Genre : horreur, gore (interdit aux - 16 ans)
Année : 1980
Durée : 1h36
Synopsis : Un journaliste américain, informé par des écologistes, s'aperçoit qu'une centrale nucléaire fabrique un virus destiné a régler le problème de la surpopulation a la surface du globe.
La critique :
Bien étrange destin que celui de Bruno Mattei, considéré à juste titre, comme le plus mauvais réalisateur de toute l'histoire du cinéma. Une gloriole qu'il partage avec Ed Wood, un autre parangon du cinéma Z. Dans un premier temps attiré par les films érotiques à forte consonance "nazillarde" (Hôtel du plaisir pour SS et KZ9 - Camp d'extermination, entre autres), Bruno Mattei se tourne successivement vers l'horreur, l'action, la science-fiction, le genre post-apocalyptique, les zombies et les cannibales, le tout agrémenté - le plus souvent - par des séquences nichons.
Son credo ? Reprendre certains blockbusters ou films à succès avec un style pour le moins inimitable. Un peu comme si le cirque Pinder tentait de mimer le cinéma de Steven Spielberg...
Curieux également que notre cher "zeddard" soit décédé d'une tumeur au cerveau en 2007... Jusqu'au bout, le sort semblera s'acharner contre lui... Parmi ces nombreux méfaits cinématographiques, les fans du cinéaste italien citeront aisément Les Rats de Manhattan (1984), Strike Commando - Section d'Assaut (1987), Robowar (1988), Zombi 3 (1989), ou encore Cruel Jaws (1995). Vient également s'ajouter Virus Cannibale, sorti en 1980, et souvent considéré comme le chef d'oeuvre "bisseux" et "nanardeux" de Bruno Mattei. Pour la petite anecdote, Virus Cannibale, de son titre original Virus, est sorti sous plusieurs intitulés, notamment L'enfer des morts vivants et Hell of the Living Dead.
Afin de pouvoir exporter sa pellicule érubescente à l'étranger, en particulier aux Etats-Unis, Bruno Mattei sévit ici sous son pseudonyme de prédilection : Vincent Dawn.
Virus Cannibale s'inscrit évidemment dans la rhétorique et le continuum de Zombie (George Romero, 1978) et de Cannibal Holocaust (Ruggero Deodato, 1980), deux films gore qui ont largement marqué les persistances rétiniennes en leur temps. Dans le cas de Zombie, il marque un rupture rédhibitoire dans le cinéma horrifique. Les morts-vivants ne sont plus seulement de vulgaires cacochymes claudicants et menaçant le monde de néantisation.
Curieusement, ces créatures surgies d'outre-tombe ont conservé leurs réflexes de consommateurs hédonistes et libertaires. Dans le cas de Cannibal Holocaust, ce sont des journalistes turpides et avides de sensations extrêmes qui sont les victimes du courroux d'une tribu d'anthropophages. Pour Ruggero Deodato, c'est l'occasion ou jamais de vilipender une "Médiacratie" fallacieuse et appâtée par le lucre.
Le cinéaste signe également une métaphore sur nos comportements archaïques, primitifs, barbares et colonisateurs. Bon autant le dire tout de suite, avec Virus Cannibale, Bruno Mattei n'a pas pour vocation de signer une diatribe sur l'échec de notre civilisation occidentale. Ici, point de réflexion philosophique ni politique sur nos instincts reptiliens et notre tendance au voyeurisme. La distribution du film réunit Margit Evelyn Newton, Franco Garofolo, Selan Karay, José Gras, Josep Lluis Fonoll, Piero Fumelli et Patrizia Costa.
Attention, SPOILERS ! (1) Des morts reviennent à la vie peu de temps après leur décès à la suite d'un accident dans une centrale nucléaire en Papouasie-Nouvelle-Guinée.
En relatant une prise d'otages faite par des écologistes, une journaliste et son cameraman apprennent par ces derniers que des expériences étranges devant régler le problème de la surpopulation ont lieu dans cette centrale.
Ils se rendent alors sur place accompagnés de quatre soldats d'élite en mission secrète afin de découvrir ce qui se passe réellement là-bas (1). Première question qui vient à l'esprit : comment décrire un tel OFNI (objet filmique non identifié) ? La réponse tient probablement dans les premières secondes du film et par cette voix-off et comminatoire qui augure le déclin d'une centrale nucléaire : "Lancez l'opération Z ! Il y a des gammas négatifs dans le module Antares..."
Un jargon scientifique volontairement amphigourique. Au programme, des zombies bien sûr et surtout un étrange virus qui a transformé les habitants en monstres sanguinaires et anthropophages. Mais attention, ces créatures infectées par la radioactivité ne sont pas spécialement preuve de célérité.
Il faudra donc se contenter de figurants peinturlurés de vert et/ou de noir qui beuglent et se meuvent à la même vitesse qu'une tortue aux quatre pattes atrophiées ! Les victimes auraient probablement dix fois le temps de faire le tour de la planète en vélo ou à pied avant d'être dévorées par ces mystérieux cannibales. Mais, au lieu de prendre la poudre d'escampette, nos héros restent curieusement figés et paralysés par la peur, attendant patiemment de se faire croquer par nos chers zombies carnassiers.
Faute d'un véritable scénario, autre grand absent du "film" (vraiment un terme à guillemeter...), Bruno Mattei ponctue régulièrement son long-métrage de séquences animalières. Hélas, la plupart sont des reprises éhontées d'autres films à succès, notamment La Vallée (Barbet Schroeder, 1972).
De surcroît, Bruno Mattei semble totalement méconnaître la faune locale. Par exemple, que viennent foutre des pélicans et des flamants roses dans la jungle de la Nouvelle Guinée ??? A sa décharge, le cinéaste n'est pas à son premier pillage cinématographique. Bruno Mattei... Enfin... Vincent Dawn se charge largement d'extorquer la bande originale de Zombie. Mais Virus Cannibale ne posséderait pas ce charme indicible s'il ne venait pas non plus renifler du côté d'Orange Mécanique (Stanley Kubrick, 1971). A l'instar d'Alex DeLarge (le psychopathe d'Orange Mécanique), un des acteurs du film joue les mimes et entonne le refrain de Singin' in the rain devant ses acolytes médusés par tant de cancrerie et de médiocrité. Et sincèrement, je n'en finirais pas de citer des exemples complètement "nazebroques" de ce genre. Bref, Virus Cannibale, c'est avant tout une expérience cinématogra... pardon... une expérience unique. Car ce chef d'oeuvre du "nanar" et de la bisserie azimutée dépasse largement le carcan du cinéma pour être traité comme tel. D'ailleurs, à ce niveau de turlupinade, peut-on encore réellement parler de cinéma ? Telle est la question...
Côte : Nanar
Synopsis du film sur : https://fr.wikipedia.org/wiki/Virus_cannibale