Genre : shockumentary, trash, documentaire, "Mondo" (interdit aux - 18 ans)
Année : 1998
Durée : 1h24
Synopsis : Des Etats-Unis à la Colombie, en passant par la Russie, le Libéria ou encore la Corée du Sud, Banned From Television montre des images et des séquences provenant de vidéos amateurs ou de caméras de surveillance que vous ne verrez jamais à la télévision, pour cause de violence et de censure.
La critique :
Oui, je sais ce que vous devez penser, gloser, pérorer et pontifier... Encore un shockumentary extrême dans les colonnes de Cinéma Choc ! Encore ! Pis, le blog réitère une ancienne chronique, à savoir Banned From Television, réalisé par la diligence de Freddie Francis en 1998. Pourquoi itérer derechef une ancienne chronique de Cinéma Choc ? Telle est la question idoine. Quotidiennement, l'administrateur du blog, dans son incompétence crasse, est à la recherche de nouvelles pellicules trash et underground. Contre toute attente, on trouve toute une pléthore de shockumentaries, de "Mondo" et de death movies sur le site YouTube. C'est donc sur ce site référentiel que nous avons pu visionner Banned From Television. Hélas, à l'instar des autres sites présents sur la Toile, YouTube n'est pas exempt de tout grief. En outre, la vidéo visionnée était une sorte de condensé des trois premiers volets (à savoir Banned from television, Banned from television 2 et Banned from television 3).
L'omission a pu justement être appréhendée en regardant les deux autres chapitres consécutifs. Il était donc temps de rectifier cette carence impardonnable. L'auteur de ces lignes tient donc à se récuser pour cette impéritie. Cela ne vous a probablement pas échappé. En l'espace de quelques semaines, quelques mois, le blog est devenu l'expert chevronné du "Mondo" et du shockumentary. A ce sujet, Cinéma Choc détient sans doute le record de death movies chroniqués dans toute la blogosphère française. Un triste record en somme... Que les adulateurs du site (mais enfin qui sont-ils ?) se rassérènent. Non, à travers cette chronique fastidieuse, nous ne commettrons pas l'offense de réitérer la genèse et l'historique du "Mondo", même s'il sied de rappeler que c'est le film Mondo Cane (Gualtiero Jacopetti, Franco Prosperi et Max Cavalara, 1962) qui acte et officialise la naissance de ce genre impertinent.
Le syllogisme du "Mondo" obéit peu ou prou à la même ritournelle. Ce sous-registre du cinéma underground propose un panorama des us et des coutumes à travers le monde. Tantôt virulentes, tantôt truculentes, tantôt outrecuidantes, les saynètes érubescentes louvoient entre le gore, le pittoresque et les parties d'agapes et de priapées. Sur la forme, le "Mondo" s'approxime à une analyse sociologique de notre société hédoniste et contemporaine, avec ses forces, ses oxymorons et ses carences. Sur le fond, le "Mondo" s'avoisine davantage à un documentaire transi de fatuité. Le "Mondo" a surtout pour velléité de flagorner notre appétence pour la scopophilie à tous crins.
Bien conscients de ce nouveau phénomène, Gualtiero Jacopetti et Franco Prosperi décident de se polariser sur la paupérisation du continent africain.
Ainsi, Africa Addio (1966) et Les Négriers (1971) franchissent un palier supplémentaire dans la turpitude et l'indécence. Cette fois-ci, le "Mondo" dérive vers le snuff animalier via des supplices pratiqués sur des animaux. Hélas, les parties de chasse, les saynètes d'écurage et d'équarrissage ne sont pas truquées, mais bien réelles. Les frères Castiglioni (Angelo et Alfredo) font preuve d'opportunisme et proposent à leur tour un périple mortuaire sur les terres africaines via Mondo Magic (1975), Africa Ama (1971) et Addio Ultimo Uomo (1978). Puis, après avoir amplement exploré les vicissitudes de l'Afrique, le "Mondo" oblique vers le continent asiatique via le bien nommé Shocking Asia (Rolf Olsen, 1974). Formellement, ce shockumentary s'apparente à un avatar de Mondo Cane, avec toutefois une appétence pour les bacchanales et la concupiscence.
Même la ville de Saint-Tropez relève du tabou, de la censure et de la polémique faisandée via l'inénarrable Saint-Tropez Interdit (José Bénazéraf et Georges Cachoux, 1985). Le concept du "Mondo" sera donc dévoyé à toutes les sauces (si j'ose dire...). Entre les requins (Great White Death, Jean-Patrick Lebel, 1981), les dangers de la savane (Savage Man Savage Beast, Antonio Climatti et Mario Morra, 1975), les extravagances du monde occidental (Mondo Bizarro, Lee Frost, 1966) et même les "freaks" (Je ne suis pas un monstre, Kirby Dick, 1987), le "Mondo" a encore de beaux jours devant lui. Preuve en est avec Banned from television, soit le shockumentary qui nous intéresse aujourd'hui. Comme le stipule l'intitulé, ce "documenteur" amalgame toute une pléthore de saynètes scabreuses, souvent filmées à l'improviste et que vous ne verrez jamais sur votre écran de télévision.
L'Oncle Sam aura le droit aussi à son "Mondo" frelaté avec L'Amérique Interdite (Romano Vanderbes, 1977). En raison de ses séquences âpres et virulentes, Banned From Television a évidemment écopé de l'ultime réprobation, soit une interdiction aux moins de 18 ans. C'est un certain Freddie Francis qui fait office de metteur en scène. Pourtant, impossible de trouver des informations, même élusives, sur ce cinéaste adventice. Voilà pour l'anecdote superfétatoire ! Toujours est-il que les deux chapitres consécutifs seront réalisés et produits dans la foulée. En outre, Banned From Television fait voeu d'allégeance auprès des thuriféraires du cinéma underground.
Ce shockumentary est un long-métrage rarissime, activement prisé et recherché par les collectionneurs les plus patentés.
Nous sommes donc ici en présence d'un long-métrage quasiment introuvable, à moins de déverser l'intégralité de sa pécune sur un site comme EBay. Reste à savoir si Banned From Television mérite - ou non - qu'on s'y attarde. Réponse à venir dans les lignes de cette chronique... Attention, SPOILERS ! Des Etats-Unis à la Colombie, en passant par la Russie, le Libé ria ou encore la Corée du Sud, Banned From Television montre des images et des séquences provenant de vidéos amateurs ou de caméras de surveillance que vous ne verrez jamais à la télévision, pour cause de violence et de censure. Au moins, Banned From Television ne badine pas avec les séquences chocs et outrancières. A chaque instant, ce shockumentary côtoie les lisières morbides du death movie via plusieurs assassinats filmés sur le vif. C'est même le préambule de ce "documentaire".
Un terroriste (à priori mexicain) tient en joue un nourrisson devant les yeux médusés de la police. Contre toute attente, le renégat est occi par un inspecteur pour le moins téméraire. Le jeune poupin sera rédimé, certes dans les larmoiements et encore hébété par la violence de l'homicide. Pour le reste, Banned From Television propose toute une kyrielle de snuffs animaliers. Pour ceux qui ne supportent pas les violences proférées contre la faune et la flore, merci de quitter lestement leur siège et de retourner gentiment dans leurs pénates ! Lors d'une corrida, c'est un taureau furibond qui écorne et enfourche une pauvre mijaurée, l'animal projetant à plusieurs reprises l'infortunée contre le sol.
La jeune femme ensanglantée en sortira miraculeusement indemne, néanmoins avec quelques écorchures. Puis, c'est une nageuse qui est happée par un requin. Enfin, c'est un pachyderme qui assaille et écrase sans raison les propriétaires d'un cirque. Le mastodonte sera finalement abattu par la police. Est-il absolument opportun de s'appesantir davantage sur les privautés et les sinistres détails ? Pas vraiment si ce n'est que Banned From Television n'est pas exempt de tout grief. Ce shockumentary est volontiers racoleur et complaisant. Ainsi, chaque saynète âpre et érubescente est montrée plusieurs fois et même au ralenti... Pourtant, au détour de toutes ces belligérances, un témoin oculaire s'interroge sur toutes les turpitudes commises par notre humanité en déliquescence.
Désormais, notre barbarisme à tous crins sera filmé, diffusé et rediffusé sur la Toile, comme si notre obséquiosité était désormais la victime piaculaire de notre propre intempérance pour l'hédonisme et le consumérisme.
Note : 12/20
Merci