Hannibal

 

Genre : thriller, policier, horreur (interdit aux - 12 ans)
Année : 2001

Durée : 2h05

Synopsis : Il y a dix ans, le docteur Hannibal Lecter s'échappait de sa cellule. Clarice Starling, agent du FBI sur la touche, n'a pas oublié sa rencontre avec lui, sa présence troublante et le son grave de sa voix qui hantent toujours ses nuits. Mason Verger, un ancien patient, se souvient également d'Hannibal, puisqu'il a été sa quatrième victime. Malgré le fait qu'il ait été atrocement défiguré et mutilé, il a survécu. Il nourrit sa vengeance depuis dix ans. Devenu extrêmement riche, il promet une récompense de trois millions de dollars pour quiconque le repérera. L'inspecteur Rinaldo Pazzi lui téléphone pour l'informer de sa présence en Italie. En effet, après avoir changé d'identité, Hannibal est devenu le conservateur d'un musée à Florence. Et pour attirer ce dernier dans ses filets, Mason connaît un appât irrésistible : Clarice Starling. L'heure de la vengeance va peut-être sonner. 

La critique :

A tort, Le Silence des Agneaux (Jonathan Demme, 1991) est souvent considéré comme le tout premier chapitre de la saga Hannibal Lecter. En vérité, le film de Jonathan Demme est le second volet d'une pentalogie et est précédé par Manhunter - Le Sixième Sens (Michael Mann, 1986), qui suivait déjà les pérégrinations criminelles du Docteur Hannibal Lecter. Au moment de sa sortie, Le Silence des Agneaux se solde par un succès triomphal au box-office.
Le scénario du film n'est finalement qu'un avatar de Massacre à la Tronçonneuse (Tobe Hooper, 1974) à travers les exactions d'un tueur en série, Buffalo Bill, le digne épigone d'Ed Gein, le boucher de Plainfield. Dès 1997, une suite à Le Silence des Agneaux est déjà annoncée par les producteurs mercantiles.

Ce sera Hannibal, un troisième chapitre réalisé par les soins de Ridley Scott, l'illustre démiurge d'Alien, le huitième passager (1979). A l'instar de Le Silence des Agneaux, le film est aussi l'adaptation d'un roman homonyme de Thomas Harris. Mais rapidement, Jodie Foster, qui interprète Clarice Starling, un agent du FBI, émet de sérieux doutes sur sa participation. Sur ce dernier point, le producteur d'Hannibal, Dino de Laurentiis, fait preuve de médiumnité.
Ce dernier est persuadé que l'actrice n'endossera pas à nouveau les oripeaux de cette jeune femme vaillante et opiniâtre. Jodie Foster accepte de participer au tournage contre la "modique" somme de vingt millions de dollars et à condition de toucher un bénéfice de 15% sur les recettes du film (Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Hannibal_(film).

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Evidemment, l'interprète essuie un véritable camouflet et les remerciements courtois d'un Dino de Laurentiis ulcéré par autant de pusillanimité. Plusieurs actrices seront envisagées pour incarner l'agent Clarice Starling, notamment Cate Blanchett, Angelina Jolie, Michelle Pfeiffer, Gillian Anderson, Ashley Judd ou encore Helen Hunt... Mais sans succès. Seul le choix de Julianne Moore fait l'unanimité et satisfait pleinement Anthony Hopkins. Le tournage d'Hannibal peut enfin débuter.
Hormis Julianne Moore et Anthony Hopkins, la distribution du film réunit Ray Liotta, Gary Oldman, Frankie R. Faison, Giancarlo Giannini et Francesca Neri. A l'instar de son devancier, Hannibal se soldera à son tour par un succès commercial au box-office. Cependant, les critiques et la presse cinéma se montrent beaucoup plus pondérées.

Attention, SPOILERS ! Il y a dix ans, le docteur Hannibal Lecter s'échappait de sa cellule. Clarice Starling, agent du FBI sur la touche, n'a pas oublié sa rencontre avec lui, sa présence troublante et le son grave de sa voix qui hantent toujours ses nuits. Mason Verger, un ancien patient, se souvient également d'Hannibal, puisqu'il a été sa quatrième victime. Malgré le fait qu'il ait été atrocement défiguré et mutilé, il a survécu. Il nourrit sa vengeance depuis dix ans.
Devenu extrêmement riche, il promet une récompense de trois millions de dollars pour quiconque le repérera. L'inspecteur Rinaldo Pazzi lui téléphone pour l'informer de sa présence en Italie. En effet, après avoir changé d'identité, Hannibal est devenu le conservateur d'un musée à Florence. Et pour attirer ce dernier dans ses filets, Mason connaît un appât irrésistible : Clarice Starling. 

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L'heure de la vengeance va peut-être sonner. Changement de style et changement de réalisateur pour ce troisième volet de la saga Hannibal Lecter. Les fans du film de Jonathan Demme attendaient impatiemment la suite des aventures du docteur anthropophage. Dès l'introduction, Ridley Scott a le mérite de brouiller les pistes. La gloire est éphémère, semble nous dire le cinéaste. En effet, Le Silence des Agneaux signait la consécration de Clarice Starling après l'arrestation de l'abominable Buffalo Bill.
Cette fois-ci, l'agent intrépide doit affronter les acrimonies et les quolibets de la presse et même du FBI après le décès accidentel d'un collègue. Une déliquescence qui n'échappe pas à Hannibal Lecter, toujours en contact avec Starling. Désormais, le sociopathe le plus recherché du monde vit en Italie dans les décors somptueux et majestueux de Florence.

Pour Ridley Scott, c'est l'occasion ou jamais d'auréoler ce monstre insaisissable d'une aura méphistophélique et comminatoire. Jamais un serial killer n'aura autant ressemblé à une créature démoniaque (Dracula, entre autres...) de la Hammer. Ainsi, Hannibal Lecter apparaît comme une ombre maléfique, un peu à la manière du tueur de M le Maudit (Fritz Lang, 1932), une autre référence du film. Anthony Hopkins incarne doctement son personnage et porte presque le film à lui tout seul sur ses larges épaules. Toutefois, attention à ne pas euphémiser l'excellente prestation de Julianne Moore qui parvient à faire oublier la présence de Jodie Foster. Derechef, Ridley Scott s'ébaudit de cette dissonance et de cette relation intangible entre Starling et Lecter. Mais le passé a ses propres résonances...
Mason Verger, un milliardaire atrocement défiguré et un ancien patient de Lecter, a juré la perte du psychiatre cannibale. 

De facto, le scénario d'Hannibal s'apparente à une série de fausses pistes, de jeux de manipulations et, in fine, à une banale histoire de vengeance. En outre, le long-métrage de Ridley Scott déçoit surtout dans sa dernière partie, le cinéaste transformant le banquet funèbre en une série d'agapes et de priapées sanguinolentes. De ce fait, difficile de ne pas être légèrement désappointé par les directions spinescentes de ce troisième opus. Mais ne soyons pas trop sévères. 
Avec Hannibal, Ridley Scott confère à sa créature démonologique une aura quasi surnaturelle, un peu à la manière d'un Friedrich Wilhelm Murnau avec Nosferatu le Vampire (1927). Malicieux, le cinéaste nous gratifie de plusieurs saynètes éloquentes, à l'image de ce flic un peu trop présomptueux, éventré puis pendu. On ne défie pas le psychiatre impunément. Après avoir échappé de justesse au courroux de Verger, Hannibal s'esbignera, tel un démon évanescent. Au moins, on ne pourra pas reprocher à Ridley Scott, cette volonté d'étayer un personnage atypique, rappelant parfois Le Fantôme de l'Opéra d'Arthur Lubin (1943).

Note : 14/20

sparklehorse2 Alice In Oliver