Kalifornia

Genre : Thriller (interdit aux moins de 16 ans)

Année : 1992

Durée : 1h53

Synopsis : Brian, un jeune étudiant, prépare un ouvrage sur les tueurs en série. Pour cela, lui et sa compagne Carrie partent en virée pour visiter tous les lieux les plus macabres. Ils effectuent ce voyage en covoiturage avec Early et sa petite amie Adele. Mais Brian et Carrie ignorent que Early est en réalité un psychopathe. 

La critique :

Kalifornia, réalisé en 1992, est la première réalisation de Dominic Sena. Ce film assez méconnu sera un échec commercial lors de sa sortie. Quelque part, Kalifornia semble avoir un peu inspiré le film d’Oliver Stone, Tueurs Nés, sorti 2 ans plus tard. D’ailleurs ce n’est pas un hasard si on retrouve Juliette Lewis au casting. On a également Brad Pitt qui, à l’époque, n’est pas encore la superstar d’aujourd’hui, ainsi que David Duchovny et Michelle Forbes. Attention SPOILERS !
Brian étudie avec fascination les serials killers. Il cherche avant tout à comprendre quel est le leitmotiv qui les pousse à commettre des meurtres. Il décide alors d’écrire un ouvrage sur le sujet et pour cela, il s’embarque avec sa compagne Carrie dans une virée automobile pour visiter les lieux les plus sordides ayant été les théâtres des meurtres les plus sanglants.

Cependant, Brian et Carrie ne roulent pas sur l’or non plus. C’est également le cas du couple formé par Early, un buveur de bière instable et Adele, une jeune fille naïve mais pleine de vie. Early doit fuir et amène Adele avec lui, ils décident alors de faire du covoiturage avec Brian et Carrie. Au début les relations sont assez froides, Brian et surtout Carrie se montrent méprisants envers Early et Adele qui ne sont pas étouffés par les bonnes manières. Cependant peu à peu, l’amitié s’installe. 
Mais Brian et Carrie ignorent qu’en fait Early est juste leur sujet d’étude, à savoir un psychopathe, et ils ne vont pas tarder à s’en rendre compte… Premièrement si l’histoire de Kalifornia est basique, elle est plutôt perspicace en fin de compte. Ensuite Dominic Sena, après nous avoir livré une bonne introduction, prend son temps pour mettre en place une histoire crédible et des personnages plus complexes qu'il n'y paraît.

 

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Le film est donc assez calme et va petit à petit faire monter la tension. Mais bien évidemment, le cœur même de ce road movie est ses personnages pour le moins atypiques. D’un côté le couple Brian et Carrie, les deux étudiants. Les « héros » légitimes ne sont pas très attachants, Brian certes sympa mais frimeur semble avoir la science infuse sur son sujet de prédilection : la psychopathie. Carrie, elle, est une jeune femme froide et méprisante qui va cependant finir par avoir de la sympathie pour Adele. C’est David Duchovny et Michelle Forbes qui interprètent les deux rôles. 
Les 2 acteurs sont corrects sans pourtant être transcendants. Ceci dit, on s’en fout un peu car c’est l’autre couple qui nous intéresse. Commençons par Adele, la jeune femme naïve au passé traumatisant (elle a été violée très jeune) mais aussi pleine de vie et d’enthousiasme pour l’avenir, et également très amoureuse d’Early.

C’est Juliette Lewis qui livre une très bonne interprétation pour ce rôle. Elle parvient à rendre son personnage véritablement attachant. Mais le plus troublant reste le personnage d’Early. Alors qu’à l’accoutumée, nos serial killers cinématographiques sont des mecs froids, élégants, classieux, cultivés et machiavéliques, Early est tout le contraire. C’est une sorte de beauf, serial killer à ses heures perdues. C’est un gros buveur de bière à casquette, macho et pas futé (du moins au premier abord). 
Il est la parfaite antithèse d’Hannibal Lecter. Le sociopathe est incarné par Brad Pitt, qui s'amuse à défoncer son image de beau gosse et reprend même son accent du Missouri des Etats-Unis. Pitt mène le film tambour battant. Son personnage devient même attachant, ce qui donne une certaines symbolique au film. 
Quelque part, Kalifornia peut presque se voir comme une version road movie de Délivrance, l’humour noir en plus.

Ici aussi, on nous parle d’une virée qui va déboucher sur une explosion de violence. Pour survivre, les personnages devront faire appel à leurs instincts les plus bas. Et c’est ainsi que le personnage de Brian va se retrouver lui aussi à tuer un homme et à être confronté à une facette de lui-même qu’il ne soupçonnait pas. Le « spécialiste des psychopathes » se découvre comme étant lui-même un meurtrier. En fait, Kalifornia est avant tout un film qui se moque de tous les profilers et pseudos spécialistes qui prétendent analyser les causes de la psychopathie. Le message est illustré avec beaucoup d’humour et de cynisme. D’ailleurs il est intéressant de noter qu’Early semble surtout pratiquer le meurtre par utilité et facilité plutôt que par sadisme. La vraie morale qu’énonce Kalifornia, c’est que chaque être humain a la possibilité de tuer et que les serial killers ne sont pas si éloignés de « monsieur tout le monde ». 
Kalifornia
 est donc un film cynique, drôle et brillant. En quelque sorte, on pourrait presque y voir l’antithèse de Le Silence des Agneaux, le film brisant les mythes du psychopathe au cinéma et ne se gênant pas pour tirer la langue aux profilers et à leurs analyses ! Bref Kalifornia est un film oublié et sous-estimé qui se doit d’être revu à sa juste valeur.    

Note : 15,5/20

vince Vince