massacre à la tronçonneuse (2003)

 

Genre : horreur, gore (interdit aux - 16 ans)
Année : 2003
Durée : 1h38

Synopsis : En 1973, lors d'une perquisition à la ferme de Thomas Hewitt, ancien employé de l'abattoir de Travis County, au Texas, la police découvrait les restes de 33 êtres humains. Cette effroyable trouvaille mit en émoi la population locale. Arborant les grotesques masques de chair de ses victimes et brandissant une tronçonneuse, le tueur fut macabrement surnommé Leatherface. Les autorités locales abattirent un homme portant un masque de cuir, mettant ainsi fin à l'affaire, mais au cours des années suivantes, plusieurs personnes accusèrent la police d'avoir bâclé l'enquête et d'avoir tué un innocent en toute connaissance de cause. Pour la première fois, la seule victime ayant survécu au massacre brise le silence et raconte ce qui est vraiment arrivé cette nuit-là, sur une route déserte du Texas, à cinq personnes qui sans le savoir, roulaient vers leur pire cauchemar

La critique :

1974, une date prééminente dans l'histoire du cinéma horrifique avec la sortie de Massacre à la Tronçonneuse, réalisé par Tobe Hooper. A la fois inspiré par un terrible fait divers (des victimes atrocement suppliciées et même dévorées par Ed Gein, une sorte de trublion du village) et affilié à la déliquescence d'une nation (la guerre du Vietnam et le scandale du Watergate, entre autres), Massacre à la Tronçonneuse marque durablement les persistances rétiniennes.
Tobe Hooper associe à son long-métrage un style quasi documentaire. Des étudiants insouciants sont victimes d'une famille de psychopathes et surtout d'un certain Leatherface, un homme masqué, vêtu des oripeaux de ses victimes et qui arbore une tronçonneuse rutilante.

Les tortures se déroulent sous un soleil de plomb et dans un trou paumé des Etats-Unis. En dépit des apparences, Massacre à la Tronçonneuse martèle un vrai discours politique et idéologique, celui de cette Amérique libertaire, hédoniste et en pleine décrépitude. La cause pacifiste, écologiste et eudémoniste doit l'emporter sur cette société de jadis, considérée comme hégémonique et totalitaire. Le mouvement hippie rêve de renverser le capitalisme. Il se leurre.
Il va en devenir l'instrument, l'idiot utile. Depuis la Shoah et les exactions de la Seconde Guerre Mondiale, nos pulsions archaïques restent invariablement identiques. Par sa fougue, sa nonchalance et son irrévérence, Massacre à la Tronçonneuse s'inscrit dans la dialectique et la rhétorique de Psychose (Alfred Hitchcock, 1964) et préfigure déjà cette tendance pour le voyeurisme.

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C'est sûrement pour cette raison que le film écope d'une interdiction aux moins de 18 ans. Honni et voué aux gémonies, le long-métrage est carrément banni dans plusieurs pays jusqu'à s'octroyer le statut de classique par la suite. Un oxymore. Vers le début des années 2000, le producteur Michael Bay décide de relancer les inimitiés avec un inévitable remake, par ailleurs homonyme. Marcus Nispel est donc choisi pour réaliser un nouveau Massacre à la Tronçonneuse en 2003.
A l'instar de son auguste épigone, ce remake marque une rupture rédhibitoire puisqu'il annonce l'avènement des remakes horrifiques au cinéma. Que ce soit La Colline A Des Yeux, Halloween, La Dernière Maison sur la Gauche, Evil Dead, Maniac, Poltergeist, Vendredi 13 ou encore Les Griffes de la Nuit, tous ces films cultes seront exhumés et même ressuscités, avec plus ou moins de notoriété, par cette oligarchie hollywoodienne.

Le but ? Faire renaître de leurs cendres ces grandes figures méphistophéliques de jadis. Une hérésie. L'objectif principal est évidemment d'appâter le public. Depuis les seventies, les roueries du capitalisme et du merchandising ne sont plus tout à fait identiques. Mais peu importe, Massacre à la Tronçonneuse version 2003 se solde par un immense succès commercial, engrangeant plus de 80 millions de dollars, rien qu'aux Etats-Unis. Sagaces, Michael Bay et Marcus Nispel souhaitent produire et réaliser un remake digne du matériel original. Reste à savoir si cette nouvelle version délivre, derechef, l'uppercut annoncé. Contrairement à Tobe Hooper, Michael Bay et Marcus Nispel s'adjoignent les services d'un casting hollywoodien et bien connu du grand public.

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Ainsi, la distribution du film réunit Jessica Biel, Jonathan Tucker, Erica Leerhsen, Mike Vogel, Eric Balfour et R. Lee Ermey. Cette fois-ci, point de diktat ni de pression exercée par la censure. En outre, Massacre à la Tronçonneuse (2003) écope d'une simple interdiction aux moins de 16 ans. Non, le remake ne s'inscrit pas dans cette Amérique exsangue encore courroucée par le scandale du Watergate, mais dans cette culture "geek" et régentée par Internet et les réseaux sociaux.
Nouvelle époque, nouvelles moeurs. De facto, le film recueille des critiques plutôt mitigées. Attention, SPOILERS ! En 1973, lors d'une perquisition à la ferme de Thomas Hewitt, ancien employé de l'abattoir de Travis County, au Texas, la police découvrait les restes de 33 êtres humains.

Cette effroyable trouvaille mit en émoi la population locale. Arborant les grotesques masques de chair de ses victimes et brandissant une tronçonneuse, le tueur fut macabrement surnommé Leatherface. Les autorités locales abattirent un homme portant un masque de cuir, mettant ainsi fin à l'affaire, mais au cours des années suivantes, plusieurs personnes accusèrent la police d'avoir bâclé l'enquête et d'avoir tué un innocent en toute connaissance de cause. 
Pour la première fois, la seule victime ayant survécu au massacre brise le silence et raconte ce qui est vraiment arrivé cette nuit-là, sur une route déserte du Texas, à cinq personnes qui sans le savoir, roulaient vers leur pire cauchemar. Que les choses soient claires. Si ce remake reste fidèle à l'histoire originale, il ne réédite pas le choc frontal de son illustre prédécesseur. 

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A contrario, certains fans se montrent plus pondérés et évoquent un remake probe et d'une redoutable perspicacité. Certes, en comparaison de tous ces remakes qui sortiront dans la foulée, Massacre à la Tronçonneuse (2003) s'avère tout à fait recommandable... A condition d'oublier, d'oblitérer et de phagocyter le chef d'oeuvre originel. Toujours la même antienne... Certes, ce remake partage de nombreuses accointances avec le long-métrage de Tobe Hooper.
En l'occurrence, Marcus Nispel s'approprie cette déréliction, celle qui conduira cinq amis vers la mort et la putréfaction. A l'instar de Tobe Hooper, Marcus Nispel réitère cet aspect documentaire et confère à son remake une tonalité putride et mortifère. Ainsi, les premières saynètes du remake sont nimbées d'imageries vespérales et en noir et blanc, nous rappelant brièvement l'atrocité des faits.

Puis, Massacre à la Tronçonneuse se transmute subrepticement en slasher de facture classique, nous conviant à sonder le périple de cinq amis partis en villégiature. Le scénario reste peu ou prou identique. A la seule différence que l'auto-stoppeur azimuté du premier a été copermuté par une jeune femme hystérique et suicidaire. Durant ses vingt premières minutes, le remake fait vaguement illusion. Notre petite bande de drogués se retrouvent, manu militari, avec un cadavre à l'intérieur de leur véhicule. Pourtant ici, point d'humanisme ni de complaisance.
La dépouille fétide de cette jeune femme anonyme est prestement jetée aux oubliettes. Joli portrait d'une jeunesse en déliquescence et assujettie à ses propres pulsions morbides. Mais l'horreur a un autre visage, celui de la famille Hewitt. Dès lors, la trajectoire de ce remake se révèle plutôt obsolète : une famille de dégénérés mentaux, un abattoir transformé en antre de l'horreur, un soupçon de cannibalisme et plusieurs séquences gore permettront de fermer les yeux sur l'inanité du scénario.
Hélas, à aucun moment, Massacre à la Tronçonneuse (2003) ne parvient réellement à transcender son récit ni la complexité de ses thématiques. Contrairement à son auguste devancier, le film n'émet aucun discours politique et idéologique. D'où l'impression parfois d'assister à un spectacle relativement chimérique.

Note : 12/20

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