Genre : science-fiction
Année : 2008
Durée : 1h21
Synopsis : New York - Une quarantaine de ses amis et relations ont organisé chez Rob une fête en l'honneur de son départ pour le Japon. Parmi eux, Hub, vidéaste d'un soir, chargé d'immortaliser l'événement. La "party" bat son plein lorsqu'une violente secousse ébranle soudain l'immeuble. Les invités se précipitent dans la rue où une foule inquiète s'est rassemblée en quelques instants. Une ombre immense se profile dans le ciel, un grondement sourd se fait entendre... et la tête de la Statue de la Liberté s'effondre brutalement sur la chaussée. L'attaque du siècle vient de commencer. Au petit matin, Manhattan ne sera plus qu'un champ de ruines...
La critique :
Si les origines du found footage remontent aux années 1960, via plusieurs faux documentaires (certaines critiques parlent de "documenteurs"), ce genre cinématographique connaît son apogée entre la fin des années 1970 et le début des années 1980, notamment avec Face à la Mort (John Alan Schwartz, 1978) et surtout, Cannibal Holocaust (Ruggero Deodato, 1980).
Les fans du cinéma trash et extrême exultent. Ils tiennent enfin les deux nouveaux parangons d'un cinéma banni, honni, voué à l'opprobre et aux gémonies. Rattrapé par la censure, Face à la Mort et Cannibal Holocaust suscitent les invectives et les quolibets. De surcroît, les deux longs-métrages interrogent sur le pouvoir des médias et plus particulièrement de l'image, le nouveau diktat d'une société capitaliste et consumériste.
Evidemment, ces deux métrages engendrent de nombreux avatars. La recette ? Des morts à profusion, du cannibalisme, des séquences à caractère pornographique, des accidents de la route et l'utilisation d'une caméra subjective qui transforme le spectateur en voyeuriste. Selon certains cinéphiles, des films tels que Psychose (Alfred Hitchcock, 1960) et Le Voyeur (Michael Powell, 1960) préfigurent déjà les prémisses d'une société à la fois libertaire et hédoniste.
1999. Nouvelle date fatidique pour le found footage avec la sortie de Le Projet Blair Witch (Eduardo Sanchez et Daniel Myrick). Les deux réalisateurs reprennent le concept de Cannibal Holocaust, à la seule différence que les anthropophages sont évincés par une vile sorcière dans une forêt démoniaque.
Mieux, le film serait carrément le dernier témoignage de trois étudiants portés disparus dans une maisonnée délabrée. Contre toute attente, la supercherie fonctionne. Le cinéma tient son nouvel apanage : des frissons, des acteurs inconnus au bataillon, une caméra subjective donnant l'impression d'un documentaire et surtout un budget anomique. Le found footage connaît un regain de notoriété dans les années 2000 avec les sorties (quasi) simultanées de Rec (Paco Plaza et Jaume Balaguero, 2007), Paranormal Activity (Oren Peli, 2009) et de Cloverfield (Matt Reeves, 2008).
Si Cloverfield est le digne épigone de King Kong (Ernest B. Schoedsack, 1933) et de Godzilla (Ishiro Honda, 1954), il signe à la fois le grand retour du kaiju eiga et du found footage, deux styles à priori opposés. Non, répond avec véhémence J.J. Abrams, producteur du film.
Les origines de Cloverfield remontent à la fin des années 1990. En effet, en 1997, des météorologistes enregistrent des ondes d'origine inconnue dans l'Océan Pacifique. Le Triangle des Bermudes vient de trouver son nouvel épigone. Ces fréquences seraient-elles d'origine extraterrestre ? Ou seraient-elles le fruit d'un monstre qui surgirait des tréfonds des abysses ?
Sous l'égide de la Paramount Pictures, J.J. Abrams griffonne le script de Cloverfield dans le plus grand secret. Aucune information ne doit filtrer sur le scénario du film. Une requête entendue par Matt Reeves, chargé de réaliser le long-métrage comme un documentaire. Nanti d'un budget famélique (à peine 25 millions de dollars), le film suscite le buzz et la controverse.
Ainsi, plusieurs bandes annonces répètent en boucle le titre de 08/08/08, laissant inaugurer des temps plus funestes. Mission réussie pour J.J. Abrams et ses fidèles prosélytes. Cloverfield se solde par un immense succès commercial. Une suite, 10 Cloverfield Lane, toujours sous la férule du célèbre producteur, est réalisée en 2010 par les soins de Dan Trachtenberg. La distribution de Cloverfield premier du nom réunit Michael Stahl-David, Mike Vogel, Jessica Lucas, Lizzy Caplan, T.J. Miller et Odette Yutsman.
Si les critiques sont presque unanimement panégyriques, certains spectateurs se montrent, à l'inverse, beaucoup plus pondérés. Cloverfield est-il le nouvel uppercut asséné par Hollywood ou un pétard mouillé ? Réponse dans les lignes à venir. Attention, SPOILERS !
New York - Une quarantaine de ses amis et relations ont organisé chez Rob une fête en l'honneur de son départ pour le Japon. Parmi eux, Hub, vidéaste d'un soir, chargé d'immortaliser l'événement. La "party" bat son plein lorsqu'une violente secousse ébranle soudain l'immeuble. Les invités se précipitent dans la rue où une foule inquiète s'est rassemblée en quelques instants.
Une ombre immense se profile dans le ciel, un grondement sourd se fait entendre... et la tête de la Statue de la Liberté s'effondre brutalement sur la chaussée. L'attaque du siècle vient de commencer. Au petit matin, Manhattan ne sera plus qu'un champ de ruines... Oui, Cloverfield est bel et bien un film novateur sur la forme. C'est probablement ce qui explique son succès à la fois publique et critique.
Le long-métrage martelé par J.J. Abrams et ses ouailles est un savant mélange entre le film catastrophe, le found footage et la science-fiction apocalyptique des années 1950. De facto, difficile de ne pas songer à Godzilla, tant les analogies sont évidentes. A l'instar du chef d'oeuvre d'Ishiro Honda, Cloverfield repose sur une nouvelle arme de destruction massive. A la seule différence que cette menace immarcescible ne provient pas d'essais nucléaires, mais du néant.
Finalement Cloverfield, c'est cette curieuse juxtaposition entre le cinéma moderne englué dans son voyeurisme et le cinéma de jadis, celui (entre autres...) de Jack Arnold avec Tarantula ! (1955) et L'Homme qui Rétrécit (1957). Mais, contrairement, à ses modèles, Cloverfield ne boxe pas vraiment dans la même catégorie.
Inutile ici d'attendre la moindre réflexion idéologique, philosophique et/ou politique sur nos temps eschatologiques. En vérité, Cloverfield est un pur produit marketing, estampillé "YouTube" et destiné à flagorner le grand public. D'où une impression mitigée lors du générique final. Et pourtant... Difficile de ne pas y voir une allégorie sur les attentats terroristes du 11 septembre.
J.J. Abrams élude volontairement la profusion d'informations, préférant s'atermoyer sur les péripéties de quelques quidams plongés dans un New York chaotique. Pour J.J. Abrams, le but est de suivre au plus près les réactions de ses prolétaires condamnés à subir les foudres et les explosions d'une ville à l'agonie, bientôt submergée par d'immenses araignées. Le spectateur est donc convié à supporter un montage frénétique et une caméra tournoyante, virevoltant dans tous les sens, jusqu'à provoquer la nausée et son lot de céphalées. Si Cloverfield marque bel et bien un tournant rédhibitoire dans l'histoire du found footage et kaiju eiga, il n'en demeure pas moins un pur produit hollywoodien.
Toujours la même ritournelle...
Note : 13/20