Genre : policier (interdit aux - 12 ans)
Année : 1998
Durée : 2 heures
Synopsis : On adjoint un nouveau détective au quatuor Riggs, Murtaugh, Cole et Getz pour les besoins d'une enquête sur une série de crimes dans lesquels des faux-monnayeurs sont impliqués. Leurs investigations les conduisent à Wah Sing Ku, un membre de la mafia asiatique.
La critique :
C'est en 1987 que Richard Donner réinvente le buddy movie avec L'Arme Fatale. Le cinéaste américain peut notamment s'appuyer sur un duo atypique, un "blanc" issu de la WASP et un afro-américain, à priori issu des quartiers populaires. Richard Donner ne s'embarrasse pas avec les poncifs et les caricatures. Alors que Martin Riggs - donc le policier "blanc" - est un casse-cou impénitent aux tendances suicidaires et limite sociopathiques, encore éprouvé par la guerre du Vietnam et l'assassinat de sa femme ; le sergent Roger Murtaugh - donc le policier afro-américain - est un homme probe et parfaitement intègre, qui tente de mimer les patriarches dans une famille ressemblant, quasiment trait pour trait, à celle ânonnée dans le Cosby Show. L'Arme Fatale cartonne dans les salles obscures et étonne par sa fougue et sa condescendance.
Le duo Mel Gibson/Danny Glover fait des étincelles, pour le plus grand bonheur des producteurs avides et mercantiles. Qu'à cela ne tienne. Danny Glover remet les couverts deux ans plus tard avec L'Arme Fatale 2. Pour une fois, on tient une suite qui tient la dragée haute au premier volet. Hélas, dès le troisième chapitre, les fans et les critiques relèvent déjà une certaine redondance dans les aventures de Riggs et de Murtaugh. Avec le temps, les pitreries et les goguenardises des deux comparses égrillards ont fini par supplanter la noirceur des deux premiers épisodes.
L'Arme Fatale 3 (1992) corrobore cette volonté d'obliquer vers la comédie policière. Le troisième volet se concluait sur un Martin Riggs qui rangeait enfin son colt pour s'énamourer d'une certaine Lorna Cole. A juste titre, on pensait que la saga se terminerait sur ces batifolages.
Mais Richard Donner et les producteurs n'en ont cure. Six ans plus tard, L'Arme Fatale 4 est censée boucler la franchise en apothéose. Une hérésie. Si ce quatrième chapitre s'octroie à nouveau les ferveurs du public et du box-office, il désappointe à l'inverse les critiques et les fans de la première heure. Le long-métrage est même nominé pour les Razzie Awards. En 2008, un cinquième opus sera même envisagé. Heureusement, le projet sera finalement prorogé.
La distribution du film réunit un casting bien connu du grand public : Mel Gibson, Danny Glover, Joe Pesci, Rene Russo et Traci Wolfe. Viennent également s'ajouter quelques petits nouveaux, notamment Jet Li, Chris Rock et Michael Chow. Attention, SPOILERS ! (1) Les policiers Martin Riggs et Roger Murtaugh ont pris un coup de vieux, mais demeurent le duo de flics de Los Angeles le plus efficace.
Lors d'une affaire où ils maîtrisent un homme avec un lance-flammes, Riggs apprend par Murtaugh qu'il va devenir papa. Sa compagne, Lorna Cole, qui fut aussi son ancienne collègue, est enceinte. Murtaugh fait de même en découvrant par Riggs qu'il va être grand-père : sa fille Rianne est aussi enceinte. Le père du futur bébé n'est autre que leur collègue, Lee Butters, un jeune flic. Mais Roger ne connaît pas l'identité du père. Presque neuf mois plus tard, au cours d'une partie de pêche nocturne avec leur ami Leo Getz, devenu détective privé, Riggs et Murtaugh arraisonnent un cargo rempli de clandestins chinois. Par réflexe d'humanité, Roger recueille chez lui la nombreuse famille du brave Hong, qui a échappé à la police du port en se cachant dans un canot.
Les deux flics, promus capitaines et désirant en connaître plus sur l'histoire de Hong, enquêtent et tombent finalement sur une histoire de faux-monnayeurs (1).
Indubitablement, Richard Donner, probablement influencé par les films d'action hongkongais, s'inspire des thrillers et des longs-métrages policiers asiatiques qui ont pullulé sur nos écrans dans les années 1990. Cependant, le réalisateur ne possède pas la virulence ni l'érudition d'un John Woo. De facto, L'Arme Fatale 4 apparaît comme une pâle copie de A Toute Epreuve (1992), la hargne, la rage et la virulence en moins. En vérité, L'Arme Fatale 4 fonctionne avant tout comme une comédie policière qui a oublié depuis longtemps les ingrédients qui ont façonné le succès des deux premiers volets, à savoir ce flic complètement décérébré qui retrouve une once d'humanité auprès de Murtaugh.
Le duo Mel Gibson et Danny Glover ne cache même plus son engouement pour les rodomontades et les enfantillages.
"Trop vieux pour ces conneries !" déclame Martin Riggs après avoir pris une rouste lors d'un round de boxe. Cette courte allocution n'est plus seulement le vieil adage de Murtaugh, le sergent sexagénaire censé être à la retraite depuis - au moins - le troisième volet. Riggs a lui aussi perdu sa fougue du passé. Ce qui se ressent évidemment à l'écran même si Richard Donner tente de pallier à cette anomie généralisée via la présence de Jet Li. L'acteur asiatique se voit offrir l'opportunité de sa carrière en virevoltant sur le sol hollywoodien. En outre, l'interprète apparaît comme le digne épigone de Bruce Lee et envoie plusieurs fois Riggs et Murtaugh dans leurs pénates.
Faute de nouvelles idées et d'un véritable scénario, Richard Donner maintient l'illusion en adjoignant aux deux comparses facétieux un détective privé logorrhéique - l'insupportable Joe Pesci - et un policier un peu trop téméraire (Chris Rock). Un simulacre. A aucun moment, Richard Donner ne parvient à transcender un récit famélique. Seule petite consolation et elle est mince, Murtaugh va devenir grand-père et Riggs va bientôt connaître les joies du patriarcat.
Tel est le programme lapidaire et chimérique de ce quatrième volet. Celui de trop.
Note : 07/20
(1) Synopsis du film sur : https://fr.wikipedia.org/wiki/L'Arme_fatale_4