Phantasm

 

Genre : horreur, fantastique (interdit aux - 12 ans)
Année : 1979

Durée : 1h28

Synopsis : Jody 24 ans et Mike de 10 ans son cadet sont deux frères qui ont perdu leurs parents très tôt. L'aîné fait partie d'un groupe avec ses amis Ritchie et Tommy. Lorsque ce dernier meurt dans des circonstances mystérieuses, Jody et Ritchie se retrouvent aux funérailles. Mais la morgue, dirigée par un énigmatique croque-mort géant, semble recéler bien des mystères. Le jeune Mike assiste alors à des événements qui vont attiser sa curiosité et l'entraîner, lui et ses amis, dans une aventure cauchemardesque. 

La critique :

Hé oui, au bout de plusieurs mois d'absence en tant que chroniqueur, je suis de retour. Mais ce retour se fera en douceur. Quel paradoxe pour un dégénéré de la pellicule ! Je vous demanderai donc d'être très indulgent sur la qualité pour le moins douteuse de cette chronique vu que je suis quelque peu rouillé, pour ne pas dire proche de la casse niveau inspiration. Aujourd'hui, n'ayez crainte. Point de film extrême au programme. Films qui m'ont valu une réputation de cinéphile psychopathe, il est vrai, non usurpée. Non aujourd'hui, c'est d'un petit classique du cinéma fantastique que j'aimerais vous parler, à savoir Phantasm, réalisé en 1979 par Don Coscarelli. Coscarelli avait 24 ans lorsqu'il a réalisé cette oeuvre étrange.
Aurait-il pu se douter que son premier essai serait le meilleur de sa filmographie ? Pas sûr... Phantasm est une oeuvre qui joue pleinement sur les peurs enfantines : le noir, la mort, les êtres malveillants, les bâtisses isolées et surtout la présence cauchemardesque d'un croque-mort effrayant, The Tall Man, interprété par Angus Scrimm.

Avec le temps et à travers la franchise Phantasm qui s'instaura par la suite, The Tall Man acquit une très grande notoriété, à tel point qu'il est considéré comme l'un des boogeymen les plus terrifiants de l'histoire du cinéma. Mis à part Angus Scrimm, les autres acteurs au générique sont d'illustres inconnus. Attention, SPOILERS ! Judy et son frère Mike ont perdu leurs parents très jeunes. L'aîné fait partie d'un groupe de rock amateur et s'occupe de son mieux de son cadet.
Tommy, un des membres du groupe, meurt lors de circonstances mystérieuses. Les obsèques se déroulent dans un vaste funérarium isolé où sévit un croque-mort géant à la mine patibulaire. Tenu à l'écart de la cérémonie, Mike surprend au travers de ses jumelles le croque-mort soulever seul le cercueil avec une facilité déconcertante. Poussé par la curiosité, il s'introduit dans la morgue la nuit suivante. Dès son arrivée, il est confronté à des événements inexplicables, surnaturels même.

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Il découvre un univers parallèle où l'immense croque-mort règne en maître absolu sur des êtres étranges, où une sphère métallique voltige dans les couloirs du bâtiment afin de percer le crâne des visiteurs trop curieux. Echappé d'extrême justesse à cette nuit infernale, Mike court raconter son aventure à Jody. Au début incrédule, le frère aîné va bien être obligé de se rendre à l'évidence, et l'existence des deux frangins ainsi que celle de leur ami Reggie, va basculer dans une autre dimension.
Si l'on analyse froidement la chose, Phantasm n'est ni plus ni moins qu'une bonne série B à la réalisation certes très inventive, mais pour le moins brouillonne. Le manque de moyens saute aux yeux (ainsi la scène où un insecte mécanique attaque les protagonistes frise le ridicule) et le film emprunte des chemins torturés et sinueux pour arriver à ses fins : faire flipper le spectateur. Et pourtant, au fil des décennies, ce film est devenu un véritable objet de culte chez les amateurs de fantastique. Pourquoi ?

En revoyant le film, on comprend que, malgré tous ses défauts, Phantasm possède un atout majeur : il fait peur au sens viscéral du terme. Oscillant constamment entre chimère et réalité, ce film nous plonge dans un monde surréaliste. Un monde comme on s'en inventait lorsqu'on était gamin avant de s'endormir dans le noir. Wes Craven reprendra d'ailleurs un peu les mêmes codes lorsqu'il réalisera Les Griffes de la Nuit. Les événements qui se déroulent sous nos yeux sont-ils tangibles ou ne sont-ils que le fruit de la trop fertile imagination du jeune Mike ?
Le réalisateur brouille les pistes à loisir jusqu'à en abuser un peu trop même. Ici, le scénario n'a pas pour vocation d'être crédible mais de nous faire ressentir un maximum de frissons (et ça marche), de nous mettre en quelque sorte à la place du jeune Mike qui se trouve confronté à des événements qui le dépassent. Coscarelli met le paquet dans les symboliques des peurs enfouies en chaque enfant qui sommeille en nous : une morgue mystérieuse, des nains morts-vivants, une boule sphérique qui vrille les cervelles et surtout un croque-mort, superbement interprété par l'impressionnant Angus Scrimm, qui procure une flopée de sueurs froides tout au long du métrage.

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Le tout est foisonnant, chaotique mais qu'importe, le spectateur pris dans ce maelström de situations improbables se prend au jeu et finit par adhérer à cette histoire qui part un peu dans tous les sens. Phantasm est donc un digne représentant de ce que l'on caractérisait autrefois comme un film d'épouvante. Hélas, plus jamais dans les films suivants, Don Coscarelli ne parviendra à retrouver ses sommets d'angoisse. Quoique Phantasm 2 soit tout à fait recommandable.
Loin d'être aussi connu qu'Halloween et Vendredi 13, ses congénères de la même époque, Phantasm mérite vraiment le détour car rarement un film fantastique n'aura été aussi original et déroutant. Si vous ne l'avez jamais vu, je vous invite à le découvrir d'urgence, d'autant plus que le dvd français vient enfin de sortir après des années d'attente. Mais attention, pour bien apprécier ce film, il conviendra de le regarder seul, dans le noir, en retrouvant son âme d'enfant et d'essayer de se souvenir de ce qui nous faisait vraiment peur au moment de fermer les yeux quand nous étions gosses...

Note : 15.5/20

TumblingDollOfFlesh Inthemoodforgore