Genre : horreur, gore (interdit aux - 16 ans)
Année : 1989
Durée : 1h21
Synopsis : Dans les Caraïbes, des activités peu recommandables mettent en péril l'équilibre de la jungle alentour. En effet, une entreprise déverse ses fûts toxiques dans les marais du coin. Les preuves du désastre en main, et prêt à ouvrir le procès, un groupe d'écolos des plus mémorables va rencontrer le fruit de cette pollution : un crocodile géant.
La critique :
Fabrizio De Angelis est souvent considéré comme le ou l'un des experts du cinéma bis italien. Après un bref détour par l'érotisme (Black Emanuelle autour du monde en 1977 en tant que producteur), le réalisateur se spécialise principalement dans l'action, la science-fiction et l'horreur. Dès 1979, Fabrizio De Angelis participe à plusieurs longs-métrages notables, notamment L'Enfer des Zombies ou Zombi 2 de Lucio Fulci. Mais le film n'est pas conçu comme la suite du célèbre film de George A. Romero.
Qu'à cela ne tienne, l'année suivante, le metteur en scène confirme sa fascination pour les macchabées putrescents et cannibales avec La Terreur des Zombies, toujours sous l'égide de Fulci. Mais c'est surtout au début des années 1980 que le cinéaste italien connaît une ascension fulgurante.
L'Au-Delà (Lucio Fulci, 1981), La Maison près du Cimetière (Lucio Fulci, 1981), Les Nouveaux Barbares (Enzo G. Castellari, 1982) et L'Eventreur de New York (Lucio Fulci, 1982) lui permettent de travailler avec d'illustres réalisateurs transalpins. C'est surtout avec Lucio Fulci que Fabrizio De Angelis s'aguerrit derrière la caméra. Puis, vers la fin des années 1980, le producteur décide de se tourner vers l'horreur aquatique avec Killer Crocodile, sorti en 1989.
La distribution de cette bisserie impécunieuse ne réunit pas des acteurs très célèbres, à moins que vous connaissiez les noms de Richard Anthony Crenna, Ann Douglas, Sherrie Rose, Ennio Girolami, Julian Hampton et Van Johnson, mais j'en doute. En outre, le scénario du film est à la fois basique et de facture conventionnelle.
Attention, SPOILERS ! Dans les Caraïbes, des activités peu recommandables mettent en péril l'équilibre de la jungle alentour. En effet, une entreprise déverse ses fûts toxiques dans les marais du coin. Les preuves du désastre en main, et prêt à ouvrir le procès, un groupe d'écolos des plus mémorables va rencontrer le fruit de cette pollution : un crocodile géant. Inutile de le préciser, mais Killer Crocodile s'inscrit dans la vague (c'est le cas de le dire...) de Les Dents de la Mer (Steven Spielberg, 1975).
Trois ans après ce blockbuster aquatique, Tobe Hooper, le fameux réalisateur de Massacre à la Tronçonneuse (1974), signe Le Crocodile de la Mort. Le saurien devient alors le nouveau parangon de la terreur. C'est dans ce contexte que sont réalisées de nombreuses productions reptiliennes, notamment le bien nommé Crocodile (Sompote Sands, 1980), L'incroyable alligator (Lewis Teague, 1982), ou encore Le Dieu Alligator (Sergio Martino, 1980).
En vérité, Killer Crocodile pourrait s'apparenter à une version reptilienne de Les Dents de la Mer. D'ailleurs, la bande originale de cette bisserie, composée par les soins de Riz Ortolani, n'est qu'une copie avariée et éhontée de la musique stridulente et comminatoire de John Williams, à quelques nuances près. Pourtant, malgré un budget limité, le film de Fabrizio de Angelis a de grandes ambitions. Le long-métrage a pour vocation de s'expatrier en dehors de ses frontières transalpines.
Ce qui explique son casting essentiellement composé d'acteurs américains. C'est aussi pour cette raison que Fabrizio De Angelis sévit sous le pseudonyme de Larry Ludman. Au moins, le réalisateur et producteur italien va directement à l'essentiel. Dès l'introduction, Fabrizio De Angelis choisit de montrer la complexion gargantuesque de son animal de service.
Contrairement à Steven Spielberg, qui avait opté pour la suggestion d'une agression sous-marine, Fabrizio De Angelis dévoile les yeux et le visage de sa créature sous-marine dès les premières minutes de bobine. Un choix pour le moins déroutant. Visiblement, le cinéaste semble très fier de son animal mécanique, certes aux proportions démesurées, mais hélas maladroitement activé par des techniciens probablement avinés. Ainsi, Killer Crocodile se résume à une toute une série de saynètes ubuesques, gore et amphigouriques. A l'instar de Steven Spielberg, Fabrizio De Angelis nimbe sa pellicule racoleuse d'un discours politique et écologique.
Les incroyables rotondités du crocodile seraient les conséquences délétères d'expérimentations chimiques et nucléaires. Sur ce dernier point, le film ne nous épargne pas les caricatures habituelles.
Le héros principal du film doit se colleter avec plusieurs politiciens véreux qui ont décidé d'exploiter le bayou du coin à des fins lucratives. Toujours la même ritournelle scénaristique... Dans ce désastre cinématographique, les acteurs peinent à surnager (si j'ose dire). Il faudra donc se contenter d'un Anthony Richard Crenna en mode cabotinage. Pour le reste, on préférera fermer les yeux et les oreilles sur les dialogues abscons et les nombreuses conversations sibyllines.
Heureusement, Fabrizio De Angelis ponctue régulièrement son récit de nombreuses attaques et de séquences de tripailles. Derechef, le réalisateur italien ne fait pas dans la complaisance et se montre plutôt magnanime. Même les jeunes bambins sont affreusement dévorés et déchiquetés par les crocs acérés du saurien. Pourtant, en dépit de son statut de nanar décérébré, le film trouvera son public et ses fans (mais enfin, qui sont-ils ?) par l'intermédiaire de la vidéo.
C'est dans ce contexte qu'une suite, Killer Crocodile 2, sera réalisée par les soins de Giannetto de Rossi en 1991, et avec Fabrizio De Angelis dans le rôle principal.
Côte : Nanar