dragon l'histoire de bruce lee

 

Genre : arts martiaux, biopic, action
Année : 1993

Durée : 2 heures

Synopsis : A travers les souvenirs et l'amour que lui porta sa femme, évocation de la vie et de la carrière de Bruce Lee.   

La critique :

Rares sont les acteurs à s'octroyer le statut de légende du cinéma avec seulement quelques films au compteur. Et pourtant, en l'espace de cinq longs-métrages et en prenant en compte Le Jeu de la Mort (Robert Clouse, 1978) - film dans lequel Bruce Lee n'apparaît réellement que pendant douze petites minutes de bobine - le Petit Dragon va s'inscrire durablement parmi ces stars planétaires. Une immense performance, surtout pour un acteur asiatique !
En l'occurrence, Bruce Lee va largement contribuer à démocratiser les arts martiaux dans le monde occidental. Pour l'artiste émérite, les arts martiaux et le multiculturalisme se coudoient. D'un point de vue idéologique, Bruce Lee est la parfaite incarnation de ce capitalisme mondialisé qui doit élargir ses horizons et permettre à toutes les nations de s'aguerrir aux pratiques martiales.

Difficile de résumer la vie mouvementée du Petit Dragon tant l'interprète a marqué les persistances rétiniennes, que ce soit dans l'art de manier le nunchaku et dans sa manière de renvoyer ses adversaires dans leurs pénates. Ainsi, de nombreux documentaires tenteront de discerner la personnalité extravagante et condescendante de l'artiste martial. Dans la même mouvance, certaines productions, destinées au cinéma et/ou à la télévision, reviennent sur les années de gloire du Petit Dragon.
C'est par exemple le cas de La Légende de Bruce Lee (Li Wenqi, 2008) qui se décline à la fois en mini-série et en une série télévisée, et de Bruce Lee - Naissance d'une Légende (Raymond Yip, 2010). Vient également s'ajouter Dragon - L'Histoire de Bruce Lee, réalisé par Rob Cohen en 1993.

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A l'origine, ce long-métrage hollywoodien est une adaptation librement inspirée du livre autobiographique de Linda Lee Cadwell, Bruce Lee : the man only I knew. Rappelons que la cacographe n'est autre que la veuve de l'artiste martial. Quant à Rob Cohen, le réalisateur, producteur et scénariste américain s'est essentiellement illustré dans le cinéma d'action hollywoodien. Daylight (1996), Fast and Furious (2001), xXx (2002), Furtif (2005) et La Momie : la tombe de l'Empereur Dragon (2008) sont autant de pellicules infatuées que l'on préférera phagocyter.
Que les choses soient claires. Derrière ce biopic consacré à la légende de Bruce Lee, se tapit un véritable tâcheron du cinéma américain. Ou lorsqu'une star asiatique est décryptée par un réalisateur hollywoodien...

Rappelons que Bruce Lee aspirera lui aussi au rêve américain avant de retourner à Hong-Kong, désappointé par la pusillanimité et la frilosité des producteurs américains. Pour incarner le Petit Dragon, Rob Cohen fait appel à l'érudition et à l'incroyable vélocité de Jason Scott Lee, un autre parangon des arts martiaux asiatiques. Plutôt habitué aux rôles subalternes, l'acteur écope enfin d'un premier rôle au cinéma et tient donc le haut de l'affiche.
Viennent également s'ajouter Lauren Holly, Robert Wagner, Michael Learned et Nancy Kwan. Pour la petite anecdote, Dragon - L'Histoire de Bruce Lee est dédié à la mémoire de Brandon Lee, le fils de Bruce, hélas décédé la même année lors du tournage de The Crow (Alex Proyas, 1994). 

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Une mort accidentelle qui va davantage alimenter les galéjades sur une pseudo malédiction qui nimberait la famille du Petit Dragon. Une malédiction qui va largement inspirer le scénario de Dragon - L'Histoire de Bruce LeeAttention, SPOILERS ! (1) Après un entraînement rigoureux aux arts martiaux pendant son enfance, Bruce Lee réalise enfin son rêve : ouvrir sa propre école de Kung-Fu en Amérique. Il est très vite repéré par un producteur hollywoodien.
Commence alors une ascension fulgurante vers la gloire. Il devient l’un des héros de films d’action les plus charismatiques de l’histoire du cinéma mais dont le règne fut trop court (1). Autant le préciser de suite. Au moment de sa sortie, Dragon - L'Histoire de Bruce Lee sera unanimement tancé et répudié par les fans et la presse cinéma.

Reste à savoir si ce biopic mérite de telles opprobres et gémonies... Hélas, la réponse est plutôt positive. En vérité, dès les premières images, le film de Rob Cohen se leurre à travers cette fantasmagorie digne d'un mauvais film d'épouvante. 
En outre, Rob Cohen mise sur une malédiction qui semble poursuivre Bruce Lee depuis sa tendre enfance. Tel est par ailleurs l'avertissement de son patriarche. Le jeune homme fougueux et intrépide ne peut réfréner ses propres démons.
Rob Cohen s'ingénie dans cette direction escarpée via l'apparition d'un démon affublé d'une tenue de samouraï qui assaille ponctuellement l'artiste martial. Cette vision ubuesque et américanisée de la vie de Bruce Lee nuit considérablement à la qualité du film, d'autant plus que l'on a bien du mal à cerner le message péroré par le cinéaste.

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En l'occurrence, Rob Cohen se contente de disséminer partiellement les grands événements qui ont émaillé la vie de Bruce Lee : son combat douloureux contre un maître des arts martiaux, sa longue convalescence dans un lit d'hôpital, la naissance de ses deux enfants et son exil aux Etats-Unis sont évidemment évoqués. A contrario, la philosophie du Jeet Kune Do, qui exalte la bravoure, la probité et la force mentale, est à peine relatée. Pourtant, cet art martial qui devient l'apanage et presque la raison d'être du Petit Dragon, est ici presque ridiculisé, se résumant à une sorte d'aéropage multiculturaliste.
Ignare, Rob Cohen ne parvient jamais à transcender son récit. Si Jason Scott Lee remplit doctement son office, le comédien se montre un peu trop timoré pour convaincre sur la durée. En tant que biopic fidèle aux préceptes ânonnés par Bruce Lee, on préférera largement visionner La Légende de Bruce Lee, déjà précitée. Par ailleurs, même les rares séquences de bastons se révèlent peu probantes. Indiscutablement, une telle adaptation aurait mérité (nécessité...) un réalisateur chevronné et de surcroît asiatique, derrière la caméra pour mieux apprécier la destinée de cet acteur hors pair.
Une vraie déception en somme.

Note : 07.5/20

sparklehorse2 Alice In Oliver

(1) Synopsis du film sur : http://www.cinechronicle.com/2015/09/sortie-blu-ray-dragon-lhistoire-de-bruce-lee-de-rob-cohen-critique-98671/