Genre : aventure, drame
Année : 1993
Durée : 2 heures
Synopsis : L'avion de l'équipe nationale uruguayenne de rugby s'écrase sur la Cordillère des Andes. Seule une vingtaine de passagers en réchappe. Pour survivre dans ces conditions climatiques extrêmes, les rescapés sont contraints de recourir à l'anthropophagie.
La critique :
Producteur et réalisateur américain, le nom de Frank Marshall est indissociable de celui de Steven Spielberg. Ensemble, les deux compères vont signer de nombreux films à succès. Au hasard, comment ne pas évoquer la saga Indiana Jones, La Couleur Pourpre (1985), Empire du Soleil (1987), Always - Pour Toujours (1989), Hook ou la revanche du Capitaine Crochet (1991), ou plus récemment Cheval de Guerre (2011) ? Parallèlement, Frank Marshall s'acoquine et collabore avec d'autres cinéastes de prestige, notamment Joe Dante (Gremlins en 1985), Martin Scorsese (La dernière valse en 1978), Walter Hill (Les Guerriers de la Nuit en 1979), Richard Donner (Les Goonies en 1985), David Fincher (L'étrange histoire de Benjamin Button en 2008), ou encore Robert Zemeckis (la trilogie Retour vers le Futur).
En tant que metteur en scène, Frank Marshall compte peu de films à son actif. Des longs-métrages tels que Arachnophobie (1990), Congo (1995) et Antartica, prisonniers du froid (2006) n'ont pas spécialement suscité l'enthousiasme ni laissé un souvenir impérissable. Vient également s'ajouter Les Survivants - ou Alive de son titre original - sorti en 1993, et qui reste probablement le long-métrage le plus notable de Frank Marshall. Le film est aussi l'adaptation d'un best-seller homonyme griffonné par les soins de Piers Paul Read, lui-même inspiré d'un fait divers authentique, à savoir le crash du Vol 571 Fuerza Aérea Uruguaya. Cette catastrophe aérienne provoquera la mort de 29 personnes (source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Survivants_(film,_1993).
Seules 16 personnes survivront, néanmoins dans des conditions particulièrement austères et insalubres.
C'est donc ce long périple que nous conte Les Survivants. La question qui se pose en filigrane reste la suivante : comment ces passagers ont-ils fait pour se sustenter et survivre dans des conditions aussi épouvantables ? Vous l'avez donc compris. Il est donc bien question ici de cannibalisme, mais pas seulement. Le film de Frank Marshall soulève de nombreuses interrogations. Interrogations que nous évoquerons ultérieurement. La distribution de ce survival réunit Ethan Hawke, Josh Hamilton, John Haymes Newton, Bruce Ramsay, David Kriegel, Jack Noseworthy, Danny Nucci, David Cubitt et John Malkovich. Attention, SPOILERS ! L'avion de l'équipe nationale uruguayenne de rugby s'écrase sur la Cordillère des Andes. Seule une vingtaine de passagers en réchappe.
Pour survivre dans ces conditions climatiques extrêmes, les rescapés sont contraints de recourir à l'anthropophagie.
Si le synopsis du film est plutôt élusif, il a le mérite de susciter tout de suite une certaine curiosité. Au moment de sa sortie, le film n'est soumis à aucune censure ni interdiction. Pourtant, le sujet de l'anthropophagie a souvent contrarié les commissions de classification. Toutefois, Frank Marshall n'a pas pour intention de verser dans le gore, la violence ni la complaisance. Le réalisateur élude donc l'écueil de la surenchère au profit d'un drame profondément humain.
L'introduction de Alive montre furtivement plusieurs clichés des joueurs de l'équipe de rugby uruguayenne. Les photographies sont commentées par un John Malkovich emphatique et solennel. Puis, le film nous transporte directement dans le vol 571 Fuerza Aérea Uruguaya. A priori, le périple aérien se déroule sans encombre.
Hélas, l'appareil subit plusieurs intempéries. Les pilotes avisés ne parviennent pas éviter les rochers rugueux de la Cordillère des Andes. L'avion échoue quelque part dans les montagnes. Au cours de cette collision, plusieurs passagers sont carrément propulsés dans le vide. C'est l'une des séquences primordiales du film. Frank Marshall happe littéralement le spectateur à la gorge. Ce dernier se retrouve subrepticement à place des passagers. Les survivants atterrissent en catastrophe au beau milieu de nulle part, dans le froid, la neige et surtout dans des conditions climatiques extrêmes.
Le ton est donné. Au bout de plusieurs jours, les secours ne sont toujours pas arrivés. Pis, si les rares survivants ne réagissent pas, ils périront dans le blizzard. Peu à peu, les vivres s'amenuisent. L'espoir d'être secouru aussi.
D'autres passagers sombrent dans la folie ou exhalent leur dernier soupir. Mais l'espoir se trouve peut-être derrière ces montagnes abruptes et interminables. Un long périple qui nécessite néanmoins de puiser dans ses réserves et donc de s'alimenter. Hélas, les dernières victuailles se sont rapidement estompées, au grand dam de Fernando et de ses acolytes. Pour pouvoir affronter une nature hostile, il va falloir dévorer les dépouilles putrescentes qui gisent dans la neige.
Les survivants sont donc confrontés à leurs propres pulsions archaïques et reptiliennes. Voilà l'homme revenu à ses premières fonctions primitives ! Studieux, Frank Marshall respecte à la lettre et la virgule près le célèbre opuscule de Piers Paul Read. Les Survivants reste avant tout une tragédie humaine et s'éloigne volontairement du film mexicain de René Cardona, Survivre (1977), sur le même sujet, et qui s'attardait complaisamment sur de longues saynètes d'anthropophagie rutilantes.
Ne vous attendez donc pas à un grand film d'action, mais plutôt à une série de longues journées fastidieuses à frémir et à croupir dans le froid. Ainsi, Frank Marshall traite avec pudeur les questions de la solitude, de l'isolement et d'une neurasthénie qui s'emparent peu à peu des passagers. Mais cette pudibonderie a aussi ses écueils et ses corollaires. Les Survivants n'en demeure pas moins une production hollywoodienne. Par exemple, la question religieuse est rapidement éludée et se résume à quelques psaumes proférés par Fernando et ses collègues d'infortune.
Même remarque concernant les conditions insalubres, elles aussi prestement esquivées. Ici, c'est la question du cannibalisme qui semble davantage obnubiler Frank Marshall. Heureusement, le cinéaste ose se glisser sur ce chemin escarpé. Toutefois, pour le metteur en scène, c'est toujours l'abnégation, l'opiniâtreté et surtout cet instinct de survie qui triomphent, comme si le film se refusait à analyser l'insondable. A savoir que cette anthropophagie sous-jacente est dictée par une menace ineffable, celle provenant à la fois du froid, du vide et d'un néant indicible.
Note : 14/20