Genre : science-fiction
Année : 2014
Durée : 2h14
Synopsis : Une nation de plus en plus nombreuse de singes évolués, dirigée par César, est menacée par un groupe d’humains qui a survécu au virus dévastateur qui s'est répandu dix ans plus tôt. Ils parviennent à une trêve fragile, mais de courte durée : les deux camps sont sur le point de se livrer une guerre qui décidera de l’espèce dominante sur Terre.
La critique :
Comme une évidence. Après une première saga qui a marqué sa décennie (les années 1970), une nouvelle franchise sous forme de préquel doit revisiter la mythologie simienne. Preuve en est avec La Planète des Singes : Les Origines (Rupert Wyatt, 2011). Cette relecture des origines a permis de relancer les inimitiés avec une réelle sagacité. Contre toute attente, ce sixième chapitre se démarquait des blockbusters hollywoodiens habituels, préférant la réflexion à de longues et interminables conflagrations. Si le long-métrage se révélait plutôt perspicace, il cassait néanmoins avec la dialectique de ses augustes prédécesseurs, le film de Rupert Wyatt étant dénué de toute idéologie belliciste et/ou révolutionnaire. Non, les singes doués d'intelligence et dirigés par César n'ont pas pour vocation de bouleverser l'hégémonie humaine.
Désormais, les primates vivent même paisiblement dans la forêt à l'abri des belligérances et surtout d'un virus qui a contaminé une bonne partie de la planète. Tel est le point de départ de La Planète des Singes : L'Affrontement, sorti en 2014. En l'occurrence, le scénario du film s'annonce plutôt prometteur. Cette fois-ci, changement de réalisateur en la personne de Matt Reeves qui succède à Rupert Wyatt. Si la carrière du cinéaste et producteur américain débute vers le milieu des années 1990, le réalisateur ne triomphe qu'en 2008 avec Cloverfield, une sorte de kaiju eiga version found footage.
Après le désistement de Rupert Wyatt en 2012, Matt Reeves est choisi par les producteurs. Avec la collaboration de Mark Bomback, scénariste du film, il décide de modifier le script.
L'action de La Planète des Singes : L'Affrontement se déroulera donc dix ans après les événements du premier volet. La distribution du long-métrage réunit Andy Serkis, Jason Clarke, Gary Oldman, Keri Russell, Tobby Kebbell et Kirk Acevedo. A noter l'apparition furtive de James Franco via un flashback. Attention, SPOILERS ! (1) Dix ans ont suffi à la grippe simienne pour décimer une grande partie de l'humanité. Dans les ruines de San Francisco, un groupe de survivants tente de rétablir le contact avec le monde extérieur. Il leur faut pour cela avoir accès à un barrage hydroélectrique, au cœur de la vallée environnante, territoire des singes. Ces derniers, guidés par César, se méfient des hommes.
Le fragile équilibre est perturbé et la peur mène inévitablement les deux camps à s'affronter. (1)
A travers La Planète des Singes : Les Origines, Rupert Wyatt avait posé des bases solides et intéressantes, transformant une sorte de zoo simien en prison infranchissable et tenue par des matons aux principes soldatesques et rigoristes. Cette fois-ci, place aux événements extérieurs. En outre, Matt Reeves se focalise largement sur la vie de la colonie fondée et régentée par César.
Contre toute attente, ce monarque "primate" n'est pas le révolutionnaire qui vient sonner le tocsin et l'insubordination promise depuis belle lurette. Au contraire. Les singes vivent en paix et à l'abri de tout contact avec les humains. Mais l'arrivée inopinée de Malcolm et de ses ouailles change la donne. Leur objectif ? Construire un barrage sous l'aval et le regard vigilant de César et de ses fidèles prosélytes.
A l'instar de son épigone, Matt Reeves prend son temps pour planter le décor, présenter ses divers protagonistes et construire un récit plus ou moins pertinent. De facto, La Planète des Singes : L'Affrontement se transmue prestement en film écologique, certes doté des meilleures intentions, mais qui vient nous pérorer ses longues moralines.
Sur ce dernier point, Matt Reeves ne nous épargne aucun cliché. Il faudra à nouveau supporter ces êtres humains turpides qui se regimbent contre Dame Nature. A cela, vient s'ajouter une infirmière aux velléités humanistes, sauveuse de la veuve et de l'orphelin, en outre l'épouse de César. Puis, c'est un jeune éphèbe qui s'accointe et s'acoquine avec un autre primate, lui aussi étrangement docile. Peu à peu, la confiance se noue entre un groupe d'humains et la bande formée par César... Ou presque.
C'est d'ailleurs la seule réelle nouveauté de ce second chapitre (enfin le septième si on compte la saga des années 1970). Ce ne sont pas les êtres humains qui sont à l'origine du conflit, mais les singes eux-mêmes. César doit alors se colleter avec Koba, un dissident aux méthodes radicales et expéditives. Bien conscient de l'inanité et de la vacuité de son script, Matt Reeves multiplie les petits détails pour accentuer les belligérances entre les singes et les êtres humains, la conclusion finale se terminant sur un immense pugilat (hélas inévitable) entre César et un primate en pleine insubordination.
Si le film se suit sans déplaisir, en tout cas avec un ennui poli, il n'en demeure pas moins sans surprise. La faute revient à un scénario aseptisé et anomique qui ne parvient jamais à transcender son sujet. Finalement, La Planète des Singes : L'Affrontement, c'est un peu cette promesse hypocrite, à savoir cette tentative de se démarquer des productions hollywoodiennes habituelles, pour revenir à ce qu'il est intrinsèquement. Une sorte de pellicule infatuée et dictée par une oligarchie éprise d'écologisme stérile. Nul doute que le troisième et dernier (?) chapitre, d'ores et déjà annoncé, se fourvoiera dans cette idéologie harangueuse.
Note : 10/20
(1) Synopsis sur : https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Plan%C3%A8te_des_singes_:_L%27Affrontement
Merci encore pour cet avis
Bon dimanche