Genre : science-fiction
Année : 1999
Durée : 2h15
Synopsis : Programmeur anonyme dans un service administratif le jour, Thomas Anderson devient Neo la nuit venue. Sous ce pseudonyme, il est l'un des pirates les plus recherchés du cyber-espace. A cheval entre deux mondes, Neo est assailli par d'étranges songes et des messages cryptés provenant d'un certain Morpheus. Celui-ci l'exhorte à aller au-delà des apparences et à trouver la réponse à la question qui hante constamment ses pensées : qu'est-ce que la Matrice ? Nul ne le sait, et aucun homme n'est encore parvenu à en percer les defenses. Mais Morpheus est persuadé que Neo est l'Elu, le libérateur mythique de l'humanité annoncé selon la prophétie. Ensemble, ils se lancent dans une lutte sans retour contre la Matrice et ses terribles agents.
La critique :
Andy et Larry Wachowski (devenus entre temps et respectivement Lilly et Lana Wachowski) se sont passionnés très tôt pour le noble Septième Art. Leurs réalisateurs de prédilection se nomment Alfred Hitchcock, Roman Polanski et Brian de Palma. En 1996, les frères Wachowski signent leur tout premier long-métrage, Bound, un thriller policier et nimbé de séquences érotiques.
Parallèlement, les deux cinéastes déploient un univers science-fictionnel fascinant et polysémique avec la trilogie Matrix, un savant mélange entre cyberpunk, action et de nombreuses considérations philosophiques. Aujourd'hui, c'est tout le premier chapitre, donc Matrix (1999), qui fait l'objet d'une chronique dans nos colonnes. En raison de son succès mondial, le film sera suivi par Matrix Reloaded (2003) et Matrix Revolutions (2003).
Dès sa sortie au cinéma, le premier Matrix s'octroie immédiatement le statut de film culte. Pour certains fans, Matrix appartient même à la catégorie de ces films multigénérationnels et donc aux grands classiques de l'univers science-fictionnel. Les critiques et la presse cinéma obliquent dans ce sens et se montrent unanimement panégyriques. Reste à savoir si Matrix, premier du nom, délivre bel et bien l'uppercut annoncé. Réponse dans les lignes à venir.
D'ailleurs, le long-métrage obtiendra de nombreuses distinctions et notamment plusieurs oscars : meilleur montage, meilleurs effets visuels, meilleur montage de son et meilleur mixage sonore (source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Matrix).
La distribution de Matrix réunit Keanu Reeves, Carrie-Anne Moss, Laurence Fishburne, Hugo Weaving, Gloria Foster, Joe Pantoliano, Marcus Chong et Matt Doran. Pour le rôle de Neo, finalement tenu par Keanu Reeves, plusieurs acteurs seront envisagés, notamment Johnny Depp, David Duchovny et Leonardo DiCaprio. De surcroît, le rôle de l'agent Smith sera proposé à Jean Reno, déjà sur le tournage du remake de Godzilla (sic...). La richesse de Matrix tient essentiellement dans son scénario, pour le moins ésotérique. Attention, SPOILERS ! Programmeur anonyme dans un service administratif le jour, Thomas Anderson devient Neo la nuit venue. Sous ce pseudonyme, il est l'un des pirates les plus recherchés du cyber-espace. A cheval entre deux mondes, Neo est assailli par d'étranges songes et des messages cryptés provenant d'un certain Morpheus.
Celui-ci l'exhorte à aller au-delà des apparences et à trouver la réponse à la question qui hante constamment ses pensées : qu'est-ce que la Matrice ? Nul ne le sait, et aucun homme n'est encore parvenu à en percer les defenses. Mais Morpheus est persuadé que Neo est l'Elu, le libérateur mythique de l'humanité annoncé selon la prophétie. Ensemble, ils se lancent dans une lutte sans retour contre la Matrice et ses terribles agents. C'est donc à partir de ce script foisonnant et exhaustif que les frères Wachowski éploient des références pléthoriques. Si le film propose une nouvelle variation du roman 1984 (George Orwell, 1948), il arbore d'autres ambitions technologiques, visionnaires et même révolutionnaires.
De surcroît, Matrix s'inspire largement de la thématique du miroir et donc de l'univers d'Alice au pays des merveilles (Lewis Carroll, 1865).
"Suis le lapin blanc", telle est la courte phrase emphatique qui apparaît sur l'ordinateur de Thomas Anderson, alias Neo. De facto, l'univers de Matrix est intrinsèquement relié à la philosophie et notamment à l'Allégorie de la Caverne (Platon). Autrement dit, notre monde civilisé, à priori bien réel, n'est qu'un leurre et un simulacre savamment déguisés par une nouvelle forme d'hégémonie, cette fois-ci régentée par les machines. Factice, notre société est façonnée et gouvernée par des machines provenant d'un univers parallèle. Bienvenue dans la Matrice !
Toutefois, depuis leur univers, les robots peuvent se fourvoyer à la réalité. De ce fait, Matrix emprunte aussi à la cosmologie via l'existence d'univers parallèles. Par conséquent, un tel film nécessite évidemment plusieurs niveaux d'analyse et fait appel à l'érudition du spectateur.
Ainsi, chacun pourra avoir sa propre vision de Matrix. Toujours est-il que le long-métrage s'inscrit dans cette culture numérique et technologique et donc sous le diktat des réseaux sociaux et du consumérisme. Certes, les contempteurs pourront tonner et pester contre toutes ces références pétulantes. Par exemple, Matrix s'inspire largement des films d'action asiatiques.
Ensuite, on pourra déplorer l'abondance d'effets visuels, ainsi qu'une certaine grandiloquence, notamment dans la manière d'agencer un scénario parfois un peu trop alambiqué. A cela, s'ajoutent de longues moralines philosophiques cherchant à décontenancer le spectateur avisé. Jamais une telle diatribe sur l'hédonisme ad nauseam et la technologie luxuriante n'aura autant ressemblé à la doxa qu'elle est censée vitupérer.
In fine, les différents interprètes, Keanu Reeves en tête, ne parviennent pas vraiment à transcender leurs personnages, par ailleurs eux aussi déshumanisés. Nouvel oxymore. De facto, difficile de se passionner et d'adhérer à leurs péripéties, ainsi que pour la mission quasi mystique de Thomas Anderson, appelé à devenir "l'Elu", soit celui qui doit nous débarrasser du joug des machines. Pourtant, la magie opère durant les deux heures et quinze minutes de bobine.
Rarement, un film de science-fiction n'aura visité et exploré autant de thématiques, déchaînant à la fois les passions, les débats, les discussions et les polémiques. Car Matrix, c'est aussi cette réflexion spinescente sur les forces incoercibles qui nous gouvernent, celles qui dictent nos choix, nos idées et nos pulsions, même les plus archaïques. Corsetés par leurs propres thématiques, Andy et Larry Wachowski ne retrouveront jamais cette fougue et cette nonchalance dans les (deux) épisodes qui viendront par la suite.
Note : 15/20
Pour le reste un premier film convaincant, bien moins tarabiscoté que ses suites. Pour l'avoir revu la semaine dernière, il n'est pas si compliqué que ça, il me paraît même plus clair désormais. Par contre les influences sont toujours aussi présentes que ce soit Ghost in the shell ou Terminator. Soit des oeuvres où le héros ou la machine doit se sacrifier pour pouvoir en finir avec sa quête. Quant aux personnages bien qu'ils soient volontairement confinés dans un statut je les trouve attachants.
Je pense que tu n'es pas au courant sinon tu y aurais peut être fait mention: Matrix va avoir droit à un reboot signé Zak Penn. Visiblement ils sont partis sur une prequelle de Morpheus. Cela sera vachement intéressant cette romcom avec Niobe...