dernière maison sur la gauche 2009

 

Genre : horreur, gore, slasher (interdit aux - 16 ans)
Année : 2009
Durée : 1h40

 

Synopsis : Les Collingwood possèdent une maison isolée, sur les berges d'un paisible lac. Leur fille, Mari, et sa copine Paige ne vont pas tarder à se faire enlever par un psychopathe évadé, Krug, sa compagne Sadie, son frère Francis et son fils, Justin. Laissée pour morte, Mari tentera de rejoindre à la nage la demeure familiale, sa dernière chance de survie

 

La critique :

Le rape and revenge ou ce genre cinématographique qui va connaître son apogée à la lisière des années 1970 avec un long-métrage majeur et prééminent, La Dernière Maison sur la Gauche, réalisée par Wes Craven en 1972. A l'époque, le cinéaste américain qui signe par ailleurs son tout premier film, ignore encore qu'il vient de signer un choc viscéral et rédhibitoire, créant par là même un nouveau genre : la vindicte au féminin, qui plus est, dans une époque troublée et en pleine révolution sociologique, culturelle et sexuelle. De facto, La Dernière Maison sur la Gauche est souvent considérée comme le tout premier rape and revenge de l'histoire du cinéma. Une assertion pourtant erronée, puisque le métrage est le remake officieux de La Source (Ingmar Bergman, 1960).
Matois, Wes Craven s'approprie et réinvente les tropismes mystiques et philosophiques d'Ingmar Bergman via une pellicule beaucoup plus virulente et condescendante.

De surcroît, La Dernière Maison sur la Gauche influence et engendre de nombreux succédanés, notamment Oeil pour Oeil (Meir Zarchi, 1978), Crime à Froid (Bo Arne Vibenius, 1974), La Maison au fond du Parc (Ruggero Deodato, 1980), Les Chiens de Paille (Sam Peckinpah, 1971), L'Ange de la Vengeance (Abel Ferrara, 1981), ou encore Baise-Moi (Virginie Despentes, 2000). A l'orée des années 2000, le cinéma horrifique hollywoodien décide d'exhumer les bons vieux classiques du genre épouvante. Ainsi, des films tels que Massacre à la Tronçonneuse (Tobe Hooper, 1974), La Colline A Des Yeux (Wes Craven, 1977), La Malédiction (Richard Donner, 1976), ou encore Les Griffes de la Nuit (Wes Craven, 1984) sont prestement ressuscités par des remakes quasi éponymes.
Evidemment, La Dernière Maison sur la Gauche n'échappe à cette didactique via une nouvelle version, elle aussi homonyme, et réalisée par les soins de Dennis Iliadis en 2009.

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Que ce soit dans les années 1960, dans les années 1970 ou dans les années 2000, la genèse originelle de La Source semble intemporelle et traverser la nuit des temps. Pour mémoire, rappelons que la version de Wes Craven s'était principalement illustrée pour sa violence et son outrecuidance, suscitant de ce fait les invectives et les quolibets. A l'instar d'Alexandre Aja avec le remake de La Colline A Des Yeux, Dennis Iliadis sera-t-il apte à réitérer le même choc frontal et viscéral ?
Réponse à venir dans cette chronique... La distribution de La Dernière Maison sur la Gauche version 2009 se compose de Garret Dillahunt, Riki Lindhome, Aaron Paul, Sara Paxton, Monica Potter, Tony Goldwyn, Martha MacIsaac et Spencer Treat Clark. Attention, SPOILERS ! (1) John et Emma Collingwood sont deux jeunes parents qui possèdent une résidence secondaire à côté d'un lac.

Leur fille Marie et sa copine Paige se font enlever par une bande. Paige va être tuée et Marie violée. Celle-ci arrive à s'échapper en plongeant dans le lac mais est blessée par un tir de pistolet. La laissant pour morte, la bande cherche alors à s'abriter d'un orage et finit par trouver refuge dans la maison des Collingwood. Marie arrive malgré tout chez elle quelque temps plus tard et lorsque ses parents se rendront compte de la véritable nature des gens qu'ils abritent dudit orage, ils mettront tout en œuvre à la fois pour la protéger... et la venger (1). Alors que pouvons-nous dire de ce remake sous la férule de Dennis Iliadis ? Premier constat, le cinéaste débarque presque de nulle part... ou presque.
Avant La Dernière Maison sur la Gauche, le metteur en scène s'est distingué avec un seul et unique long-métrage, sobrement intitulé Hardcore (2004). 

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Malicieux, Dennis Iliadis fait appel à l'érudition et à la dextérité de Wes Craven pour diligenter la production de ce remake. C'est une façon comme une autre de respecter l'essence de la version originelle et surtout de ne pas dévoyer les thématiques primordiales du film magistral d'Ingmar Bergman. Ou lorsque Dennis Iliadis revisite Wes Craven à "La Source". Tel semble être le bon vieil adage de La Dernière Maison sur la Gauche (2009). Ainsi, Dennis Iliadis et ses scénaristes (Adam Alleca, Carl Ellsworth et Mark Haslett) reprennent le schéma narratif de naguère, à savoir deux jeunes femmes, Paige et Marie, qui s'accointent et s'acoquinent avec un dealer de substances illicites (un certain Justin).
Hélas, la famille de ce dernier n'est qu'une bande de sociopathes en cavale. Séquestrées, Paige et Marie sont alors emmenées dans une forêt pour subir les impudicités d'une bande de forcenés.

Suite à une course poursuite effrénée, Paige est poignardée et exhale son dernier soupir dans une nature étrangement impavide. Paige est violée par le patriarche de la famille puis assassinée alors qu'elle tente de s'escarper en nageant dans un lac. Justin et ses acolytes trouvent alors refuge dans une maison située à la lisière de la forêt. Accueillis par un couple de quinquagénaires, ils ignorent que ces derniers ne sont autres que les propres parents de Marie. Or, suite à toute une série d'imbroglios, les parents ulcérés découvrent le terrible subterfuge. La vengeance peut enfin commencer !
De quelle façon le remake de Dennis Iliadis se singularise de la version de Wes Craven ? En outre, le film du maître de l'épouvante devait composer avec un budget anémique, confinant parfois à l'amateurisme, que ce soit dans son casting ou dans sa mise en scène. 

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Pourtant, sur la forme, le film de Craven se distinguait par sa violence rédhibitoire et irrévocable. Face à des criminels notoires, un couple de bourgeois est obligé d'adopter les mêmes comportements psychopathiques appliquant, de facto, une justice impartiale et vindicative. Toutefois, plusieurs décennies se sont écoulées depuis le long-métrage de Wes Craven. La version de Dennis Iliadis n'a donc pas de velléités politiques, idéologiques ni revendicatives.
Le cinéaste fait pourtant preuve d'ingéniosité en insistant davantage sur ses divers protagonistes. D'un film sommaire et rudimentaire (celui de 1972), La Dernière Maison sur la Gauche (2009) se transmute en une pellicule complexe sondant et décryptant les rapports humains. Parmi notre petite bande de psychopathes, un seul personnage, Justin, montre une once de bienveillance et d'humanisme, venant contrarier la misanthropie de son paternel.

Une telle impudence lui coûtera cher. De surcroît, Dennis Iliadis rectifie certaines bourdes et digressions du film originel pour métamorphoser sa pellicule en un slasher pulsionnel. 
Plus qu'un simple film d'horreur, La Dernière Maison sur la Gauche se pare d'une allégorie sur nos pulsions archaïques et reptiliennes, celles édictées par les sentiments de vengeance et de haine. L'élément naturel de l'eau constitue donc un autre personnage essentiel du film. L'eau symbolise cette pureté souillée par le vice et l'obscénité. Mais qui est le plus pervers dans cette suite d'animosités ?
Ceux qui arborent crânement leur comportement libidineux ? Ou ce couple de bourgeois, à priori courtois, qui crient haro sur cette bande de renégats ? Vous l'avez donc compris. 
Le remake de Dennis Iliadis remplit parfaitement son office et réactualise, à sa manière, le propos presque primitif du film d'Ingmar Bergman. En ce sens, La Dernière Maison sur la Gauche version 2009 est, sans aucun doute, le meilleur remake horrifique des années 2000, en tout cas le plus éloquent ; le film d'Iliadis supplantant allègrement le métrage de Wes Craven. Seul petit bémol. Dennis Iliadis n'est pas non plus un grand orfèvre derrière la caméra et propose un montage d'une frugalité étonnante.
Certains argueront que c'est cette même concision qui confère à ce remake son cynisme et son propos brut de décoffrage.

Note : 15/20

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(1) Synopsis : https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Derni%C3%A8re_Maison_sur_la_gauche_(film,_2009)