Genre : horreur (interdit aux - 12 ans)
Année : 1995
Durée : 1h33
Synopsis : Dans la station balnéaire de Hampton Bay, Samuel Lewis veut expulser Dag Soerensen qui dirige un parc aquatique, pour exploiter son terrain et construire un complexe hôtelier. Pendant ce temps, la ville est sans dessus dessous suite à une série de morts tragiques : 3 corps de baigneurs ont été retrouvés horriblement mutilés sur le bord de la plage. Pour la police, cela ne fait aucun doute, c’est l’oeuvre d’un requin tigre.
La critique :
Bien avant la société de production Asylum, Bruno Mattei s'était déjà accaparé la mode du "mockbuster", soit ces films au budget impécunieux qui copient et dupliquent à satiété les plus gros blockbusters du moment. Opportuniste, Bruno Mattei réalise toute une pléthore de nanars qui vont devenir tristement célèbres. Ainsi, Virus Cannibale (1980) est un mélange fuligineux entre Cannibal Holocaust (Ruggero Deodato, 1980), Zombie (George A. Romero, 1978) et même Orange Mécanique (Stanley Kubrick, 1971).
Même chose pour Les Rats de Manhattan (1984) qui vient renifler du côté de Mad Max (George Miller, 1979), la pécune et le talent en moins. Bruno Mattei spolie même le scénario du premier Terminator (James Cameron, 1984) et d'Aliens : le retour (James Cameron, 1986) avec l'inénarrable Terminator 2 : Spectres à Venise (1990).
Sa spécialité ? Les stock-shots à profusion afin de mieux leurrer le spectateur abasourdi par autant de bêtise et de turpitude. Répudié par ses pairs et menacé de poursuites judiciaires, Bruno Mattei est contraint de changer l'intitulé de ses productions mercantiles. Ainsi, Terminator 2 : Spectres à Venise est rebaptisé en Shocking Dark. En outre, Cruel Jaws, réalisé en 1995, va connaître peu ou prou le même sort. Dans un premier temps, le long-métrage sort sous le nom de Jaws 5.
Ce cinquième chapitre est donc destiné à s'inscrire dans une franchise en plein marasme, surtout après les sorties de Les Dents de la Mer 3 (Joe Alves, 1983) et Les Dents de la Mer 4 : La Revanche (Joseph Sargent, 1984), qui ont déjà confiné la saga dans les affres de la nanardise et des oubliettes.
Fidèle à sa réputation sulfureuse et de "nanar man" en puissance, Bruno Mattei utilise, dans un premier temps, le titre de Les Dents de la Mer 5. Honni, voué à l'opprobre et aux gémonies (une habitude chez lui...), le cinéaste italien est prié de réviser sa copie. Les Dents de la Mer 5 (ou Jaws 5) se décline alors en Cruel Jaws. En l'occurrence, Bruno Mattei sévit derrière un pseudonyme.
C'est donc un certain William Snyder qui vient prodiguer toute son incompétence derrière ce téléfilm horrifique. Inutile de préciser que Cruel Jaws s'inspire à la fois de Les Dents de la Mer premier du nom, des Dents la Mer 2e Partie (Jeannot Szwarc, 1978) et même de La Mort au Large (Enzo G. Castellari, 1981), une sorte de Jaws à la sauce italienne qui brillait déjà par sa vacuité et son inanité.
Lors d'une saynète élusive, Bruno Mattei reprend même la célèbre musique de Star Wars, composée par les soins de John Williams. Cruel Jaws n'appartient donc pas à la saga Les Dents de la Mer. En l'état, ce nanar azimuté n'est qu'un énième avatar de son auguste modèle. Inutile de mentionner le casting, à moins que vous connaissiez les noms de Richard Dew, David Luther, Georges Barnes Jr., Scott Silveria et Kirsten Urso, mais j'en doute. Pour le scénario du film, c'est toujours la même ritournelle : une station balnéaire menacée de destruction par un vil capitaliste, puis un requin qui sème la terreur parmi les touristes.
A la seule différence que le squale n'est pas un grand requin blanc, mais un grand requin tigre. Attention, SPOILERS ! Dans la station balnéaire de Hampton Bay, Samuel Lewis veut expulser Dag Soerensen qui dirige un parc aquatique, pour exploiter son terrain et construire un complexe hôtelier.
Pendant ce temps, la ville est sans dessus dessous suite à une série de morts tragiques : 3 corps de baigneurs ont été retrouvés horriblement mutilés sur le bord de la plage. Pour la police, cela ne fait aucun doute, c’est l’oeuvre d’un requin tigre. En outre, Bruno Mattei livre une copie à la fois poussive et tardive de Les Dents de la Mer. En effet, presque dix années se sont écoulées depuis la sortie de Les Dents de la Mer 4 : la Revanche. Ici, point de musique stridulante et comminatoire alertant sur l'arrivée éminente d'un requin. Ainsi, la séquence d'ouverture nous plonge directement dans une mer ensanglantée. Premier constat : la mise en scène catastrophique du film.
Impossible de discerner ou de voir lisiblement le squale en question.
En vérité, l'animal aquatique est particulièrement discret pour l'occasion. Certes, ce dernier est capable de bousculer et même d'effriter une grotte en plein coeur de l'océan. Certes, un corps affreusement mutilé sera retrouvé sur la plage... Pardon, je répète... Certes, un mannequin en mousse affreusement mutilé sera retrouvé sur la plage. Mais ce n'est pas forcément le requin carnassier qui semble passionner Bruno Mattei. En l'occurrence, le "bisseux" italien semble fasciné par les longues conversations oiseuses entre ses protagonistes. Plus précisément, le nanar man transalpin s'attarde longuement sur le sort, à priori irrévocable, d'une jeune fillette handicapée.
Une chimère. A aucun moment, Cruel Jaws ne parvient à illusionner, celle d'une production désargentée qui parvient, de temps à autre, à transcender son récit (par ailleurs anomique). La plupart des séquences montrant le bout du museau du requin, sont des reprises éhontées de La Mort au Large (Enzo G. Castellari, 1981). Pour le reste, Bruno Mattei... Pardon... William Snyder s'illustre essentiellement en reprenant certaines scènes de documentaires animaliers dont il a le secret.
Le long-métrage brille avant tout par sa cancrerie volontairement affichée et son incompétence, notamment dans son incapacité à effectuer le moindre cadrage correct. Bref, on navigue entre le nanar écervelé et la copie de La Mort au Large. Dans le même genre, on lui préférera tout de même le film d'Enzo G. Castellari, déjà sous l'égide de la nigauderie.
Côte : Nanar