Genre : horreur, gore (interdit aux - 12 ans)
Année : 2014
Durée : 1h42
Synopsis : Un groupe de jeunes se réveille dans un hôpital psychiatrique sans savoir pourquoi. Tous cherchent alors à s’enfuir mais ils sont rattrapés par des forces surnaturelles qui les retiennent prisonniers. Très vite, des tensions naissent au sein du groupe et au fur et à mesure qu’ils apprennent à se connaître, les jeunes individus se rendent compte qu’ils sont tous liés les uns les autres par un passé commun…
La critique :
Il faut se rendre sur le site IMDb (http://www.imdb.com/name/nm3419080/) pour trouver quelques informations élusives sur Greg A. Sager, un cinéaste américain qui possède, pour le moment, deux longs-métrages à son actif. Le premier se nomme Devil Seed (2012) et narre une nouvelle historiette méphistophélique sur fond de possession démonologique. Autant l'annoncer de suite. Ce premier essai, sorti directement en vidéo, n'a pas spécialement ameuté les foules ni marqué les persistances rétiniennes. Toutefois, avec son deuxième film, intitulé Kingdom Come (2014), Greg A. Sager corrobore cet engouement pour le cinéma d'épouvante.
A l'instar de Devil Seed, le long-métrage est lui aussi condamné à écumer les bacs à dvd et donc les affres des oubliettes.
En outre, Kingdom Come cherche clairement à se démarquer de la concurrence pléthorique. Depuis plus d'une dizaine d'années, on ne compte même plus toutes ces séries B faméliques sur fond de présence luciférienne et/ou d'activités paranormales. Que ce soit justement la saga Paranormal Activity initiée par Oren Peli, le diptyque Conjuring sous la férule de James Wan, ou encore plus récemment le remake homonyme de Poltergeist réalisé par les soins de Gil Kenan, toutes ces productions ont signé le grand retour du démon et du mal dans notre société contemporaine.
Une didactique qui n'échappe pas au regard avisé de Greg A. Sager qui décide doctement de mélanger les activités parapsychiques avec le torture porn, un autre genre à la mode qui a connu son apogée, lui aussi, entre les années 2000 et 2010.
Sur la forme, Kingdom Come s'apparente à une curieuse ripopée entre Grave Encounters (The Vicious Brothers, 2011) et Saw premier du nom (James Wan, 2004). Visiblement, nos chers producteurs hollywoodiens ne savent plus trop quoi inventer pour susciter, derechef, la polémique sur la Toile et les réseaux sociaux. Et ce n'est pas Kingdom Come qui risque d'inverser cette dialectique. En l'occurrence, la distribution du film, lui aussi sorti en DTV (direct-to-video), ne réunit pas des acteurs très connus du grand public. Ainsi, Ryann Barrett, Camille Hollett-French, Katie Uhlmann, Jason Martorino et Ellie O'Brien complètent un casting anémique.
Le speech est donc le suivant. Attention, SPOILERS ! Des personnes se réveillent au sein d’un vieil hôpital psychiatrique ne sachant pas comment elles sont arrivées là.
Alors qu’elles décident de chercher un moyen de s’enfuir, elles vont vitre découvrir que dans ces lieux froids et sinistres, elles ne sont pas seules. Des forces surnaturelles rôdent et tentent de les empêcher de partir. Tandis que Sam et Jessica veillent sur la très jeune Celia, des tensions naissent dans le groupe. En se posant des questions les uns sur les autres, ils vont s’apercevoir que leurs passés sont liés et certains ne sont pas ce qu’ils prétendent être.
Avec les forces du mal autour d’eux et des disparitions étranges, ils comprennent que dans ces lieux, rien ne paraît être ce qu’il est. Si le synopsis vous rappelle à la fois Saw et Grave Encounters - deux films déjà précités - c'est tout à fait normal ! Mais Kingdom Come possède d'autres illustres références à son arc, assez mince pour l'occasion.
Par certaines accointances, on pense aussi à Cube (Vincenzo Natali, 1997) et à sa prison claustrophobique. Là aussi, les différents protagonistes doivent se sortir des pièges tendus dans un habitat labyrinthique et parsemé d'embûches. Hélas, la comparaison avec ces trois longs-métrages cultes s'arrête bien là. Certes, le film de Greg A. Sager possède de solides ambitions et a visiblement pour vocation de renouveler un registre anomique, ce qu'il parvient à faire à de rares occasions.
Ainsi, le métrage fait vaguement illusion durant sa première demi-heure avant de s'enliser vers les explications absconses et amphigouriques dans sa seconde partie. Ne parlons même pas de la révélation finale, que nous tairons bien sagement dans ces lignes, et qui se charge largement de signaler tous les écueils de cette production atone et insignifiante.
Non pas que Kingdom Come soit un abominable "naveton". Mais le film de Greg A. Sager ne parvient jamais à se débarrasser de son statut de série B hybride et un peu bâtarde, pour plusieurs raisons. La première tient justement dans le scénario du film. Plusieurs personnages sont enfermés dans un hôpital psychiatrique et ont perdu la mémoire. Que soit. Or, au fur et à mesure du récit, chacun des protagonistes va devoir se confronter aux propres réminiscences de son passé et donc avec sa propre mort. Comme si la mort était reliée au péché et à une oeuvre expiatoire.
Une bonne idée hélas rapidement éludée par de nombreuses réflexions sibyllines. Viennent également s'ajouter des rebondissements convenus et un peu trop capillotractés pour susciter vraiment l'adhésion. On relève ainsi de nombreuses ellipses et incohérences. De surcroît, difficile réellement de tressaillir ou de virevolter d'effroi devant ces créatures ubuesques et nanties de couleurs rougeoyantes et bigarrées. "Le mal est sans visage" claironne l'héroïne à son compagnon d'infortune.
Le seul problème, c'est que ce mal ne parvient justement pas à s'incarner durant les une heure et quarante minutes de pellicule. Enfin, la conclusion finale se charge elle aussi d'inhumer Kingdom Come dans les méandres de la fastidiosité. Continue ???
Note : 07/20