freddy les griffes de la nuit

 

Genre : horreur, épouvante (interdit aux - 12 ans)
Année : 2010
Durée : 1h35

Synopsis : Nancy, Kris, Quentin, Jesse et Dean habitent Elm Street, au coeur d'une banlieue résidentielle semblable à des milliers d'autres - paisible, proprette et sans histoire... Mais depuis quelques temps, ces cinq jeunes sont hantés chaque nuit par le même cauchemar oppressant : un homme à la voix caverneuse surgit des ténèbres. Vêtu d'un t-shirt rouge et vert lacéré, il dissimule sous un vieux chapeau son visage atrocement brûlé et défiguré. Sa main droite, gantée, est munie de quatre longues griffes d'acier plus tranchantes que des lames de rasoir.   

La critique :

Le sort funeste de Freddy Krueger était inévitable... Déjà, par le passé et pour les besoins du marketing et du merchandising, le producteur américain, Michael Bay, avait ressuscité plusieurs figures méphistophéliques, notamment Leatherface pour le remake de Massacre à la Tronçonneuse (Marcus Nispel, 2003) et Jason Voorhees pour le remake de Vendredi 13 (Marcus Nispel, 2009). 
Michael Bay s'inscrit finalement dans le sillage et la continuité de Freddy sort de la nuit (Wes Craven, 1994). La renaissance du croquemitaine griffu est donc intrinsèquement reliée au bon vouloir de ses propres démiurges. Seul bémol et pas des moindres, Wes Craven, le concepteur originel, a abandonné sa plume, laissant le soin à Michael Bay de produire le remake de Les Griffes de la Nuit (1984).

Ce sera Freddy : les Griffes de la Nuit, réalisé par Samuel Bayer en 2010. En l'occurrence, le cinéaste américain s'est surtout distingué dans l'univers musical, signant plusieurs clips vidéos - notamment Smells Like Teen Spirit - pour le groupe Nirvana. Plus de quinze années se sont écoulées depuis le dernier chapitre en date. Wes Craven agonit Michael Bay et ses prosélytes d'injures. Le réalisateur n'est même pas consulté pour le scénario de ce remake.
A contrario, Robert Englund, le célèbre interprète du boogeyman, jubile et voit, à travers cette nouvelle version, de nouvelles opportunités scénaristiques. En effet, Freddy : Les Griffes de la Nuit a pour vocation de moderniser son croquemitaine au visage lacéré et carbonisé. Toutefois, l'acteur ne souhaite pas rempiler ni revêtir les oripeaux et les griffes acérées de cette créature onirique.

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Il cède donc sa place à un certain Jackie Earle Haley, qui avait déjà auditionné pour la version de 1984. Viennent également s'ajouter Rooney Mara, Kyle Galiner, Kattie Cassidy, Thomas Dekker, Kellan Lutz et Clancy Brown. A l'instar des remakes de Massacre à la Tronçonneuse et de Vendredi 13, Freddy : les Griffes de la Nuit se solde à son tour par un succès commercial. A tel point qu'une suite est rapidement envisagée en 2012, mais est finalement annulée.
A l'inverse, le long-métrage récolte presque unanimement des critiques défavorables. Il semblerait que cette nouvelle version, sous l'égide de Michael Bay, souffre de la comparaison avec le film de Wes Craven. Attention, SPOILERS ! Nancy, Kris, Quentin, Jesse et Dean habitent Elm Street, au coeur d'une banlieue résidentielle semblable à des milliers d'autres - paisible, proprette et sans histoire...

Mais depuis quelques temps, ces cinq jeunes sont hantés chaque nuit par le même cauchemar oppressant : un homme à la voix caverneuse surgit des ténèbres. Vêtu d'un t-shirt rouge et vert lacéré, il dissimule sous un vieux chapeau son visage atrocement brûlé et défiguré. Sa main droite, gantée, est munie de quatre longues griffes d'acier plus tranchantes que des lames de rasoir.
Petit retour en arrière. La sortie de Les Griffes de la Nuit en 1984 marque un tournant rédhibitoire dans l'univers étriqué du slasher. Pour la première fois au cinéma, une créature hideuse et sociopathique s'invite dans les cauchemars de jeunes éphèbes. 
Sagace, Wes Craven en profite pour égratigner et saigner la middle-class américaine et une décennie - donc les années 1980 - sous la férule de l'hédonisme, du consumérisme et du glas du Patriarcat. 

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C'est par ailleurs la grande faiblesse de Freddy : les Griffes de la Nuit. Ce remake est vidé de sa substance originelle. Freddy Krueger ne se résume, ici, qu'à une créature de cauchemars. Certes, Samuel Bayer reprend tous les ingrédients qui ont érigé le succès de la saga : l'apparition inopinée de Freddy, du sang qui coule sur les murs, des griffes menaçant une étudiante dans son propre bain, puis un retour impromptu vers un passé lointain... Celui qui a conduit Freddy Krueger à exhaler son dernier soupir dans les flammes de l'enfer... Mais, à aucun moment, ce remake n'opère cette dichotomie ni ce procédé de distanciation entre le monde des adultes et celui d'adolescents résolument indociles. 
Certes, Samuel Bayer mise sur le passé humain et psychopathique de Freddy Krueger, un pervers et un sadique assassiné au nom de la vindicte parentale. 

En outre, il est bien question ici de pédophilie. Mais le sujet, pour le moins épineux, est seulement suggéré par la caméra d'un réalisateur un peu trop pondéré. Cette pédophilie sous-jacente est hélas rapidement éludée par Samuel Bayer, comme si le film devait à tout prix ne pas heurter les âmes sensibles. N'est pas Wes Craven qui veut. En l'état, le long-métrage possède un vrai potentiel, mais Bayer évite de se glisser sur un chemin trop escarpé. Sur la forme comme sur le fond, Freddy : les Griffes de la Nuit s'apparente à un slasher classique, trop classique... pour convaincre sur la durée. 
Ce remake ne retrouve jamais la nonchalance et l'irrévérence de son auguste épigone. Seule petite consolation, Jackie Earle Haley parvient à faire oublier Robert Englund et à transcender le croquemitaine furibond. La suite au prochain épisode ?

Note : 09/20

sparklehorse2 Alice In Oliver