entretien avec un vampire

Réalisation : Neil Jordan

Année : 1994

Genre : Fantastique (interdit aux - 12 ans)

Durée : 2h02

Synopsis : Un jeune journaliste rencontre un homme étrange à l'allure aristocratique, qui va lui faire de biens étranges confidences et dévoiler un monde que le journaliste n'aurait jamais cru réel.

La critique :

Décidément, les fans d'histoires de vampires furent particulièrement gâtés en ce début des années 90. D'abord avec la version baroque du Dracula de Francis Ford Coppola puis, deux ans plus tard avec l'adaptation d'un roman d'Anne Rice écrit dans les années 70, et devenu une référence incontournable pour qui aime les suceurs de sang. Je parle du livre Interview With A Vampire, titre qui sera repris pour la version cinéma. Comble de bonheur, le film de Neil Jordan (qui avait déja oeuvré dans le fantastique durant les années 80 avec le très étrange La Compagnie Des Loups) s'offre un casting tout ce qu'il y a de plus royal : Brad Pitt, Antonio Banderas,Thandie Newton, Stephen Rea, ainsi que la française Laure Marsac pour un petit rôle (c'est la victime d'Armand dans la scène du théâtre).
A noter que le personnage du journaliste devait être interprété par River Phoenix, mais celui-ci décéda peu avant le début du tournage et fut remplacé par Christian Slater, qui reversa l'intégralité de son cachet à une association dont s'occupait River Phoenix.

En outre, le film est dédié à l'acteur défunt. Quant au personnage de Claudia, beaucoup de jeunes comédiennes auditionnèrent, dont Christina Ricci et Evan Rachel Wood, mais, ce fut finalement Kirsten Dunst qui fut l'heureuse élue.  Enfin, le rôle le plus convoité fut celui de Lestat, le cruel vampire. A l'origine, Anne Rice souhaitait qu'il soit joué par Rutger Hauer, mais, après que furent approchés Daniel-Day Lewis et Johnny Depp, ce fut Tom Cruise qui obtint le rôle à la surprise générale (le comédien n'avait jamais joué un personnage méchant).
L'histoire commence à San Francisco, par une nuit claire. Dans un appartement, un journaliste du nom de Daniel Malloy s'apprête à enregistrer les confidences d'un homme étrange, nommé Louis, qui lui avoue qu'il est un vampire.

brad-pitt-tom-cruise

 

Face à l'incrédulité du journaliste, l'homme raconte alors son parcours. C'est au sortir d'une taverne, durant le XVIIIe siècle, que Louis croise Lestat, un vampire cruel et cynique qui lui fait cadeau de la vie éternelle avant d'en faire son disciple. Mais Louis n'approuve pas cette existence à boire du sang humain et se refuse à tuer, ce qui provoque la colère de Lestat. Pourtant, un soir, Louis craque tandis qu'il tient une fillette dans ses bras et la mord au cou. Lestat, ayant assisté au spectacle, transforme l'enfant en vampire afin de s'assurer que Louis ne le quittera pas.
Le trio voit passer les années et les siècles. Si Claudia, la fillette, est une apprentie docile et prolifique, elle finit par se rebeller contre Lestat, à qui elle tend un piège.

Contraints de fuir, Louis et l'enfant qui, malgré son apparence physique de petite fille, est désormais une femme à l'intérieur, se rendent en Europe. Sur place, ils croisent le chemin d'un cirque dirigé par des vrais vampires aux ordres d'Armand, un immortel extrêmement puissant qui, immédiatement, souhaite faire de Louis son compagnon. Par son récit, Louis souhaite faire comprendre au journaliste que la vie d'immortel n'est pas plus simple que celle des humains, mais celui-ci, captivé par le récit, ne comprendra pas les choses de la même manière. Neil Jordan réalise une véritable plongée dans le monde de la nuit et des vampires avec une profondeur qu'aucun film n'a jamais atteint. 
Mais le film reste également sidérant par ses thématiques. Qu'une grosse production comme celle-ci n'hésite pas à parler ouvertement d'homosexualité, d'homoparentalité, voire d'inceste, sans jamais tenter de contourner ou même minimiser ces sujets ; demeure encore aujourd'hui totalement incroyable pour un film qu'on pourrait penser (à tort) formaté.

 

Lestat

 

Pourtant, les faits sont là : la relation qui unit Louis à Lestat ou même le désir qu'éprouve Armand pour le même personnage s'affiche sans ambiguïté. Le film évoque clairement une homosexualité sous-jacente. Ce n'est pas un hasard si Louis et Lestat sont devenus des emblèmes pour les couples homosexuels. Mais, outre ses thèmes brûlants et complexes, Neil Jordan n'en oublie pas pour autant qu'il réalise un film de genre et une histoire de vampire. Illustrant des scènes gothiques en diable en même temps que des passages parfois terrifiants (Lestat qui tombe dans le piège de Claudia et pourrit littéralement sur place), le film reste aussi une ode crépusculaire à l'amour. 
Porté par un casting absolument époustouflant (par exemple, Tom Cruise est simplement génial dans la peau de Lestat) et une réalisation somptueuse au service d'une histoire belle et terrifiante, Entretien Avec Un Vampire demeure un des meilleurs films de vampire et une oeuvre essentielle à découvrir de toute urgence.

Note : 18/20

 

titi Titi