Genre : Horreur (interdit aux - 16 ans)
Année : 2000
Durée : 1h48
Synopsis : Deux soeurs inséparables voient leur vie et leur amitié basculer lorsque l'une des deux se fait mordre par un loup-garou et devient progressivement un animal tandis que l'autre fera tout pour l'aider.
La critique :
Le constat peut paraître cruel et pourtant, c'est un fait : les bons films sur nos amis les loups garous sont assez rarissimes. Hormis quelques classiques, la plupart des oeuvres sombrent le plus souvent dans le nanar total ou le navet intégral. Je pense notamment à la saga Hurlements qui, hormis le premier excellent épisode de Joe Dante, ne possède pas franchement une réputation flatteuse. Toutefois, au début des années 2000, une petite production totalement inattendue nommé Ginger Snaps, parvient à susciter l'enthousiasme de la presse et notamment les journalistes du magazine Mad Movies.
En outre, le film sera séléctionné au Festival Fantastique de Gérardmer et sortira directement en vidéo, affublé d'une affiche complètement à côté de la plaque.
Oeuvre venue du Canada, Ginger Snaps est signé John Fawcett, un habitué du petit écran et des séries télévisées, dont c'est le premier film. Il récidivera quelques années plus tard avec The Dark où il dirigera Sean Bean et Maria Bello. Tourné avec un budget réduit, le film réunit Katharine Isabelle (vue notamment dans Freddy Contre Jason) et Emily Perkins. Ce nom ne vous dit probablement rien, pourtant, elle interprétait le personnage de Beverly Marsh enfant dans le téléfilm de Mick Garris, Ca/Il Est revenu. A noter qu'on retrouve également au casting Mimi Rogers.
L'histoire est assez simple. Attention, SPOILERS ! Ginger et Brigitte Fitzgerald sont deux soeurs du même âge qui vivent dans une paisible bourgade. Mais les adolescentes sont unis par un lien très fort, semblable aux siamois.
De fait, elles demeurent inséparables et ne se quittent pratiquement jamais. Elles ont également en commun une fascination pour la mort. Possédant leur monde bien à elle, les jeunes filles ne cherchent surtout pas à se mélanger aux autres personnes. Leur jeu favori est d'imaginer leur propre mort. Tandis que Brigitte prend des photos, sa soeur s'illustre dans des tableaux macabres, comme lorsqu'elle veut faire croire qu'un piquet de clôture lui a transpercé le ventre.
Les frangines ne s'occupent donc pas de ce qui se passe autour d'elles. Pourtant, depuis un certain temps, les habitants vivent dans la terreur, car un animal semble rôder et massacre tous les chiens du quartier. Un soir, Ginger est mordue sous les yeux de sa soeur qui en reste pétrifiée. Dès lors, la transformation s'effectue progressivement.
L'adolescente change aussi bien physiquement que mentalement. Les garçons commencent à tourner autour de Ginger et l'un d'eux est même contaminé par l'adolescente. Pendant ce temps, Brigitte tente de gérer la situation en cherchant un remède pour sa frangine. Malgré un postulat assez classique, Ginger Snaps s'avère plus complexe qu'il n'y paraît, notamment en décrivant la relation très particulière qui unit les deux soeurs Fitzgerald. Le scénario tente même un parallèle finalement assez judicieux entre le moment où Ginger a ses premières règles et celui où elle est mordue (deux instants cruciaux qui tombent, donc, quasiment en même temps).
Si le premier élément amène un changement dans la vie de l'adolescente qui devient désormais une femme, il s'accompagne aussi d'une métamorphose conséquente à la lycanthropie.
Quant à Brigitte, c'est une jeune fille totalement effacée derrière sa soeur, qui la suit comme son ombre et obéit à tous ses ordres. Jusqu'au moment où elle va devoir elle-même prendre des décisions importantes qui vont amener des changements dans sa vie. Pour le première fois, elle a un ami, ce qui provoque la jalousie de Ginger. Tous ces points intéressants sont malheureusement contrebalancés par un montage peu maîtrisé et effroyablement télévisuel (John Fawcett trahit grandement son passif de faiseur du petit écran). Pour ne rien arranger, les acteurs ne sont vraiment pas à la hauteur (mention spéciale à Mimi Rogers qui cabotine dans le rôle d'une mère de famille) et le film échoue clairement à instaurer la moindre ambiance. Imparfait, mais malgré tout intéressant, Ginger Snaps se suit surtout grâce à quelques bonnes idées, des maquillages réussis et des scènes gore et sauvages du plus bel effet (le film est interdit aux moins de 16 ans et c'est plutôt justifié). Malgré son statut de production désargentée, le film obtiendra tout de même un succès assez important, du moins en vidéo, pour que deux suites, tournées simultanément, soient réalisées dans la foulée.
Note : 11/20