Genre : fantastique
Année : 1984
Durée : 1h45
Synopsis : Rand Peltzer offre à son fils Billy un étrange animal : un mogwai. Son ancien propriétaire l'a bien mis en garde : il ne faut pas l'exposer à la lumière, lui éviter tout contact avec l'eau, et surtout, surtout ne jamais le nourrir après minuit... Sinon...
La critique :
Depuis son plus jeune âge, Joe Dante s'est toujours passionné pour le noble Septième Art. Le futur réalisateur voue une véritable fascination pour Blanche-Neige et les Sept Nains (David Hand, 1937) et Le Météore de la Nuit (Jack Arnold, 1953) dès l'âge de six ans. Puis, suite à une longue maladie, Joe Dante est condamné à rester chez lui. Il découvre alors l'univers de la bande dessinée et des films d'horreur. Formé par Roger Corman dans les années 1970, le cinéaste signe Piranhas en 1978, une série B au budget famélique et dans la continuité de Les Dents de la Mer (Steven Spielberg, 1975).
Dans la foulée, Joe Dante réalise Hurlements en 1981. Ce film de loup-garou se solde par un succès commercial. Le cinéaste est alors repéré par Steven Spielberg qui lui propose alors le script de Gremlins (1984).
Derechef, le long-métrage devient la nouvelle égérie du cinéma fantastique et s'inscrit durablement dans la culture populaire aux Etats-Unis. Joe Dante est enfin convoité par les producteurs pernicieux et mercantiles. Hélas ou heureusement (vous choisirez...), le réalisateur refuse de céder à l'appât du gain. Il tourne alors Explorers (1985), L'Aventure Intérieure (1987), Les Banlieusards (1989), Gremlins 2, la nouvelle génération (1990) et Panic à Florida Beach (1993).
Mais ces cinq films consécutifs se soldent tous par un bide commercial. Peu à peu, la carrière de Joe Dante va se déliter pour disparaître (plus ou moins) des radars, même si on relève ici et là quelques exceptions, notamment la sortie de Small Soldiers (1998).
En vérité, le concept de Gremlins remonte à la Seconde Guerre Mondiale. En 1943, Rod Dahl publie un roman éponyme sur des créatures espiègles et machiavéliques (Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Gremlins) qui sèment la terreur, le chaos et la désolation dans une petite communauté américaine le soir de Noël. C'est un peu par hasard que Joe Dante tombe sur l'opuscule original. Le cinéaste est immédiatement séduit par cette histoire macabre.
Au moment de sa sortie, Gremlins apparaît comme une production novatrice et révolutionnaire puisque le film utilise la technique de l'animatronique pour donner vie à d'affreuses créatures. Ce concept à la fois original et farfelu va immédiatement séduire Steven Spielberg et Frank Marshall, producteurs exécutifs du film.
Un autre histrion vient s'ajouter aux inimitiés. Il s'agit de Chris Colombus qui griffonne le scénario de Gremlins. Avec la collaboration et la participation de Joe Dante, le futur réalisateur d'Harry Potter à l'Ecole des Sorciers (2001) a bien l'intention d'organiser le massacre pur et simple de la ville, tout en ajoutant un humour licencieux et égrillard. D'ailleurs, le long-métrage obtiendra cinq Saturn Awards : meilleur film d'horreur, meilleure réalisation, meilleure musique, meilleurs effets visuels et meilleure actrice dans un second rôle pour Polly Holliday (Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Gremlins).
De surcroît, la presse et le public exultent et se montrent unanimement panégyriques. Enfin, Gremlins va inspirer de nombreux succédanés, notamment Critters (Stephen Herek, 1986), Ghoulies (Luca Bercovici, 1985), Hobgoblins (Rick Sloane, 1988), Troll (John Carl Buechler, 1986) ou encore Hideous (Charles Band, 1997), pour ne citer que ces exemples.
La distribution de Gremlins réunit Zach Galligan, Phoebe Cates, Hoyt Axton, Frances McCain, Polly Holyday (déjà précitée), Glynn Turman, Dick Miller et Corey Feldman. A noter l'apparition furtive de Steven Spielberg dans le petit rôle d'un homme confiné dans sa chaise roulante électronique. Attention, SPOILERS ! Rand Peltzer offre à son fils Billy un étrange animal : un mogwai.
Son ancien propriétaire l'a bien mis en garde : il ne faut pas l'exposer à la lumière, lui éviter tout contact avec l'eau, et surtout, surtout ne jamais le nourrir après minuit... Sinon... Certes, à fortiori, le scénario de Gremlins est plutôt basique et laconique. En vérité, la trame narrative repose sur trois règles essentielles :
1- Ne pas exposer l'animal à une lumière vive ou à la lumière du soleil. 2- Ne pas le mouiller. 3- Ne jamais le nourrir après minuit.
Et gare à ne pas enfreindre ces trois règles élémentaires ! Tel est l'avertissement emphatique d'un vieux commerçant asiatique. Evidemment, et vous vous en doutez, ces trois principes seront bafoués par les protagonistes du film. En vérité, Gremlins reflète parfaitement la quintessence du cinéma fantastique et d'horreur des années 1980. A l'époque, Steven Spielberg, Chris Columbus, Richard Donner et Barry Levinson se lancent dans des productions ambitieuses et dispendieuses (Le secret de la pyramide et Les Goonies, entre autres) qui se solderont unanimement par un échec commercial.
A contrario, toutes ces pellicules s'octroieront le statut de film culte au fil des années. En outre, Gremlins est parsemé de clins d'oeil et de références : L'invasion des profanateurs de sépultures (Don Siegel, 1956), La Vie Est Belle (Frank Capra, 1946), La Machine à Explorer le Temps (George Pal, 1960) ou encore Planète Interdite (Fred M. Wilcox, 1956).
Pour apprécier Gremlins à sa juste mesure, il faudra donc le visionner comme une production estampillée "années 1980", avec son côté excessif et démesuré, son ton à la fois goguenard et condescendant et toute une pléthore de clins d'oeil et de références. Certes, plus de trente ans après sa sortie, la magie fonctionne encore et toujours. Force est de constater que l'on se prend d'affection pour Gizmo, cette petite peluche au sourire narquois, qui vient prêter main forte à son nouveau maître, Billy.
La première partie de Gremlins s'apparente à un conte de Noël destiné à flagorner le grand public. Puis, dans sa seconde section, avec l'arrivée de nouvelles créatures aux velléités bellicistes, le ton devient beaucoup pus comminatoire. Les bestioles enragées comptent bien semer la panique dans la ville.
Dès lors, Joe Dante s'amuse comme un gosse derrière la caméra. Au détour d'une séquence furtive, c'est une mère de famille qui broie une créature dans un mixeur pendant qu'une autre doit subir les radiations d'un micro-ondes. Gremlins, c'est aussi cette curieuse juxtaposition entre la comédie cartoonesque, le fantastique, le film de Noël et le registre de l'épouvante.
En outre, ces monstres outranciers et vindicatifs préfigurent déjà cette société libertaire qui va connaître son apogée dans les années 1980. En effet, nos chères bestioles se permettent tous les excès, jouent de la tronçonneuse et blasphèment tous les interdits avec une rare condescendance. Ces créatures symbolisent déjà ce consumérisme forcené et cet eudémonisme qui ne doit plus connaître de règle ni de limite. Plus jamais. L'air de rien, sous ses airs de comédie irrévérencieuse, Gremlins contient bel et bien un message subliminal. En outre, Joe Dante ne s'en relèvera jamais et ne réitérera plus cette performance ubuesque et jubilatoire.
Note : 16/20