Halloween-3-Le-sang-du-sorcier-affiche-9160

 

Genre : horreur, épouvante (interdit aux - 12 ans)
Année : 1982
Durée : 1h36

Synopsis : Un fabricant de masques d'Halloween met au point un plan démoniaque pour tuer des millions d'enfants avec ses masques

La critique :

Monteur, producteur, réalisateur, scénariste et même acteur à ses heures perdues (souvent dans des seconds rôles), Tommy Lee Wallace est un fervent admirateur de John Carpenter. Il travaille même plusieurs fois avec le cinéaste, notamment sur les tournages de Halloween, la nuit des masques (1978) et The Fog (1980). Tommy Lee Wallace se spécialise principalement dans les séries télévisés (Flipper le dauphin et L'enfer du Devoir) et les séries B horrifiques (Vampires, vous avez dit Vampires 2 ? et Vampires 2 : Adieu Vampires). Mais c'est en 1990 que le metteur en scène bâtit sa notoriété avec Ca, un téléfilm d'épouvante adapté du célèbre opuscule de Stephen King.
En tant que réalisateur, Tommy Lee Wallace signe son tout premier long-métrage en 1982. Ce sera Halloween 3 : le sang des sorciers.

Tommy Lee Wallace a donc la lourde tâche de succéder à John Carpenter et à Rick Rosenthal (Halloween 2 en 1981). Toutefois, le cinéaste fait appel à l'érudition de John Carpenter et Debra Hill pour griffonner le scénario d'Halloween 3. Ce troisième chapitre doit à tout prix se démarquer de ses augustes devanciers et renouveler une franchise déjà moribonde. Si Halloween 2 respectait bel et bien l'essence et les préceptes de la saga, le long-métrage a unanimement désappointé les fans du matériel original.
D'ailleurs, le même Halloween 2 ne s'est pas vraiment soldé par le succès escompté. Encore une fois, Tommy Lee Wallace a pour ambition de vider la saga de sa substance et de proposer une histoire totalement différente. C'est dans cette dialectique que le scénario d'Halloween 3 évince promptement le personnage de Michael Myers, le croquemitaine au masque d'albâtre. 

halloween-3-11-g

Tout d'abord rétifs, John Carpenter et Debra Hill confient le script à Nigel Kneale, un scénariste proverbial, notamment pour avoir écrit la série des Bernard Quatermass pour le compte de la Hammer. Par son concept, Halloween 3 fait office d'épisode indocile et discordant dans une saga intrinséquement reliée au masque machiavélique de Michael Myers. Si au moment de sa sortie, le film engrange des recettes astronomiques, il divise néanmoins l'opinion.
Certains spectateurs fustigent les directions spinescentes de ce troisième opus. A contrario, d'autres critiques exaltent un long-métrage probe et courageux qui propose une autre relecture de la franchise. Ainsi, le scénario d'Halloween 3 offre une nouvelle vision de cette fête macabre et à priori, les épisodes suivants seront conçus pour suivre la même rhétorique.

John Carpenter et Debra Hill refusent de s'enliser dans une saga lucrative et mercantile exploitant à satiété les meurtres perpétrés par le croquemitaine décérébré. A l'instar d'Halloween 2, ce troisième film désappointera à son tour les fans du matériel original. Dépité, John Carpenter délaissera définitivement la franchise pour se concentrer sur de nouvelles activités cinématographiques. Cependant, le scénario d'Halloween 3 préfigure déjà les premières ébauches du script de Prince des Ténèbres (1987), à savoir cet intérêt pour ces forces méphistophéliques qui viennent s'immiscer dans une petite communauté. La distribution de ce troisième volet réunit Tom Atkins, Stacy Nelkin, Dan O'Herlihy, Michael Currie, Ralph Strait, Jardeen Barbor et Brad Schacter. 
Attention, SPOILERS ! (1) Un homme, avec un masque d’Halloween à la main, est amené à l’hôpital après avoir été poursuivi par de mystérieuses personnes. 

images

Quelques heures plus tard, il est violemment assassiné dans son lit d’hôpital. Le docteur Dan Challis, qui s’occupait du patient avant sa mort, tente de rattraper le meurtrier. Mais celui-ci est stupéfait de voir l’homme se suicider dans sa voiture. Intrigué, il va alors mener son enquête, avec l’aide d’Ellie Grimbridge, la fille de l’homme assassiné, pour découvrir les vrais raisons du meurtre. Ils font alors le trajet jusqu’à la ville de Santa Mira, où les masques d’Halloween sont fabriqués.
Sur place ils vont découvrir les plans diaboliques de Conal Cochran, le fabricant de jouets 
(1). Premier constat, Halloween 3 rompt littéralement avec la dialectique anônnée par les deux premiers chapitres. Le slasher est évincé au profit d'un film d'épouvante et ancré dans une invasion sournoise et irréfragable, un peu à la manière de L'Invasion des Profanateurs de Sépultures (Don Siegel, 1956).

Certes, la trame scénaristique est toujours reliée à la fête d'Halloween, mais point de Michael Myers dans ce troisième opus, comme si ce dernier n'avait jamais existé. Un choix en guise de couperet qui désarçonnera les fans et confinera Halloween 3 dans les affres des oubliettes. A tel point qu'aujourd'hui, certaines critiques parlent d'un film maudit, incompris et injustement tancé au moment de sa sortie. Il faut dire aussi que le scénario brille par ses amphigourismes et ses directions épineuses.
Non seulement, il est question d'une invasion infrangible, mais aussi de sorcellerie, de magie et de masques d'Halloween conçus pour transformer les habitants en androïdes sociopathiques. 
Déjà en 1982, Tommy Lee Wallace brocarde et admoneste le pouvoir des médias, à l'image de ces slogans publicitaires érigeant les citrouilles d'Halloween comme des objets de sacralisation et de divination.
Mais Halloween 3, c'est aussi ce rapport consubstanciel que chaque individu entretient avec son propre masque, soit la thématique inhérente de la saga depuis le premier chapitre. Bref, en dépit des apparences et surtout d'un scénario un brin alambiqué, Halloween 3 se révèle plutôt réussi et surtout attachant, notamment dans sa manière de renouveler une entreprise en déshérence. 
Par ses choix et son refus de céder à l'appât du lucre et du merchandesing, ce troisième opus interloquera les fans et divisera (encore une fois) l'opinion. Clairement, un troisième long-métrage atypique dans la saga.
Certains l'abhorrent, d'autres à l'inverse exaltent sa nonchalance et son irrévérence. J'appartiens donc à la seconde catégorie.

Note : 14/20

sparklehorse2 Alice In Oliver

(1) Synopsis du film sur : https://fr.wikipedia.org/wiki/Halloween_3