Genre : thriller (interdit aux - 12 ans)
Année : 1960
Durée : 1h49
Synopsis : Marion Crane en a assez de ne pouvoir mener sa vie comme elle l'entend. Son travail ne la passionne plus, son amant ne peut l'épouser car il doit verser une énorme pension alimentaire le laissant sans le sou... Mais un beau jour, son patron lui demande de déposer 40 000 dollars à la banque. La tentation est trop grande, et Marion s'enfuit avec l'argent. Très vite la panique commence à se faire sentir. Partagée entre l'angoisse de se faire prendre et l'excitation de mener une nouvelle vie, Marion roule vers une destination qu'elle n'atteindra jamais. La pluie est battante, la jeune femme s'arrête près d'un motel, tenu par un sympathique gérant nommé Norman Bates, mais qui doit supporter le caractère possessif de sa mère. Après un copieux repas avec Norman, Marion prend toutes ses précautions afin de dissimuler l'argent. Pour se délasser de cette journée, elle prend une douche...
La critique :
On oublie un peu trop souvent de le dire et de le préciser. Mais il faudra attendre 1954 avant de voir Alfred Hitchcock, réalisateur, producteur et scénariste britannique, triompher au cinéma, avec Le Crime Etait Presque Parfait. Et pourtant, l'illustre carrière du cinéaste débute dès les prémisses des années 1920. A l'époque, Alfred Hitchcock tourne essentiellement des films muets, notamment les trop méconnus L'Ombre Blanche (1923), Abnégation (1924), Le Jardin du Plaisir (1927) ou encore Les Cheveux d'Or (1927). A partir des années 1930, Alfred Hitchcock signe plusieurs films notables (Les 39 Marches, L'Homme qui en savait trop et Une femme Disparaît principalement).
C'est ainsi qu'il commence à séduire et à flagorner un large public. Mais, selon les fans, Alfred Hitchcock atteint son apogée dans les années 1950 et 1960.
Sueurs Froides (1958) et La Mort Aux Trousses (1959) lui permettent d'asseoir sa notoriété. Toutefois, c'est vraiment l'année 1960 qui marque sa quintessence, avec la sortie de Psychose. Peu avant le tournage de ce futur grand classique du cinéma, Alfred Hitchcock tombe fortuitement sur une chronique de l'opuscule original, Psycho, de Robert Bloch. Le livre s'inspire d'un tueur en série authentique, le tristement célèbre Ed Gein, le boucher de Plainfield.
Enthousiaste, Alfred Hitchcock se lance un défi : réaliser une pellicule avec de modestes moyens financiers et en noir et blanc, tout en visant le maximum d'efficacité. Avec la collaboration de Joseph Stefano, le cinéaste britannique s'attelle à l'écriture du film. En outre, Alfred Hitchcock souhaite raconter une histoire simple, qui débute sur le personnage de Marion Crane, une jeune femme qui dérobe une forte somme d'argent à son patron.
Mutin, Alfred Hitchcock complexifie son récit. L'épopée de la jeune femme doit la conduire dans un motel en déshérence ou presque... et tenu par l'étrange Norman Bates. Dans l'opuscule original, le sociopathe est un homme ventripotent et d'une quarantaine d'années. Pourtant, Hitchcock décide brusquement de changer la figure psychopathique au profit d'un jeune homme en apparence affable et courtois. Mais ces bienséances sont trompeuses, semble nous dire le scénariste "so british".
Pour la distribution de Psychose, Alfred Hitchcock s'adjoint les services d'Antony Perkins, Janet Leigh, Vera Miles, John Gavin, Martin Balsam, John McIntire et Simon Oakland. Attention, SPOILERS ! Marion Crane en a assez de ne pouvoir mener sa vie comme elle l'entend.
Son travail ne la passionne plus, son amant ne peut l'épouser car il doit verser une énorme pension alimentaire le laissant sans le sou... Mais un beau jour, son patron lui demande de déposer 40 000 dollars à la banque. La tentation est trop grande, et Marion s'enfuit avec l'argent. Très vite la panique commence à se faire sentir. Partagée entre l'angoisse de se faire prendre et l'excitation de mener une nouvelle vie, Marion roule vers une destination qu'elle n'atteindra jamais.
La pluie est battante, la jeune femme s'arrête près d'un motel, tenu par un sympathique gérant nommé Norman Bates, mais qui doit supporter le caractère possessif de sa mère. Après un copieux repas avec Norman, Marion prend toutes ses précautions afin de dissimuler l'argent. Pour se délasser de cette journée, elle prend une douche...
Si Psychose s'est octroyé le statut de classique du cinéma avec les années, il obtient, à l'inverse, des critiques plutôt mitigées au moment de sa sortie. A fortiori, Psychose ne serait pas à la hauteur de la réputation du cinéaste et n'atteindrait pas la quintessence de Sueurs Froides et de La Mort Aux Trousses. Parallèlement, lors de sa projection dans les salles obscures, le long-métrage suscite les anathèmes et les quolibets. En l'occurrence, c'est surtout la (fameuse) séquence de la douche qui provoque les acrimonies. Certains journalistes s'offusquent de cette nudité affichée et exaltée par la caméra ensanglantée. De surcroît, la presse tance et fustige un crime barbare et abominable.
Qu'à cela ne tienne, les critiques intellectuelles vont rapidement se raviser et ériger Psychose au sommet d'un nouveau genre : le thriller à la première personne... ou plutôt aux deux personnes.
Une fois n'est pas coutume. Alfred Hitchcock prend son temps pour planter son décor et ses divers protagonistes. Ainsi, Psychose fonctionne un peu en trompe-l'oeil, tout du moins, dans son introduction. Comme nous l'avons déjà souligné, les premières minutes du film se centrent sur l'épopée de Marion Crane. Harassée de fatigue, la jeune femme s'arrête dans un motel et fait la connaissance de Norman Bates. Dès lors, le long-métrage se focalise sur la psyché de son sociopathe.
Même le décor semble refléter la schizophrénie sous-jacente de ce personnage, notamment cet engouement pour les oiseaux empaillés, une passion bien étrange, mais aussi cet attrait pour les miroirs et surtout pour ce voyeurisme. Extatique, Norman Bates épie sa future proie se dévêtir. Puis, la voix sarcastique de sa mère se fait ouïr à travers l'immense bâtisse.
Sous les instigations de sa marâtre, le jeune homme commet l'irréparable. Vêtu d'oripeaux féminins, le psychopathe assassine et mutile Marion Crane dans sa douche. Inutile de revenir sur l'ingéniosité de cette séquence, aussi courte qu'astucieuse. Cette saynète sanglante et élusive sera étudiée, analysée, ratiocinée et "radioscopée" (si j'ose dire) par de nombreux fans. Certes, cette scène, d'une violence inouïe, sera souvent imitée mais jamais égalée.
D'autres thématiques sont également abordées, notamment cette appétence pour la mort et la rencontre avec le cadavre de la mère. Dans le cerveau en déréliction de Norman Bates, la marâtre est toujours vivante. Souffrant probablement d'autoscopie mentale et de troubles dissociatifs de la personnalité, le meurtrier prend l'identité de sa maternelle le temps d'un crime.
A l'instar de Le Voyeur (Michael Powell, 1960), Psychose nous convie dans la psyché en décrépitude du sociopathe. L'air de rien, le film aborde des thématiques très modernes. On en revient toujours à ce voyeurisme morbide qui consiste à scruter, à travers le trou d'un mur, cette nudité clairement exposée. Bien des années plus tard, ce procédé pervers et turpide se transmutera en "Loft" et plus précisément en Big Brother, nouvel apanage de la société consumériste et des réseaux sociaux. On trouve déjà, dans Psychose, les prémisses du slasher, ainsi que cette fascination pour les serial killers, ces sociopathes énigmatiques et insaisissables, qui transgressent, assassinent et commettent l'irréparable.
Plus de 65 ans après sa sortie, le film d'Alfred Hitchcock reste toujours un classique indémodable... et incontournable.
Note : 19/20