The_Butcher

 

Genre : horreur, gore, trash (interdit aux - 18 ans) 
Année : 2007
Durée : 1h14

Synopsis : Un groupe de gens ont été enlevés et se retrouvent maintenant enchaînés dans des flaques de leur propre sang, dans un vieil abattoir abandonné. Tout près, une équipe composée de vidéastes discute. les pauvres gens vont être torturés méticuleusement, un seul à la fois, et le tout sera immortalisé sur vidéo

La critique :

Le cinéma asiatique a toujours voué une fascination pour le cinéma gore et extrême. Preuve en est avec toute une pléthore de longs-métrages inspirés par l'univers du manga : Meatball Machine (Yudai Yamaguchi, 2006), Tokyo Gore Police (Yoshihiro Nishimura, 2008), The Machine Girl (Noboru Iguchi, 2008), ou encore Vampire Girl Vs. Frankenstein Girl (Naoyuki Tomomatsu et Yoshihiro Nishimura, 2009), pour ne citer que ces exemples.
Parallèlement à ces pellicules sanguinolentes et érubescentes, le cinéma asiatique se centre également sur des oeuvres plus sérieuses, comme l'attestent les sorties d'Ebola Syndrome (Herman Yau, 1996), Tetsuo (Shynia Tsukamoto, 1989), Ichi The Killer (Takashi Miike, 2001) ou encore Visitor Q (Takashi Miike, 2001).

Il n'est donc pas surprenant de retrouver le cinéma nippon derrière le snuff movie. Déjà, par le passé, la saga Guinea Pig s'était focalisée sur le phénomène avec The Devil's Experiment (Satoru Ogura, 1985) et Flowers of Flesh and Blood (Hideshi Hino, 1985). A l'époque, les deux moyens-métrages avaient suscité la controverse et les quolibets. En effet, les deux films érigent le fantasme des légendes urbaines. Les deux réalisateurs (donc Satoru Ogura et Hideshi Hino) prétendent avoir reçu deux cassettes vidéo montrant le long supplice de deux jeunes femmes torturées par des maniaques du scalpel.
Dans le cas de Flowers of Flesh and Blood, la supercherie fonctionne à merveille. 
Hagard, l'acteur américain Charlie Sheen alerte carrément le FBI.

Le snuff movie a donc de beaux jours devant lui. Et c'est ce qu'a parfaitement compris Kim Jin-Won, le réalisateur coréen de The Butcher, sorti en 2007. Evidemment, et vous l'avez compris, The Butcher n'est pas un vrai snuff movie, mais il joue sur cette tendance voyeuriste et s'approprie le mythe. Pour le reste, merci de ne pas confondre le film du réalisateur coréen avec la pellicule quasiment homonyme et réalisée par Adam Green, donc Butcher - La légende de Victor Crowley (2007).
Hormis leur aspect gore et fantasque, les deux longs-métrages ne partagent aucune similitude. Pour le reste, inutile de mentionner le casting, à moins que vous connaissiez les noms de Kim Sung-Il, You Dong-Hun, Mu-nyeong Lee, Myung-hun Seo et Yu-ii Ha, mais j'en doute... A l'instar des (faux) snuff movies habituels, le scénario de The Butcher est de facture classique et conventionnelle. 

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Attention, SPOILERS ! Un groupe de personnes anonymes ont été enleveés et se retrouvent maintenant enchaînées dans des flaques de leur propre sang, dans un vieil abattoir abandonné. Tout près, une équipe composée de vidéastes discute. Les pauvres gens vont être torturés méticuleusement, un seul à la fois, et le tout sera immortalisé sur vidéo. Vous l'avez donc compris. Le script de The Butcher ne brille pas vraiment par sa sagacité. Toutefois, le scénario du film n'est pas sans rappeler, par certains aspects, le concept de Hostel : Chapitre II (Eli Roth, 2007).
Là aussi, Kim Jin-Won se centre sur le point de vue de ses bourreaux. Cependant, le cinéaste élude de nombreuses informations sur les intentions de ses tortionnaires. D'ailleurs, ces derniers se comptent sur les doigts atrophiés d'une seule main.

Il faudra donc se contenter de trois hommes particulièrement sadiques et psychopathiques. L'un d'entre eux se cache derrière le masque ensanglanté d'un cochon et arbore une tronçonneuse rutilante. Pour le reste, Kim Jin-Won opte pour un réalisme morbide et brut de décoffrage. Par certains aspects, The Butcher n'est pas sans rappeler les lubricités et les ignominies perpétrées par Fred Vogel et ses ouailles dans la trilogie August Underground. Seule différence notable, Kim Jin-Won ne scrute pas le monde extérieur et surtout le quotidien de ses tortionnaires. 
L'action de The Butcher se déroule presque uniquement dans un abattoir abandonné (je renvoie au synopsis). En outre, le long-métrage remplit largement son office avec son lot d'éviscérations, d'énucléations et de doigts savamment sectionnés par des bourreaux turpides. 

Dommage que Kim Jin-Won élude toute explication sur cette étrange organisation qui semble obéir aux rouages du capitalisme. En effet, les vidéos relatant les diverses exactions sont envoyées à des clients, toujours plus demandeurs et consommateurs de chair fraîche. En l'occurrence, Kim Jin-Won ne fait pas dans la dentelle et ne nous épargne aucun détail. Il faudra donc supporter les longues complaintes et stridulations de victimes suppliciées et affreusement torturées. 
Sur ce dernier point, difficile de compatir sur le sort des divers protagonistes puisque ces derniers passent leur temps à geindre et à pousser des cris d'orfraie. Rarement, un film ne se sera autant focalisé sur les hennissements de ses personnages. 
Hélas, The Butcher se confine parfois dans la production stérile, ne délivrant finalement aucun message idéologique, d'où la sensation d'assister à un spectacle relativement vide et chimérique. En l'état, le film s'adresse uniquement aux fans irréductibles du cinéma gore et extrême. Les autres pourront aisément passer leur chemin.

Note : 11/20

sparklehorse2 Alice In Oliver