tire encore si tu peux

Genre : Western Spaghetti (interdit aux moins de 16 ans)

Année : 1967

Durée : 1H57

Synopsis : Un gang de hors la loi, mexicains et américains, s’emparent d’une cargaison d’or. Les américains trahissent les mexicains et les abattent dans le désert. Cependant, Django, l’un des mexicains, est sauvé par deux indiens et il se lance à la poursuite des traîtres. Il atterrit alors dans une ville hostile, cauchemardesque et sanglante. 

La critique :

Voilà un western particulièrement atypique réalisé par Giulio Questi en 1967, j'ai nommé Tire encore si tu peux ! Il ne faut pas l’oublier, Sergio Leone a créé un genre nouveau avec le western spaghetti. D’autres réalisateurs italiens tels que Sergio Corbucci ou Sergio Sollima, entre autres, apporteront ensuite leur pierre à l’édifice. Nombreux sont les westerns spaghettis qui furent réalisés dans les années 60 en Italie. Pourtant au bout d’un moment, le genre a vu proliférer des films médiocres reprenant tous le même concept usité jusqu’à la corde. Dans cet univers, certains réalisateurs vont néanmoins tenter de se démarquer. C’est alors que le genre se diversifie et qu’on se met à parler de « western opéra », « western Zapata », « western musical », « western thriller » et aussi de « western d’horreur ». 
Indéniablement, Tire encore si tu peux !, appartient au dernier genre mentionné. En effet, le film de Giulio Questi est sans aucun doute le western spaghetti le plus violent jamais réalisé, pire que Django ou Le Grand Silence.

D’ailleurs, le film sera retiré des écrans à sa sortie en 1967 et sera interdit même aux moins de 18 ans. Attention SPOILERS ! Django, un bandit mexicain, se joint à un gang composé d’américains et de mexicains afin de s’emparer de la cargaison d’or d’une diligence. Cependant, les américains tuent tous les mexicains, laissant Django pour mort. Mais ce dernier est sauvé par des indiens et ensemble, ils se lancent à la poursuite des traîtres. Ils finissent par retrouver leur trace dans une ville hostile où la population a déjà fait couler le sang des bandits. 
Dans ce paysage morbide et cauchemardesque, Django va tenter de récupérer l’or, mais il va se heurter à un richissime propriétaire terrien sans pitié et à une population sans foi ni loi. Le scénario de Tire encore si tu peux ! reprend donc la base de beaucoup de westerns spaghettis, soit un étranger (appelé Django dans la version anglaise) qui cherche à se venger. 

 

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Cependant, Giulio Questi nous prend à contrepied en transformant cette histoire de vengeance en une histoire sordide, pleine de violence et de massacres. Ce western ponctue ses deux heures de bobines par des scènes de meurtres, de massacres et de tortures (aussi bien physiques que psychologiques). Mention spéciale pour une scène où un indien est scalpé à vif en gros plan. Tomas Milian, véritable icône du genre, confère son charisme au personnage principal qui tente de survivre dans cet univers particulièrement hostile. Si en apparence Tire encore si tu peux ! semble être un simple western qui tire son originalité de sa violence, sur le fond il n’en est absolument rien. 
A travers ce film, Giulio Questi engage un débat et prend à contrepied les codes du genre. Ici les bandits déjà pourris deviennent les victimes de la population encore plus pourrie. 

Il ne faut pas l’oublier, en Italie dans les années 60, certaines idées fascistes étaient revenues à la mode. C’est pourquoi de nombreux réalisateurs tenteront de dénoncer cette montée du fascisme. Le genre western spaghetti y contribuera et c’est à ce moment qu’apparaîtra le « western Zapata », qui aura pour but de pousser un cri de révolution et de dénoncer ces tendances nauséabondes. 
En effet, le film nous parle de racisme et de répression violente. La représentation du fascisme est incarnée par le propriétaire terrien dont les sbires sont d’ailleurs vêtus de chemises noires. Giulio Questi expliquera qu’il voulait également représenter toute la violence à laquelle il avait assisté pendant la guerre. Le réalisateur signe donc une œuvre choc teintée d’un style fantastique, un peu à la manière de Django. Cependant soyons honnêtes, Giulio Questi n’est pas Sergio Corbucci et encore moins Sergio Leone. Pour autant, le réalisateur s’en tire plutôt pas mal et signe un western totalement atypique et original. Au final, Tire encore si tu peux ! reste un western profondément sombre et désespéré qui est devenu l'un des films cultes du genre.
Ce n’est clairement pas un chef d’œuvre, mais un bon film et une vraie curiosité à découvrir.   

Note : 14,5/20

vince Vince