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Genre : Aventure, horreur (interdit aux moins de 18 ans)

Année : 1978

Durée : 1H43

Synopsis : Susan Stevenson cherche à retrouver son mari, un explorateur qui a disparu dans une région de Nouvelle Guinée. Aidée de son frère et d’un aventurier du nom de Foster, elle se lance à la recherche de son époux à travers un pays hostile peuplé de créatures hideuses et dangereuses et de tribus cannibales.

La critique :

Non Cannibal Holocaust de Ruggero Deodato n’est pas le premier film italien à avoir mis en scène une jungle hostile avec des féroces cannibales assoiffés de sang et de tripes. Sergio Martino l’a devancé en 1978 avec un film d’aventure à scandale, La Montagne du Dieu CannibalePour autant, Sergio Martino est un artiste inégal, puisqu’il sera quand même responsable de 2019, après la chute de New York, soit l’un des plus gros nanars de l’histoire du cinéma. En 1978, le réalisateur cherche à réaliser un film d’aventure à succès. Pour cela, il décide d’utiliser un scénario très classique et de faire appel à des stars internationales : Ursula Andress et Stacy Keach. Mais il va choisir également de se démarquer en donnant à son film une bonne dose de violence et de gore.

Attention SPOILERS ! Henry Stevenson, un anthropologue, a disparu dans une région sauvage de Nouvelle Guinée. Sa femme Susan, accompagnée de son frère Arthur, se rend sur place dans le but de retrouver son mari. Tous deux font appel au professeur Edward Foster, un aventurier et ami de Henry qui pense savoir où retrouver notre homme. Il pense en effet que l’explorateur s’est aventuré vers la Montagne Ra Ra Me qui, en indigène, signifie « Montagne du Dieu Cannibale ».
La population du coin redoute cet endroit qu’elle dit maudit et les autorités locales interdisent les expéditions dans cette région.
Cependant, nos héros sont déterminés et ils s’engagent clandestinement dans la jungle hostile dans laquelle rôdent alligators, anacondas et mygales. Parvenus jusqu’à la côte, ils traversent la vaste étendue d’eau qui les sépare de l’île de Roka, leur prochaine destination.

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Une fois sur place, ils subissent les attaques d’indigènes féroces et cannibales. Tout le monde semble cacher quelque chose. Foster paraît connaître l’endroit. Et Susan ? Retrouver son mari est-il vraiment son but premier ? Martino nous plonge donc dans l’aventure classique de la belle à la recherche de son mari disparu en exploration. Mais une fois encore, le tout est pimenté par Ursula Andress et la violence du film. La Montagne du Dieu Cannibale prend les bases du genre : Jungle verte, cannibales féroces et cht'arbés, rituels démoniaques…. Dans la première partie, le film semble plus jouer sur le suspense et l’ambiance, malheureusement l’atmosphère est un peu trop fade et tout est assez prévisible.
Dans la seconde partie, le film joue plus la carte de la violence graphique et du gore, notamment lorsque nos héros vont découvrir le repère de nos fins gourmets de chair humaine.   

Le film ne fait pas dans la dentelle, meurtres sauvages, barbarie, viols, émasculation…. Martino se permet même de glisser quelques morts atroces d’animaux réalisées sans trucages. Mention spéciale pour une scène dans laquelle un singe se fait gober vivant par un anaconda, ou encore la scène où un varan se fait déchiqueter par des indigènes affamés, sans parler des scènes de zoophilie. Vous l’aurez compris. Ruggero Deodato n’a rien inventé, Sergio Martino non plus d’ailleurs, puisqu’apparemment le phénomène date de 1972 et a commencé avec Au pays de l’exorcisme d’Umberto Lenzi.
Et ce phénomène durera quelques années encore notamment à travers des films tels que Cannibal Ferox (du même Lenzi) ou La secte des cannibales
Soyons donc honnête. La Montagne du Dieu Cannibale ne brille pas vraiment par son originalité. Ni par sa réalisation, ni par le jeu des acteurs. D’ailleurs, on se demande vraiment ce qu’Ursula Andress et Stacy Keach sont venus faire dans ce film (les fins de mois devaient être difficiles). 
Cela dit, il faut reconnaître que le film était osé pour l’époque et qu’il fait encore son petit effet. Pour autant, pas grand-chose à en tirer, à part peut-être une morale sur le monde de l’occident dévoré par son ambition (et encore).

Note : 11/20

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Seconde chronique :

On oublie souvent de le dire et de le préciser... Mais Sergio Martino appartient à la catégorie des grandes figures du cinéma bis transalpin. Sa carrière cinématographique débute réellement vers les prémisses des années 1970, avec Arizona se déchaîne (1970), L'Etrange vice de Madame Wardh (1970) et La Queue du Scorpion (1971). Les fans du cinéaste retiennent surtout Le Continent des Hommes-Poissons (1979), Le Grand Alligator (1979), 2019, après la chute de New York (1983) et Atomic Cyborg (1986). Vient également s'ajouter La Montagne du Dieu Cannibale, sorti en 1978.
En outre, Sergio Martino fait partie de ces "bisseux" qui surfent sur les grands succès et blockbusters de l'époque. Que ce soit Les Dents de la Mer (via Le Grand Alligator) ou encore 2019, après la chute de New York (un nouvel avatar de Mad Max), Sergio Martino bouffe un peu... beaucoup... énormément à tous les râteliers.

A fortiori, La Montagne du Dieu Cannibale apparaît comme un nouvel épigone de Cannibal Holocaust. En l'occurrence, le célèbre film scandaleux de Ruggero Deodato sortira deux ans plus tard. En vérité, La Montagne du Dieu Cannibale surfe à la fois sur les réputations sulfureuses de Cannibalis, au pays de l'exorcisme (Umberto Lenzi, 1972) et Le Dernier Monde Cannibale (Ruggero Deodato, 1977). A l'origine, La Montagne du Dieu Cannibale est l'adaptation d'un roman, Les Mines du Roi Salomon, de Henry Rider Haggard, qui relate les péripéties d'un groupe d'explorateurs britanniques sur le sol africain.
Sergio Martino transpose et modifie largement l'opuscule original pour le transmuter en film d'anthropophages. Si La Montagne du Dieu Cannibale est bel et bien une production italienne, il bénéficie de la présence de deux stars américaines.

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Il est donc surprenant de retrouver Stacy Keach et Ursula Andress dans les rôles principaux. Viennent également s'ajouter Claudio Cassinelli, Antonio Marsina, Franco Fantasia et Lanfranco Spinola. A l'instar de Cannibal Holocaust, La Montagne du Dieu Cannibale suscitera lui aussi les invectives et les quolibets. Sous l'égide de la censure, le long-métrage écope d'une interdiction aux moins de 18 ans en raison de massacre (bien réel) d'animaux.
En outre, le film sera même banni et interdit jusqu'en 2001 au Royaume-Uni pour finalement récolter une interdiction aux moins de 16 ans aujourd'hui. Reste à savoir si La Montagne du Dieu Cannibale mérite une telle controverse. Réponse dans les lignes à venir. En l'occurrence, le scénario est à la fois classique et laconique.

Il se résume seulement en deux petites lignes. Attention, SPOILERS ! Accompagnée de son frère et du professeur Foster, Susan Stevenson part à la recherche de son mari disparu au cours d'une mission anthropologique en Nouvelle-Guinée. Pour cela, ils doivent passer par la terrible jungle de Marabata, territoire d'une féroce tribu cannibale, les Pukas. En vérité, La Montagne du Dieu Cannibale est un pur produit d'exploitation du cinéma bis horrifique.
Conscient du faible potentiel scénaristique, Sergio Martino transmue sa pellicule en film d'aventure. Si sur le fond, La Montagne du Dieu Cannibale préfigure l'avènement de Cannibal Holocaust deux ans plus tard, il s'en détache radicalement sur la forme. Sergio Martino se centre assez peu sur les rituels des anthropophages, préférant s'atermoyer sur les péripéties de ses principaux personnages.

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A contrario, les deux films partagent de nombreuses analogies. Narquois, Sergio Martino se focalise largement sur le décor naturel via une ambiance tribale et comminatoire. Ainsi, La Montagne du Dieu Cannibale se transmute parfois en documentaire, scrutant à la loupe (si j'ose dire) une jungle hostile et peuplée d'animaux aux incroyables rotondités. En vérité, l'intérêt du long-métrage ne repose pas vraiment sur son scénario, assez anomique il faut bien le dire, mais plutôt sur les pérégrinations de ses trois principaux protagonistes. Sur ce dernier point, Sergio Martino se montre plutôt magnanime en termes de séquences kitchs et sanguinolentes. 
Le réalisateur n'est pas forcément reconnu pour faire dans la dentelle. A cela, s'ajoute une dose d'érotisme via des gros plans acérés sur la tenue dépoitraillée d'Ursula Andress, véritable égérie du film.

Altier, Sergio Martino a l'audace d'apposer l'actrice ligotée à un piquet sur l'affiche du film. A ce titre, les vingt dernières minutes de La Montagne du Dieu Cannibale visent à marquer durablement les esprits via plusieurs iconographies gore et sanglantes qui dérivent carrément vers la zoophilie et les parties de bacchanales. Nul doute que cette longue séquence de débauche et de barbaque dans les règles produira (encore) son petit effet sur le public effarouché.
De surcroît, le film se démarque par sa mise en scène assez stylisée et un brin grandiloquente. Certes, Sergio Martino joue parfois la carte de la spiritualité via l'existence d'une montagne sacrée et peuplée d'indigènes heurtés par nos réflexes hédonistes et consuméristes. Mais cette diatribe de nos pulsions eudémonistes est prestement évincée. Bref, encore une fois, La Montagne du Dieu Cannibale ravira probablement les fans irréductibles du genre.
Les amateurs du cinéma trash apprécieront sûrement cette galette un tantinet obsolète, avec toute la désuétude et le charme des années 1970.

Note : 12.5/20

 

sparklehorse2 Alice In Oliver