scream

 

Genre : horreur, épouvante, slasher (interdit aux - 16 ans)
Année : 1996

Durée : 1h50

Synopsis : Casey Becker, une belle adolescente, est seule dans la maison familiale. Elle s'apprête à regarder un film d'horreur, mais le téléphone sonne. Au bout du fil, un serial killer la malmène, et la force à jouer à un jeu terrible : si elle répond mal à ses questions portant sur les films d'horreur, celui-ci tuera son copain...
Sidney Prescott sait qu'elle est l'une des victimes potentielles du tueur de Woodsboro. Celle-ci ne sait plus à qui faire confiance. Entre Billy, son petit ami, sa meilleure amie Tatum et son frère Dewey, ses copains de classe Stuart et Randy, la journaliste arriviste Gale Weathers et son caméraman Kenny qui traînent tout le temps dans les parages et son père toujours absent, qui se cache derrière le masque du tueur ? 

La critique :

En l'espace de quelques films (La dernière Maison sur la gauche, La colline a des yeux et Les griffes de la nuit principalement), Wes Craven va rapidement s'arroger le titre de maître de l'épouvante, une gloriole qu'il partage avec John Carpenter, un autre parangon du genre horrifique. Mais, entre le milieu des années 1980 et les prémisses des années 1990, Wes Craven montre de sérieux signes d'essoufflement. La Colline a des Yeux 2 (1984), L'Amie Mortelle (1986), Shocker (1989) et Un Vampire à Brooklyn (1995) désappointent unanimement les critiques, la presse cinéma et les fans de la première heure. Wes Craven doit à tout prix se ressaisir et retrouver sa fougue de naguère.
Le metteur en scène fait donc appel à l'érudition de Kevin Williamson pour écrire le scénario d'un nouveau slasher conçu pour devenir, à la fois, une parodie et un hommage à Halloween, la nuit des masques (John Carpenter, 1978).

Studieux, Kevin Williamson s'attelle à la tâche et griffonne les premières lignes d'un film qui doit initialement s'intituler Scary Movie. Pour la petite anecdote, le futur script de Scream, réalisé en 1996, s'inspire d'un authentique fait divers et plus particulièrement d'un massacre qui s'est déroulé dans la ville de Gainsville, une cité universitaire. Un jeune sociopathe, Danny Rolling, assassine plusieurs étudiants. Son mode opératoire reste invariablement identique.
Tout d'abord, le forcené traque ses futures proies au téléphone avant de revêtir un masque et un curieux accoutrement. Puis une fois grimé en fantôme, le criminel tarabuste ses victimes et les dilapide avec son opinel. Kevin Williamson tient enfin un vrai scénario et souhaite signer une trilogie. Le jeune cacographe fait preuve de médiumnité puisque Scream va bientôt se décliner en triptyque puis en tétralogie au fil des années.

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Mais le scénario de Scream ne s'inspire pas seulement d'Halloween, la nuit des masques. Le film possède d'autres solides références, notamment Vendredi 13 (Sean S. Cunningham, 1980), Le Bal de l'Horreur (Paul Lynch, 1980), La Baie Sanglante (Mario Bava, 1971), Black Christmas (Bob Clark, 1974) et Terreur sur la Ligne (Fred Walton, 1979), autant de slashers qui ont marqué les persistances rétiniennes en leur temps. Pour transposer le script de Scream sur grand écran, plusieurs réalisateurs prestigieux seront envisagés et même approchés, notamment Robert Rodriguez, George A. Romero, Sam Raimi et Danny Boyle, mais tous ces metteurs en scène vaquent déjà à d'autres projets.
Wes Craven apparaît alors comme la panacée. Avec Scream, le cinéaste a bien l'intention de relancer une filmographie alors en déliquescence.

Les scores du film au box-office lui donneront raison. Non seulement, le long-métrage cartonne dans les salles obscures, mais il est aussi plébiscité par les critiques et la presse cinéma. La culture geek se charge doctement d'analyser et de décortiquer tous les menus détails du film. Rapidement, Scream s'octroie le statut de film culte et s'inscrit même dans la culture populaire américaine. L'accoutrement et le masque de Ghost Face deviennent les nouveaux apanages de la fête d'Halloween.
Avec la complicité et la collaboration de Kevin Williamson, Wes Craven vient de créer et d'inventer une nouvelle figure sociopathique, celle qui repose sur une incroyable duplicité. De surcroît, le succès de Scream premier du nom va engendrer de nombreux épigones, notamment Souviens-Toi... L'Eté Dernier (Jim Gillespie, 1997), Urban Legend (Jamie Blanks, 1998), Mortelle Saint-Valentin (Jamie Blanks, 2001), ou encore Promenons-nous dans les bois (Lionel Delplanque, 2000).

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La distribution de Scream réunit Neve Campbell, Courteney Cox, Skeet Ulrich, Rose McGowan, David Arquette, Matthew Lillard, Jamie Kennedy, Drew Barrymore et Liev Schreiber. A noter l'apparition furtive de Linda Blair dans le rôle d'une journaliste et par ailleurs non créditée au générique. Attention, SPOILERS ! Casey Becker, une belle adolescente, est seule dans la maison familiale. Elle s'apprête à regarder un film d'horreur, mais le téléphone sonne.
Au bout du fil, un serial killer la malmène, et la force à jouer à un jeu terrible : si elle répond mal à ses questions portant sur les films d'horreur, celui-ci tuera son copain... 
Sidney Prescott sait qu'elle est l'une des victimes potentielles du tueur de Woodsboro. Celle-ci ne sait plus à qui faire confiance.

Entre Billy, son petit ami, sa meilleure amie Tatum et son frère Dewey, ses copains de classe Stuart et Randy, la journaliste arriviste Gale Weathers et son caméraman Kenny qui traînent tout le temps dans les parages et son père toujours absent, qui se cache derrière le masque du tueur ? Pour l'anecdote, Wes Craven sera sommé de minorer ses ardeurs. En effet, le cinéaste est prié de retirer certaines séquences, jugées trop érubescentes, afin d'éviter une interdiction aux moins de 18 ans aux Etats-Unis.
En outre, Scream écope d'une interdiction aux moins de 16 ans en France. Interdiction revue à nouveau à la baisse par la suite. Le film est donc interdit aux moins de 12 ans aujourd'hui. Mais, peu avant la sortie du film, le maître de l'épouvante connaît de sérieux problèmes avec la censure, notamment à cause de sa saynète d'introduction, elle aussi jugée trop sanguinolente. 

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Reste à savoir si Scream mérite de telles invectives et une telle polémique. Indubitablement, Scream premier du nom reste un slasher malicieux qui s'ébaudit à la fois de ses situations grand-guignolesques et de ses protagonistes. Dès l'introduction, le ton se veut volontairement caricatural en accumulant tous les poncifs éculés du genre. Une jeune blondinette reçoit plusieurs coups de fil anonymes. Derrière le combiné téléphonique, c'est une voix à priori amène et potache qui importune la jeune infortunée.  "Tu aimes les films d'horreur ?" conjure la voix de plus en plus crépitante. 
Puis, le processus d'admonestation se transmute en une scène de crime bien réelle. Toute l'érudition de Wes Craven se trouve dans cette longue saynète d'introduction, à la fois terrifiante et implacable.

Le processus psychopathique obéit à des règles bien précises. Prière de réfléchir, de répondre intelligemment aux questions et de ne pas effaroucher le mystérieux criminel sous peine d'être poignardé et lacéré. La suite ? Wes Craven prend son temps pour planter le décor ainsi que ses divers protagonistes. Ainsi, Scream oscille entre différents genres : le slasher, le thriller et l'enquête policière. Le scénario se centre alors sur un personnage, Sidney Prescott, encore endeuillée par la mort sanglante de sa maternelle. La jeune étudiante semble poursuivie par les réminiscences de son passé. Inexorablement.
Pis, le tueur masqué fait preuve de machiavélisme et exploite sournoisement les failles de Sidney. 
Dès lors, l'identité de Ghost Face est sans cesse sous le joug de la suspicion. A son tour, le spectateur est lui aussi prié de mener sa propre enquête, pour le moins précautionneuse.

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Qui se cache derrière le masque fantomatique de Ghost Face ? Une réponse qui ne trouvera sa résolution que lors de la révélation finale. En l'état, difficile d'en dire davantage. Toujours est-il que Scream repose sur des personnages crédibles et, in fine, assez éloignés des stéréotypes habituels. Par exemple, Sidney Prescott n'est pas seulement un avatar de Laurie Strode dans Halloween, la nuit des masquesEn outre, Scream apparaît également comme une critique acerbe de la middle class américaine. Que ce soit Gale Wheathers, une journaliste en manque de sensations fortes, ou les étudiants de la ville de Woodsboro, tout ce petit monde paraît totalement insouciant et indifférent au sort de l'autre.
Cette cité bourgeoise et à priori avenante s'inscrit dans le sillage et le continuum d'Elm Street, une autre ville dans laquelle Freddy Krueger, le terrible croquemitaine, avait élu domicile. 
Indiscutablement, Scream n'a pas à rougir de la comparaison avec ses augustes épigones. L'air de rien, Wes Craven vient de réinventer le slasher, celui qui triomphera dans les années 1990 et 2000, avant de sérieusement s'essouffler par la suite.

Note : 16/20

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