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Genre : fantastique
Année : 1986
Durée : 1h45

Synopsis : New York 1976. King Kong gît au pied du World Trade Center. Il n'est pas mort et une équipe de médecins et chercheurs de l'Institut d'Atlanta le recueille et rétablit ses fonctions biologiques. Seulement Kong donne des signes de faiblesse et l'implantation d'un coeur artificiel s'impose. C'est alors qu'un aventurier, Hank Mitchell, découvre, dans la jungle de Bornéo, un gigantesque gorille femelle, Lady Kong qu'il revend à l'Institut. 

La critique :

La carrière cinématographique de John Guillermin débute dès la fin des années 1940. Pourtant, il lui faudra patienter jusqu'en 1957 pour connaître son premier succès, avec Traqué par Scotland Yard. Ainsi, John Guillermin devient le nouveau parangon de la série B. Il s'illustre notamment avec Le crime était signé (1958), La plus grande aventure de Tarzan (1959), Les Canons de Batasi (1964), Le Crépuscule des Aigles (1966) et Le Pont de Remagen (1969).
Puis, en 1974, le cinéaste britannique connaît enfin la consécration avec La Tour Infernale, un classique du cinéma catastrophe et d'action. Suite à cet immense succès commercial, les producteurs lui confient la réalisation du remake de King Kong en 1976.

John Guillermin a donc la lourde tâche de succéder à Merian C. Cooper et Ernest B. Schoedsack, solides réalisateurs du King Kong de 1933 et surtout les pionniers d'un nouveau genre, le monstre qui vient semer le chaos et la désolation dans la ville. Si King Kong s'inscrit dans le sillage et la dialectique de Le Monde Perdu (Harry O. Hoyt, 1925), il apparaît néanmoins comme un film novateur et aux grandes ambitions. Le long-métrage peut en effet s'appuyer sur l'érudition de Willis O'Brien, le maître (incontesté) de la stop-motion, celui qui formera (plus tard) un autre esthète du cinéma, Ray Harryhausen.
Mutin, John Guillermin reprend les grandes lignes du scénario original. Blockbuster oblige, le film s'octroie un casting de prestige et ne fait plus appel à la stop-motion. C'est donc un acteur qui endosse les oripeaux du costume de King Kong.

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Le procédé n'est donc pas nouveau. Jack Bernhard est même le tout premier cinéaste à employer de vulgaires quidams pour revêtir les carcasses en plastique de dinosaures et de tyrannosaures dans l'inénarrable L'Île Inconnue (1948). Certes, John Guillermin signe un remake probe et largement recommandable. Toutefois, cette nouvelle version ne possède pas la fougue, l'ingéniosité ni la nonchalance de son auguste modèle.
Mais peu importe, le King Kong de 1976 se solde, derechef, par un succès colossal. A contrario, le film désappointe les fans du matériel original, laissant un arrière-goût d'amertume. C'est dans ce contexte houleux et tempétueux que John Guillermin décide de signer une suite, King Kong 2, en 1986.

Pourtant, la fin du précédent King Kong ne laissait pas présager de nouvelles péripéties puisqu'on y voyait un gorille à l'agonie et périr sous les balles de militaires aguerris. De facto, difficile de comprendre le scénario de ce second chapitre, justement voué à l'opprobre et aux gémonies. Attention, SPOILERS ! (1) A Manhattan, King Kong escalade une des deux tours du World Trade Center, avec Dwan dans une de ses mains. Arrivé au sommet, il la dépose, et c'est le moment que choisissent les trois hélicoptères qui se trouvaient à proximité pour ouvrir le feu sur lui.
Affaibli par la multitude des impacts qu'il subit, King Kong réussit néanmoins à en détruire un. Mais ce dernier effort le fait vaciller et il chute dans le vide. Gisant aux pieds des deux tours
, le rythme cardiaque en constante diminution, jusqu'au silence le plus complet, le "roi Kong" est mort.

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Dix ans plus tard, à l'Atlanta Institute, des battements de cœur similaires se font entendre. Dans une salle chirurgicale hors normes, King Kong est là, allongé, le cœur faible, dans un profond coma, mais en vie. Des scientifiques viennent de mettre au point un coeur artificiel à la taille du malade. Mais malgré les 7 millions de dollars que vaut ce nouveau cœur, la transplantation ne peut se faire.
En effet, King Kong a perdu trop de sang et toute opération chirurgicale importante, sans une transfusion sanguine 
conséquente, l'enverrait à une mort certaine. C'est alors qu'un aventurier, Hank Mitchell, découvre, dans la jungle de Bornéo, un gigantesque gorille femelle, Lady Kong qu'il revend à l'institut. King Kong reçoit donc du sang de la part de la femelle, ce qui le fait sortir de son profond coma et King Kong va découvrir l'amour fou à ses côtés (1).

Inutile de le préciser, mais plus personne ou presque ne se souvient de King Kong 2... Et tant mieux ! Répudié et honni au moment de sa sortie, ce second chapitre se solde (logiquement) par un bide commercial. Jessica Lange et Jeff Bridges, les deux acteurs du remake de 1976, ne reprennent pas leurs rôles respectifs et sont donc remplacés par Linda Hamilton et Brian Kerwin, en mode cabotinage.
Pour la petite anecdote, King Kong 2 sera même nommé aux Razzie Awards pour les pires effets spéciaux. Sinon que retenir de cet incroyable navet ? Premièrement, l'affiche du film, qui montre le visage atrabilaire de King Kong, est auréolée de la mention suivante : "Il revient et il n'est pas content...". En outre, le vieux singe est plongé dans une sorte de sommeil léthargique. Non, suite aux péripéties du remake de 1976, King Kong n'est pas mort. 

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Heureusement, un autre primate vit dans la forêt du coin. Aussitôt dit, aussitôt fait. La femelle, une certaine Lady Kong (sic...) est kidnappée et laissée aux mains des scientifiques. Son sang permet de ressusciter le roi Kong. Mais les deux tourtereaux n'ont pas l'intention d'obéir doctement aux consignes de savants avilis par l'appât du lucre et du merchandising. S'ensuivent alors de longues saynètes oiseuses s'attardant largement sur les batifolages et les noces (j'exagère à peine...) des deux anthropoïdes.
On croit rêver ! Dans ce marasme cinématographique, même les effets spéciaux se révèlent désuets et obsolètes. On comprend mieux pourquoi ce second chapitre a été nominé aux Razzie Awards. A nouveau, King Kong et sa dulcinée devront se colleter avec l'armée. Heureusement, ils sont protégés par Linda Hamilton et son fiancé, farouchement engagés dans la cause écologiste. Bon, est-il nécessaire de s'appesantir plus longuement dans tous ces détails fastidieux ? 
En l'occurrence, King Kong 2 n'a même pas le charme d'un bon vieux nanar. Que dire de plus ? Ah oui... Si quelqu'un a aimé ce film, qu'il me téléphone de toute urgence...

Côte : Navet

sparklehorse2 Alice In Oliver