Genre : horreur, épouvante (interdit aux - 12 ans)
Année : 2016
Durée : 2h13
Synopsis : Lorraine et Ed Warren se rendent dans le nord de Londres pour venir en aide à une mère qui élève seule ses quatre enfants dans une maison hantée par des esprits maléfiques. Il s'agira d'une de leurs enquêtes paranormales les plus terrifiantes.
La critique :
Les années 2000 et 2010 ne marquent pas seulement l'apogée du torture porn (en particulier Saw et Hostel), mais aussi le grand retour du paranormal et du found footage. Impression corroborée par l'immense succès de la saga Paranormal Activity et de nombreux succédanés (V/H/S, Grave Encounters, Evil Things et The Tunnel, entre autres). Cette myriade de productions horrifiques, la plupart du temps impécunieuses, se traduit également par la renaissance de l'épouvante à l'ancienne, celle de Poltergeist (Tobe Hooper, 1982), de La Malédiction (Richard Donner, 1976) et d'Amityville, la maison du Diable (Stuart Rosenberg, 1979).
Et c'est ce qu'a parfaitement compris James Wan. Jadis, le réalisateur avait sonné le tocsin du torture porn avec Saw (2004) premier du nom.
Mais le cinéaste ne souhaite pas rééditer cet exploit au box-office ni s'enliser dans cette franchise spécieuse et mercantile. James Wan s'oriente vers une horreur plus classique et conventionnelle, comme l'atteste la sortie du trop méconnu Dead Silence en 2007. Si le film ne s'octroie pas spécialement les ferveurs du grand public, il trouve néanmoins ses fans par l'intermédiaire des vidéos et des réseaux sociaux. James Wan s'ingénie dans cette fascination pour le paranormal.
La sortie d'Insidious en 2011 confirme cette dilection du grand public pour les activités démonologiques, cette fois-ci nimbées par l'onirisme et les fantasmagories cauchemardesques. C'est, plus ou moins, dans cette dialectique que se situe Conjuring : les dossiers Warren en 2013. Le long-métrage se solde par un succès colossal au box-office américain.
Mieux, ce nouvel élan populaire retentit un peu partout dans le monde. Dès lors, James Wan devient le nouveau parangon de l'épouvante. Peu après la sortie du film, une suite, donc Conjuring 2 : le Cas Endfield (2016), est d'ores et déjà annoncée par les producteurs. Le métrage sort dans la foulée d'Annabelle (John R. Leonetti, 2014), conçu comme le spin-off du premier Conjuring. A l'instar de son auguste épigone, Conjuring 2 se solde à son tour par un succès triomphal dans les salles obscures. Le long-métrage s'inspire toujours des dossiers traités par les époux Warren et, comme le titre l'indique, du cas Endfield, l'un des faits divers les plus étudiés par la parapsychologie.
La distribution de ce second chapitre réunit Patrick Wilson et Vera Farmiga (déjà présents dans le premier opus).
Viennent également s'ajouter Sterling Jerins, Frances O'Connor, Madison Wolfe, Lauren Esposito, Simon McBurney et Franka Potente. Attention, SPOILERS ! (1) En 1977, le désormais célèbre couple de démonologues, Ed et Lorraine Warren, vient d'achever son enquête sur la maison d'Amityville. Très éprouvée par les horreurs dont elle a été témoin, la médium Lorraine Warren éprouve une nouvelle fois le besoin de mettre sa "carrière" en pause, et de s'en tenir avec son époux à un rôle de consultant. Pourtant, quelques mois plus tard, l'Église fait appel à eux pour aider une famille de la banlieue de Londres, les Hodgson, victimes dans leur maison de phénomènes paranormaux.
Il devient rapidement clair que Janet, la plus jeune fille des Hodgson, est le centre de ces phénomènes paranormaux.
Mais pour la première fois de sa carrière, Lorraine Warren est incapable d'établir ou non la présence d'une entité démoniaque. L'enquête du couple s'oriente dans un premier temps vers l'ancien propriétaire de la maison, Bill Witkins, qui semble pouvoir prendre le contrôle de Janet. Mais cette explication ne convainc ni Lorraine Warren qui pressent quelque chose d'encore plus menaçant, ni la presse locale qui s'est emparée de l'affaire. Pour ces derniers, les Hodgson ont tout inventé.
Sous la menace de voir leur réputation entachée et malgré la persistance de phénomènes particulièrement violents et terrifiants, les Warren décident de quitter Londres. Mais un nouvel élément vient rapidement faire basculer la situation (1). Pour ce second volet, pas question de changer une formule qui gagne et rapporte de précieux capitaux.
En résumé, on prend les mêmes (ou presque...) et on recommence... Tout du moins, avec une histoire différente. En outre, les fans du premier chapitre seront en terrain connu et quasiment conquis. Premier constat : James Wan n'a rien perdu de son érudition. En l'occurrence, son style est immédiatement identifiable. Le cinéaste se focalise toujours autant sur les jeux d'ombres et de lumière. Ici, la figure méphistophélique se tapit dans la pénombre, quelque part entre une cave inondée et les recoins d'un grenier. James Wan a parfaitement compris et analysé les arcanes primordiaux de cette malédiction, celles qui s'emparent de la plèbe, d'une famille modeste, et plus précisément d'une fillette de 12 ou 13 ans (tout au plus). Finalement, Conjuring 2, c'est le grand retour de L'Exorciste (William Friedkin, 1973) dans les salles de ciné, avec cette introspection sur une famille disloquée et désagrégée par la mort du Patriarcat.
Le démon se nourrit de nos propres failles. Telle est la rhétorique pérorée par Ed Warren à une mère éplorée et dépassée par les délires lucifériens de sa progéniture. Conjuring 2, c'est aussi ces références pléthoriques au cinéma d'Alfred Hitchcock avec ce sens inné du suspense. A l'instar du cinéaste britannique, James Wan s'appesantit sur chaque menu détail et déploie un scénario alambiqué, sur fond de manipulations démonologiques. Ainsi, la parapsychologie se heurte à la psychiatrie sur fond de névrose hystérique. En dépit de ses habiles subterfuges, ce nouveau cas d'ésotérisme ne leurre pas sur la qualité de la marchandise. La recette ânonnée par James Wan reste toujours, à quelques nuances près, identique. D'où l'impression d'assister à un spectacle, certes efficace, mais relativement chimérique.
A cette allure, la saga The Conjuring devrait se décliner, un jour ou l'autre, en série télévisée. D'ailleurs, à ce sujet, un Conjuring 3, sur fond de loup-garou et de lycanthropie, est d'ores et déjà en pré-production.
Note : 12/20