Genre : Thriller, policier (interdit aux -12 ans)
Année : 2002
Durée : 1h53
Synopsis :
Séparée de son mari Stephen, Meg Altman emménage avec son adorable fille, Sarah, dans une résidence de standing, dotée, au dernier étage, d'une chambre entièrement sécurisée, véritable bunker inviolable. Le soir même, trois cambrioleurs à la recherche d'un magot caché par l'ancien et richissime propriétaire, s'introduisent dans l'immense demeure. Meg et Sarah se réfugient aussitôt dans la fameuse pièce.
La critique :
Hé oui la deuxième et dernière oeuvre de David Fincher de cette charmante deuxième liste initiée il y a quelques jours est déjà là. Fincher, le réalisateur que l'on ne présente plus et qui est devenu au fur et à mesure du temps, dans une industrie cinématographique toujours plus morne, l'un des cinéastes contemporains majeurs. Fincher, c'est aussi le réalisateur que l'on connaît pour ses thriller policiers toujours bien pensés, toujours menés avec une précision chirurgicale et dont le mystère et pourquoi pas le cliffhanger parviennent à retourner le spectateur comme une crêpe tout en lui ayant fait passer un bon moment arrivé au générique de fin. Certains se souviendront de Seven, Zodiac ou son dernier, Gone Girl, qui commence d'ailleurs un peu à dater. A côté, il aime aussi innover et tenter de nouvelles choses. De fait, Panic Room s'installe dans cette optique en apportant une touche originale à une filmographie déjà bien fournie.
Panic Room, c'est aussi ce nouveau projet sorti trois ans plus tard après le film culte Fight Club et dont Fincher est attendu au tournant. Pas facile donc de passer après un tel résultat. Ce qui n'augure rien de bon, c'est que Panic Room sera très rarement cité en premier quand on parle du réalisateur, bien que les critiques fussent même plus qu'honorables à sa sortie. En ce qui concerne l'histoire autour de l'oeuvre, il est nécessaire de dire que ce film marque une étape dans l'industrie cinématographique, chose dont je parlerai après. De plus, le choix initial des acteurs n'avait strictement rien à voir avec la tournure des événements qui suivit. A la base, Hayden Panettiere devait jouer le rôle de la petite fille mais a été remplacée par Kristen Stewart juste avant le début du tournage.
De son côté, le rôle principal devait être tenu par Nicole Kidman mais celle-ci dût annuler sa participation au bout de 18 jours de tournage, en raison d'une blessure au genou qu'elle a subie sur le tournage de l'insupportable Moulin Rouge. Bref, un début de tournage plutôt bordélique. Reste à voir maintenant si Panic Room saura se défendre et tenir tête aux grands classiques du réalisateur.
ATTENTION SPOILERS : Meg Altman, la trentaine, a très mal vécu la séparation avec son mari et angoisse à l'idée de devoir élever seule sa fille Sarah. Afin de commencer une nouvelle vie loin de ses craintes, Meg achète une immense et splendide maison située dans un quartier huppé à l'ouest de New York. Son ancien propriétaire y a fait construire au dernier étage une pièce de sûreté dans laquelle on peut se réfugier en cas de menace extérieure et rester enfermé de nombreux jours grâce aux provisions qu'elle contient.
Cependant, Meg n'aurait jamais pensé s'en servir dès le premier soir.
En effet, trois cambrioleurs, Burnham, Raoul et Junior, ont pénétré dans la maison avec la ferme intention de dérober une somme de quatorze millions de dollars cachée par l'ancien maître des lieux. Tout porte à croire que ce butin est dissimulé dans la pièce de sûreté, là où se sont réfugiées Meg et Sarah.
Ce qui fait de Panic Room, une oeuvre si "à part" dans la filmographie de Fincher est que celui-ci boxe dans le registre oh combien délicat du huis clos. Un genre où il est nécessaire de bien penser à chaque miette du film pour éviter d'endormir le spectateur. Un genre qui, malgré tout, s'est peu démocratisé et suscite bien des angoisses. Certes, parmi ceux-ci, on retrouvera de nombreux classiques tels que 12 Hommes en Colère, Fenêtre sur Cour ou encore Reservoir Dogs mais aussi quelques moins cités mais tout aussi excellents (Buried, La Vénus à la Fourrure ou l'injustement méconnu semi huis clos Scenic Route) mais cela reste de la roupie de sansonnet dans le paysage cinématographique sachant toute la difficulté à concevoir ce genre d'oeuvre. Autant le dire tout de suite, Panic Room est une déception de taille quand on connaît le potentiel du réalisateur.
Pourtant, tous les ingrédients étaient là pour nous délivrer quelque chose de vraiment bien foutu : des cambrioleurs frappadingues, une mère seule et en plein divorce, une fillette malade et une action se déroulant de nuit. Pas de quoi sauter au plafond mais le cinéma serait bien triste si nous n'avions que des oeuvres intellectuelles. En l'occurrence, l'idée de choisir comme rouage principal du récit, une chambre de survie inviolable était brillante mais Fincher réitère la même erreur que pour The Game. Il possède de belles idées dont il ne parvient pas à exploiter tout le potentiel.
Je repense à cette scène de la visite de la maison où ils se retrouvent dans la chambre de survie et où Meg fait une mini crise d'angoisse due à une atmosphère trop oppressante pour elle. Pourquoi ne pas avoir gardé cette idée de la claustrophobie pour amplifier davantage l'intensité du film ? Assister à la lente déréliction de cette mère perdant petit à petit ses facultés mentales en présence de sa fille aurait été plus qu'ingénieux. Mais non elle et sa fille s'enferment simplement sans qu'il n'y ait quelconque analyse psychologique. C'est très fâcheux car du coup, Panic Room chute en qualité pour se recentrer sur le simple divertissement alors qu'il y aurait largement eu moyen d'aller voir plus loin.
Je repense du coup à Scenic Route qui voyait l'un des protagonistes sombrer progressivement dans la folie. Le huis clos c'est aussi ça ! Ce n'est pas juste mettre un personnage X dans un lieu Y. Je suis conscient que ce n'est pas du tout un style facile à aborder mais un réalisateur de cette trempe se doit de penser à ce genre de détail. Du coup, on soupire parce que le deuxième niveau de lecture ne sera pas aux abonnés présents.
Deuxième point quelque peu gênant : le choix des cambrioleurs. J'aimerais comprendre comment Fincher ait pu songer à de telles personnalités clichées et stéréotypées. Trois cambrioleurs, d'un côté on a l'excité de service sans scrupule, de l'autre le mec un peu dans la merde financièrement mais au fond honnête et de l'autre le cambrioleur psychopathique. Trois clichés ambulants incarnés par Jared Leto, Forest Whitaker et Dwight Yoakam, face auxquels on écarquille quelque peu les yeux, d'autant plus que ce ne sont pas des manches. Ne soyons pas mauvaise langue, on ne peut s'empêcher de les trouver sympathique malgré l'une ou l'autre maladresse mais ça fait tiquer quand on connaît le nom derrière le projet. On parle quand même de celui qui a dirigé Kevin Spacey dans Seven.
Mais n'allez pas croire que cette critique se limite à eux vu que Meg Altman aura l'une ou l'autre réaction débile. La scène où elle "essaie d'impressionner" les cambrioleurs en leur disant que les policiers vont arriver met mal à l'aise tellement ça a été mal pensé. Malgré tout, cette Meg incarnée par la talentueuse Jodie Foster parvient à s'imposer à l'écran et délivre une prestation plutôt convenable. Pareil pour Kristen Stewart dans le rôle de sa fille. Certes, les personnages font un peu série B sur les bords mais dans l'ensemble, on ne peut pas non plus dire que c'est mauvais.
Maintenant, il s'agit de parler de l'élément crucial de tout huis clos qui se respecte. Je veux bien sûr parler de l'intensité et de la mise en scène. Là, le niveau remonte mais ça reste malheureusement en demi-teinte par moment. L'intrigue tourne parfois un peu à vide et l'on pourra pester sur quelques facilités scénaristiques. On décèlera ici et là quelques manques de gnaque mais qu'on se le dise, le niveau est de bonne qualité, il y a de l'intensité et Fincher sait accaparer notre attention. Le niveau sera surtout dû à cette innovation particulière perçue dans le cinéma vu que Panic Room a été complètement pré-visualisé.
En d'autres termes, une simulation informatique a été générée en 3D avant même le début du tournage proprement dit du film. Ce qui a pu réaliser des plans spectaculaires, comme celui où la caméra amène le spectateur d'un étage à un autre en traversant le plancher, ou encore celui où elle passe dans l'anse d'une cafetière pour terminer dans une serrure de porte. Cette caractéristique apporte un réel plus au film en terme d'inventivité et chaque plan issu de ce principe-là fait mouche. Oui, on pourra râler sur le côté artificiel de la chose mais le procédé fait son petit effet et n'est jamais utilisé à satiété. Aucun dégoût dû à un sentiment de trop plein n'est de mise.
Pour ce qui est du reste de l'aspect technique (parce qu'au final, il n'y a pas tant de chose à dire que ça sur ce film), on appréciera, malgré la sensation de grandeur de la maison, cette ambiance anxiogène et oppressante via plusieurs plans volontairement exigus dans des séquences plus nerveuses en dehors de la chambre de panique. L'image est plutôt belle sans être inoubliable. La caméra est maniée de manière correcte et la bande sonore est sympathique sans être non plus inoubliable. Au final, on est vraiment dans un ressenti de film passable mais dont il ne faut rien en espérer davantage. Dès lors, vous aurez deviné que Panic Room ne peut s'immiscer au rang des grands classiques du huis clos.
Donc, en conclusion, Panic Room est l'un de ces films imbuvables à chroniquer parce qu'il n'y a que peu de choses à dire dessus si ce n'est qu'on tient là un gâchis, pas en terme de qualité mais en terme de potentiel pas suffisamment bien exploité. Fincher élude un peu à la manière d'un débutant tout l'aspect psychologique du stress lié à l'enfermement et fait quelques fautes surprenantes pour quelqu'un qui est quand même l'auteur de classiques du cinéma contemporain. On repensera surtout au coup du voleur repenti à la fin où l'on ne sait pas si on doit hurler de rire ou tirer la gueule devant ce choix scénaristique. On repensera aussi à ce boucan des enfers quand ils rentreront dans la maison.
Boucan qui aurait pu réveiller en sursaut un châtelain planqué à l'autre bout de son château alors qu'ici Meg n'entend absolument rien. Prévisible dans son approche avec pas suffisamment d'idées dans le déroulement des événements, Panic Room parvient quand même à offrir de l'intensité qui fait que le long-métrage à la durée un peu rallongée de 113 minutes se suivra sans que l'on ne regarde trop les mouches voler. Bien qu'il ne soit pas mauvais, on tient probablement là le cru le plus faiblard de la filmographie du réalisateur. De toute façon, il faut aussi bien se dire que chaque réalisateur, même les plus grands, se sont déjà retrouvés face à cet échec et cela n'entache en rien le professionnalisme de ce réalisateur de talent dont on espère vite voir un retour parce que 3 ans, ça fait long depuis Gone Girl.
Note : 12/20