confirme son statut de nouvel érudit de la caméra. Qu'à cela ne tienne, James Cameron a en tête un projet totalement différent. Son nom ? Abyss, sorti en 1989. Pour le réalisateur, ce film doit être le substrat de ses nouvelles ambitions. Le cinéaste ne lésine pas sur les moyens financiers. Le tournage se déroule "dans une centrale nucléaire en cours de construction noyée par plus de 26 000 m³ d'eau" (Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/James_Cameron).
Le long-métrage doit également ériger la fascination de James Cameron pour l'océanographie et la plongée sous-marine. De facto, Abyss prendra la forme d'un huis clos claustrophobique se déroulant au fond de l'océan. Les acteurs seront littéralement plongés (c'est le cas de le dire) dans des conditions de tournage épouvantables et anxiogènes.

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Narquois, James Cameron joue volontairement avec les nerfs de ses interprètes, provoquant ainsi les furibonderies de son casting. Si le film remporte l'Oscar des meilleurs effets visuels, il obtient, à l'inverse, un succès commercial assez mitigé. Toutefois, Abyss va s'imposer comme un film culte et même comme un classique du cinéma de science-fiction et fantastique au fil des années.
La distribution du long-métrage réunit Ed Harris, Mary Elizabeth Mastrantonio, Michael Biehn, Leo Burmester, Todd Graff, John Bedford Lloyd et J.C. Quinn. Attention, SPOILERS ! (1) 
L'USS Montana, un sous-marin nucléaire américain, a fait naufrage par 700 mètres de fond à proximité d'une fosse abyssale de près de 8 000 mètres de profondeur. Afin de porter secours aux éventuels survivants, la marine réquisitionne le Deepcore, une plate-forme sous-marine de forage pétrolier, pour y envoyer quatre membres du SEAL.

Mais à la suite du passage d'un cyclone qui provoque des avaries majeures, les Seals et l'équipe de forage se retrouvent isolés du reste du monde. D'étranges phénomènes se produisent alors. (1) Par certains aspects, Abyss s'inscrit dans la dialectique et la rhétorique des films de science-fiction sortis entre la fin des années 1970 et le début des années 1980, notamment Rencontres du Troisième Type (Steven Spielberg, 1977) et E.T. L'Extra-Terrestre (Steven Spielberg, 1982).
A l'instar de ses modèles, Abyss propose lui aussi des extraterrestres aux intentions pacifistes ou presque... Thématique sur laquelle nous reviendrons par la suite. En outre, James Cameron complexifie volontairement son récit. Si le cinéaste parle effectivement d'une autre forme de vie qui surgit du fond de l'océan, James Cameron semble néanmoins dubitatif.

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En l'occurrence, il serait peut-être plus judicieux d'évoquer une forme de vie extrêmophile qui semble s'être développée en catimini au fil des millénaires. Depuis des lustres, ces êtres protéiformes et technologiquement très avancés nous observent. Pourtant, James Cameron construit son récit comme un thriller d'espionnage avec ses relents de Guerre Froide.
Une nouvelle guerre nucléaire semble toujours d'actualité, comme l'atteste cette intrigue parallèle sur fond de belligérance entre la Russie et les Etats-Unis. Avec Abyss, James Cameron abandonne quelque peu cet univers viril au profit d'une pellicule beaucoup plus efféminée. Mary Elizabeth Mastrantonio supplante les hommes, qui plus est, dans un univers claustré et essentiellement masculin. Par certains aspects et surtout par sa condescendance, la jeune femme n'est pas sans rappeler le personnage d'Ellen Ripley.

James Cameron déploie une véritable armada scientifique et technologique sur grand écran. Au hasard, comment ne pas évoquer ce fluide respiratoire, à la fois ingurgité par un rat et par un Ed Harris agonisant sous son scaphandrier ? Surtout, James Cameron développe la technique du Morphing, qui consiste à donner de la vie et du mouvement à des entités liquides. Une idée que le réalisateur réitérera avec Terminator 2 : Le Jugement Dernier (1991).
Mais Abyss, ce sont aussi des personnages affûtés et prêts à guerroyer, comme l'atteste cette tension palpable et permanente entre l'équipage d'un sous-marin et le lieutenant Coffey (Michael Biehn). Toutefois, malgré ses indéniables qualités, la fin du film n'est pas exempte de tout reproche. Après un long périple le conduisant vers les tréfonds de l'océan, Bud Brigman (Ed Harris) semble condamné à exhaler son dernier soupir. Le long-métrage se confit alors dans le film moraliste avec cette longue homélie sur les ravages perpétrés par l'Humanité depuis plusieurs décennies.
Nos chers visiteurs vitupèrent notre façon de vivre et de nous entretuer... Clairement, James Cameron aurait pu se dispenser de cette emphase superflue et redondante. Mais ne soyons pas trop sévères. Malgré ses menus défauts, Abyss reste une oeuvre incontournable dans la filmographie de James Cameron, un long-métrage (deux heures et 45 minutes de bobine tout de même !) qui préfigure déjà les futurs travaux d'Avatar, une autre pellicule technologique.

 

Note : 16/20

sparklehorse2 Alice In Oliver

(1) Synopsis du film sur : http://www.cinemafantastique.net/Abyss.html