Genre : horreur, épouvante (interdit aux - 12 ans)
Année : 2016
Durée : 1h21
Synopsis : Petite, Rebecca a toujours eu peur du noir. Mais quand elle est partie de chez elle, elle pensait avoir surmonté ses terreurs enfantines. Désormais, c'est au tour de son petit frère Martin d'être victime des mêmes phénomènes surnaturels qui ont failli lui faire perdre la raison. Car une créature terrifiante, mystérieusement liée à leur mère Sophie, rôde de nouveau dans la maison familiale. Cherchant à découvrir la vérité, Rebecca comprend que le danger est imminent… Surtout dans le noir.
La critique :
Depuis maintenant une petite dizaine d'années, on assiste au grand retour du paranormal en vidéo et dans les salles obscures. Impression corroborée par l'immense succès de la saga Paranormal Activity, la renaissance de Blair Witch (Adam Wingard, 2016) récemment et surtout, par l'hégémonie de James Wan dans le cinéma horrifique. Après un bref détour par le torture porn (Saw en 2004), le cinéaste se passionne pour la parapsychologie, comme l'attestent les sorties de Dead Silence (2007), Insidous (2011), Insidious : chapitre 2 (2013), Conjuring : les Dossiers Warren et Conjuring 2 : le cas Endfield (2016). Evidemment, toutes ces productions horrifiques inspirent de nombreux succédanés, notamment le remake de Poltergeist (Gil Kenan, 2015), Sinister (Scott Dericksson, 2012), Annabelle (John R. Leonetti, 2014), ou encore Ouija (Stiles White, 2015), pour ne citer que ces exemples.
Vient également s'ajouter Dans le Noir (Lights Out de son titre original), réalisé par David F. Sandberg en 2016. Le film est l'adaptation d'un court-métrage homonyme déjà conçu par les soins du même cinéaste. Mutin, David F. Sandberg s'adjoint les services de James Wan pour le tournage et la production du film. Dans le Noir s'inscrit donc dans le sillage et la continuité de Conjuring et de ses nombreux avatars. La distribution du film réunit Teresa Palmer, Gabriel Bateman, Billy Burke, Maria Bello, Alexander DiPersia et Andi Osho. Nanti d'un modeste budget (à peine cinq millions de dollars), le long-métrage se solde par un succès commercial au box-office américain.
De surcroît, il suscite également les ferveurs de nombreux fans et des réseaux sociaux.
En revanche, le long-métrage ne bénéficiera pas d'une sortie dans nos salles hexagonales. Précédé d'une excellente réputation, Dans le Noir serait le ou l'un des meilleurs films d'horreur de l'année 2016. A contrario, les critiques et la presse cinéma se montrent beaucoup moins enthousiastes et admonestent une pellicule anomique. En outre, le scénario du film est de facture basique et conventionnelle. Attention, SPOILERS ! Petite, Rebecca a toujours eu peur du noir.
Mais quand elle est partie de chez elle, elle pensait avoir surmonté ses terreurs enfantines. Désormais, c'est au tour de son petit frère Martin d'être victime des mêmes phénomènes surnaturels qui ont failli lui faire perdre la raison. Car une créature terrifiante, mystérieusement liée à leur mère Sophie, rôde de nouveau dans la maison familiale.
Cherchant à découvrir la vérité, Rebecca comprend que le danger est imminent… Surtout dans le noir. Autant l'annoncer de suite. Autant le court-métrage originel brillait par sa nonchalance, sa fougue et son irrévérence ; autant la version longue (à peine une heure et vingt minutes de bobine pourtant...) brille par son inanité et sa vacuité. Pourtant, tous les ingrédients sont présents pour ériger Lights Out au panthéon du genre horrifique. David F. Sandberg a parfaitement saisi la genèse et la quintessence de la démonologie, à savoir ce lien intrinsèque avec la généalogie familiale.
Tout le mystère de cette nouvelle présence méphistophélique se trouve dans les réminiscences d'un passé marqué par la douleur, l'hystérie et la psychasthénie mentale. C'est donc le passé tourmenté d'une mère (Sophie) qui semble dicter la trame scénaristique de Lights Out.
Curieusement, David F. Sandberg choisit de se centrer sur les péripéties de sa fille, Rebecca. Indocile, la jeune femme part à la rescousse de son petit frère, Martin, à son tour victime de phénomènes surnaturels (je renvoie au synopsis) et menacé par l'ombre démoniaque d'une présence comminatoire. A l'instar de James Wan, David F. Sandberg se languit de cette dichotomie entre les ténèbres et la lumière. Malheureusement, le cinéaste se contente de reprendre les codes habituels du genre, qu'il exploite à satiété : une famille tarabustée par une créature luciférienne dont elle ne parvient pas à se débarrasser, des cris d'orfraie, des portes qui claquent sans raison apparente, des lumières qui s'éteignent inopinément... Bref, pas de quoi pavoiser ni sursauter de son siège !
Dans le Noir souffre inévitablement de la comparaison avec ses augustes épigones.
Paradoxalement, le long-métrage pâtit probablement de la présence de James Wan, l'ombre du réalisateur planant invariablement sur le film. Hélas, Dans le Noir n'est pas le nouveau Conjuring, loin de là. A aucun moment, David F. Sandberg ne parvient à retrouver la fulgurance et la transcendance de son court-métrage originel. D'où l'impression d'assister à une production vidée de sa substance. Pourquoi le cinéaste a-t-il choisi de se focaliser sur le personnage de Rebecca ?
A contrario, pourquoi Sandberg n'a pas opté pour la mère, la seule protagoniste à présenter une once d'intérêt dans cette production famélique ? Certes, on relève ici et là quelques saynètes anxiogènes, notamment lorsque la marâtre communique avec ce démon du passé. Une excellente idée hélas prestement éludée. En l'état, Dans le Noir se révèle beaucoup trop apathique pour susciter l'adhésion. Si le film n'est pas forcément un navet indigeste, il n'en demeure pas moins une pellicule absconse et obsolète.
Note : 08/20