les hommes d'une autre planète

 

Genre : science-fiction 
Année : 1976

Durée : 1h24

Synopsis : Un jeune garçon découvre dans un souterrain une statuette vieille de 3000 ans représentant Yak Wat Jang, le ''Gardien du Temple''. Dans le même temps, des extraterrestres s'apprêtent à envahir la Terre. Pour ce faire, ils s'emparent de la ''Pierre Solaire'' qui se trouve dans le même souterrain et qui va leur permettre d'activer une arme terrifiante depuis la base qu'ils ont installée sur la Lune. Mais la statuette va intervenir en grandissant démesurément et, avec l'aide d'un robot géant américain, viendra à bout des malfaisants aliens.   

La critique :

Qui ne se souvient pas des X-Or, Bioman, Power Rangers et autres Maskman ? Autant d'intitulés qui évoquent le Super Sentaï, plus communément appelé le sentaï, un genre qui connaît son apogée, au Japon, dès 1975, avec Guranger, une série télévisée qui va inspirer et engendrer de nombreux épigones. Le scénario ? Toujours la même antienne. Un héros ou un groupe de super-héros, souvent d'origine extraterrestre, doi(ven)t combattre les forces du mal sur notre bonne vieille planète. Le but - même pas dissimulé - de ces forces lucifériennes ?
Conquérir le monde ! Quant aux forces en présence, par ailleurs nimbées de couleurs bigarrées et extravagantes, elles se caractérisent par leurs formes les plus cocasses et invraisemblables.

Finalement, qu'ils se nomment X-Or, Flashman, Turboranger ou encore Fiveman, tous ces super-héros infatués ne sont que les cicatrices indélébiles de l'atomisation d'Hiroshima pendant la Seconde Guerre Mondiale. 
Bien des décennies après la bombe nucléaire canonnée par l'Oncle Sam, le Japon ne s'est toujours pas remis de cette blessure indissoluble. C'est dans cette dialectique que plusieurs auteurs nippons créent et inventent des super-héros aux pouvoirs incommensurables et surtout capables de pérenniser une Nation menacée de néantisation.
En 1975, la Shaw Brothers délivre un coup de massue qui va être fatidique et rédhibitoire, non seulement pour le cinéma asiatique en particulier, mais aussi pour le monde du "nanar" et autres friandises abominables en général. 

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Son nom ? Super Inframan, réalisé par Shan Hua. L'histoire ? Derechef, est-il absolument nécessaire d'évoquer, dans ces lignes, l'inanité et la vacuité du scénario ? En résumé, des démons veulent s'emparer de la Terre. Heureusement, le Japon possède son arme fatale et elle se nomme Super InframanLe "film" - vraiment un terme à guillemeter et à minorer - inspire un autre avatar. Son nom ? Les hommes d'une autre planète, réalisé par un certain Hung Min Chen, en 1976.
Seule réelle divergence avec Super Inframan et consorts, Les Hommes d'une Autre Planète - aka Mars Men - n'est pas une production japonaise, mais une pellicule taïwanaise. Les Taïwanais sauront-ils réhausser le niveau déjà moribond - pour être gentil - de Super Inframan et proposer un spectacle digne de nom ?

Bon autant, l'annoncer de suite. La réponse est évidemment négative, situant Les Hommes d'une autre Planète dans les confins des épigrammes et de la nanardise en puissance, quitte à contrarier l'hégémonie irréfragable du même Super Inframan. Mais que l'homme de caoutchouc se rassure... Pardon... Que l'homme de métal se rassure. 
Les hommes d'une autre planète ne parvient pas à ébranler son omnipotence. Toutefois, attention à ne pas euphémiser l'uppercut asséné par Les Hommes d'une autre planète. L'air de rien, avec cette pellicule dégénérée, Hung Min Chen atteint un niveau d'absurdité et d'incompétence filmiques rarement égalées au cinéma.
A tel point que l'on finirait presque par regretter les qualités très rudimentaires de Bioman et autres sentaï écervelés. 

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C'est dire la cancrerie du spectacle qui nous est proposée. Au fil des années, Les hommes d'une autre planète s'est arrogé le titre de nanar culte et tient une place prééminente sur le site Nanarland. Inutile de mentionner la distribution du film, à moins que vous connaissiez les noms de Yen Chiang Lung, Wang Pao Yu, Yeh Hsiao, Fang Yen et Ro Gei, mais j'en doute... Maintenant, la question est de savoir si je vais commettre l'irréparable et vous proposer le synopsis du film, en sachant qu'il se résume évidemment de la façon suivante : Des méchants dépêchés de la planète Mars qui veulent envahir qui... ? La Terre. Pourquoi ? Bon, merci d'éviter les questions un peu trop sourcilleuses.
Et évidemment deux gentils, soit une statuette bouddhiste - mais enfin, pourquoi ??? - et un robot américain se coalisent pour combattre les forces du mal.

Plus sérieusement, le speech du film est donc le suivant. Attention, SPOILERS ! Un jeune garçon découvre dans un souterrain une statuette vieille de 3000 ans représentant Yak Wat Jang, le ''Gardien du Temple''. Dans le même temps, des extraterrestres s'apprêtent à envahir la Terre. Pour ce faire, ils s'emparent de la ''Pierre Solaire'' qui se trouve dans le même souterrain et qui va leur permettre d'activer une arme terrifiante depuis la base qu'ils ont installée sur la Lune. 
Mais la statuette va intervenir en grandissant démesurément et, avec l'aide d'un robot géant américain, viendra à bout des malfaisants aliens. Bien conscient des écueils scénaristiques de sa pellicule ainsi que de son budget famélique, Hung Min Chen n'a pas pour vocation de s'éterniser trop longuement sur ses protagonistes. 

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Une fois le décor planté, à savoir une sorte de caillou esseulé dans le vide intersidéral - à l'image du film quoi - la statuette bouddhiste, issue de longues investigations archéologiques, atteint une taille paroxystique. Tout d'abord suspicieuse, la poupée en bois... Pardon... La statuette complètement "nazebroque" ferraille avec Jumborg Ace, l'androïde dépêché par l'Oncle Sam. Un combat homérique peut alors s'engager... Pardon... Un combat abêti jusqu'à l'extrême et l'infamie peut enfin débuter, le tout sous le regard hébété du spectateur, ulcéré par autant d'indigence. 
Car c'est aussi cela Les hommes d'une autre planète. Après une petite demi-heure de présentation des lieux et des personnages, le film enchaîne enfin sur ce qu'il sait faire de mieux... Pardon, je répète... Le film enchaîne enfin sur ce qu'il sait faire de pire : la baston entre deux monstres croquignolets qui enchaînent les bourre-pif ad nauseam. La séquence s'étale au moins sur 45 minutes de bobine non-stop ! Bientôt, les deux aliens sont affublés de deux dinosaures avariés et d'un grand méchant à la chevelure hirsute ! Dans cette bisserie caoutchouteuse et d'une stupidité à toute épreuve, Hung Min Chen ne nous refuse aucune excentricité et ce... Pour notre plus grand BONHEUR !!! 
Vous l'avez donc compris. On tient là un nanar pur jus, si j'ose dire, et qui bat allègrement toute la concurrence, pourtant déjà bien lymphatique, en termes de nanardise et d'incompétence. Seul Super Inframan peut s'enorgueillir de détenir le trône et le fameux Saint Graal. Mais l'élève n'a pas à rougir de la comparaison avec son maître.

Côte : Nanar

sparklehorse2 Alice In Oliver