Genre : horreur, policier, thriller (interdit aux - 12 ans)
Année : 1988
Durée : 1h32
Synopsis : Une série de meurtres horribles déclenche la panique dans les rues de New York. Une confusion qui atteint son paroxysme lorsque la presse révèle que tout laisse à penser que ce tueur maniaque est un policier.
La critique :
Dès son tout premier long-métrage, sobrement intitulé Maniac (1980), William Lustig a provoqué une rupture rédhibitoire dans le cinéma horrifique. Le film narre l'histoire d'un sociopathe, Frank Zito (incarné par Joe Spinell), une figure criminelle et psychopathique inspirée de plusieurs tueurs en série, en particulier Ed Gein, surnommé le boucher de Plainfield. A l'instar de ces serial killers tristement notoires, Frank Zito séquestre des femmes qu'il torture et dilapide avant de s'effondrer en sanglots.
L'acte criminel obéit toujours au même rituel. L'homme arpente les rues obombrées d'une cité urbaine en déliquescence et choisit une victime - toujours une femme - qui lui rappelle sa figure maternelle. Ce tout premier film de William Lustig s'apparente donc à une plongée dans les ténèbres.
Des ténèbres désormais symbolisés par une ville moderne transformée en jungle crépusculaire et diligentée à la fois par la prostitution, la mafia, le meurtre et les trafics de stupéfiants. William Lustig confirme cette réprobation de notre monde en déréliction avec son second long-métrage, Vigilante (1983), puis avec Maniac Cop, réalisé en 1988. A l'instar de Maniac, la pellicule va s'arroger à son tour le statut de film culte. A tel point que le métrage se transmute rapidement en une trilogie avec Maniac Cop 2 (1990) et Maniac Cop 3 (1993). La distribution de Maniac Cop réunit Tom Atkins, Bruce Campbell, Laurene Landon, Richard Roundtree, William Smith, Robert Z'dar et Sheree North.
Avec ce nouveau film, Bruce Campbell confirme son engouement pour le cinéma bis, lui qui est devenu au fil des années, l'égérie de Sam Raimi avec la trilogie Evil Dead.
Pour le scénario de Maniac Cop, William Lustig s'adjoint les services et l'érudition de Larry Cohen, un réalisateur et producteur américain qui griffonnera les scripts de la série télévisée Les Envahisseurs (1967 - 1968), ainsi que plusieurs épisodes de Columbo. De facto, Maniac Cop a de vraies velléités policières. Attention, SPOILERS ! (1) Alors qu'elle rentre chez elle en pleine nuit, une barmaid est agressée par deux loubards, prêts à toutes les brutalités pour lui voler son sac à main.
Le jeune femme parvient à leur échapper et se croit sauvée lorsqu'elle aperçoit la silhouette d'un policier... Mais celui-ci lui brise le cou sous les yeux de ses agresseurs désemparés ! Une série de crimes ignobles commence. Des citoyens innocents sont attaqués et tués en pleine nuit par un homme vêtu de l'uniforme de la police.
Les autorités cherchent à étouffer l'affaire, mais l'inspecteur McCrae, révèle le pot aux roses à la presse. Une véritable psychose s'abat sur les new-yorkais, qui ne font plus confiance aux forces de l'ordre. On tient pourtant rapidement un suspect : l'agent Jack Forrest, dont on a retrouvé la femme égorgée, dans le motel même où elle l'avait surpris au lit, quelques heures auparavant, avec sa maîtresse Theresa Mallory. Forrest se dit victime d'une machination, mais personne ne le croit.
Il va devoir découvrir lui-même le responsable de ces meurtres horribles afin de convaincre la justice de son innocence. Pour cela, il bénéficie du soutien de McCrae, qui soupçonne lui aussi que Forrest se soit fait piéger. Finalement, des indices les mènent sur la piste de Matt Cordell, un flic brutal, que ses méthodes expéditives ont mené en prison.
Toutefois, quelque chose cloche : il serait mort en détention, poignardé par d'autres détenus (1). A l'origine, Wiliam Lustig et Larry Cohen introspectent sur une éventuelle suite à donner aux pérégrinations meurtrières de Frank Zito, le tueur décérébré de Maniac. Mais les deux hommes essuient un camouflet et rendent une copie blanche. Qu'à cela ne tienne. Les deux comparses s'inspirent des vigilante movies, un genre qui va connaître sa quintessence entre le début des années 1970 et les prémisses des années 1980, avec la sortie de L'Inspecteur Harry (Don Siegel, 1971), Un Justicier dans la Ville (Michael Winner, 1974), Mad Max (George Miller, 1979), ou encore Exterminator (James Glickenhaus, 1982).
Maniac Cop oscille donc entre différents registres : le vigilante movie bien sûr, l'enquête policière, l'action débridée, le thriller et le genre horrifique.
Il s'agit donc d'un film hybride et protéiforme qui s'inspire de nombreux longs-métrages populaires. Toutefois, difficile de ne pas percevoir, à travers la figure tuméfiée de Matt Cordell, le sociopathe vindicatif de Maniac Cop. Matt Cordell n'est donc qu'un nouvel avatar de Frank Zito. A la seule différence que cette même figure psychopathologique arbore la tenue et la plaque d'un policier. Pour William Lustig, plus rien désormais ne distingue réellement le crime de la justice, et encore moins d'une sécurité policière censée protéger les citoyens.
Ainsi, Matt Cordell assassine tous ceux qui ont le malheur de croiser son chemin. Le forcené ne se contente donc pas seulement d'appliquer implacablement la loi du Talion, il massacre aussi des innocents. Hélas, William Lustig refuse de nimber sa pellicule de toute réflexion politique et idéologique, s'ingéniant vaille que vaille à réaliser un film d'action à la fois épique et démesuré.
En outre, le cinéaste élude de prodiguer trop d'informations sur son policier criminel. Certes, ce dernier a subi les impudicités de plusieurs forçats lors de son séjour carcéral. Mais le flic atrabilaire n'est pas décédé même si son ombre, pour le moins comminatoire, n'est pas sans rappeler celle des morts-vivants de George A. Romero dans Night of the Living Dead. Ainsi, le tueur de Maniac Cop n'est pas sans évoquer ce processus de déshumanisation.
Pis, le policier semble invincible et invulnérable. Bien que criblé de balles et carbonisé, Matt Cordell revient toujours pour se venger, au grand dam d'un Bruce Campbell opiniâtre et infatigable. Pourtant, en dépit de tous ses efforts, Maniac Cop ne parvient pas vraiment à masquer son statut bâtard de série B, la faute à un script certes d'une redoutable efficacité, mais hélas d'une grande prévisibilité annonçant, in fine, une suite inévitable.
Note : 14.5/20
(1) Synopsis du film sur : http://www.devildead.com/indexfilm.php3?FilmID=703