L-inevitable-catastrophe-20110315025703

 

Genre : horreur, catastrophe (interdit aux - 12 ans)
Année : 1978

Durée : 1h56

Synopsis : Des millions d'abeilles envahissent le Texas, semant partout la panique. De plus, elles sont supposées apporter la peste, contractée lors de leur migration en Afrique.   

La critique :

A la fois producteur, cinéaste et scénariste, Irwin Allen s'est essentiellement illustré dans le cinéma catastrophe, même si on relève tout de même quelques exceptions notables. En tant que metteur en scène, on lui doit notamment Cette mer qui nous entoure (1952), The Animal World (1956), Le Monde Perdu (1960), Le Sous-Marin de l'Apocalypse (1961) et Le Dernier secret du Poséidon (1979). Vient également s'ajouter L'Inévitable Catastrophe, The Swarm de son titre original, sorti en 1978, soit en pleine ascension du genre catastrophe au cinéma.
En effet, dans les années 1970, ce sont toute une panoplie de pellicules alarmistes qui pullulent dans les salles de cinéma. Ainsi, La Tour Infernale (John Guillermin, 1974), L'Aventure du Poséidon (Ronald Neame et Irvin Allen, 1972), Tremblement de Terre (Mark Robson, 1974), ou encore 747 en Péril (Jack Smight, 1974) déchaînent les passions.

Toutes ces pellicules ne sont finalement que les oripeaux d'une Amérique atone et en pleine mutation sociale, culturelle et sociétale. Que ce soit une tour, un avion ou une catastrophe naturelle, tous ces phénomènes ne sont que les reliquats d'une société américaine sur le point de péricliter. A l'époque, les Etats-Unis vivent toujours dans cette peur panique et obsessionnelle d'une éventuelle invasion communiste. Mais les bolchéviks ne sont pas les seules menaces qui pèsent sur une Amérique anomique. La Nation de l'Oncle Sam craint également l'arrivée de martiens aux intentions belliqueuses.
Parallèlement, l'invasion d'insectes meurtriers, en particulier des abeilles, est sérieusement envisagée par les autorités. Ce climat délétère et de paranoïa ambiante inspire évidemment le scénario de L'Inévitable Catastrophe.

l-inevitable-catastrophe_492812_11946

Déjà, en 1978, le cinéma et la société se soucient des questions écologiques. Un oxymore surtout qu'aujourd'hui, les insectes hyménoptères de la superfamille des apoïdes - voilà pour le petit cours d'entomologie - sont hélas menacés d'extinction. A priori, L'Inévitable Catastrophe réunit tous les ingrédients paranoïdes pour triompher au box-office. Or, le long-métrage se solde par un bide commercial, engrangeant péniblement dix millions de dollars, pour un budget initial de plus de vingt millions de dollars. Ce véritable camouflet commercial stoppera brutalement cet engouement insensé pour les scénarios catastrophes. Un an plus tard, Irwin Allen réalisera Le Dernier Secret du Poséidon. Nouvelle déconvenue au box-office pour le cinéaste.
A l'origine, la durée initiale de L'Inévitable Catastrophe excède aisément les 150 minutes de bobine.

Irwin Allen est alors sommé par les producteurs d'écourter drastiquement les débats et les nombreuses séquences de dialogues, jugées trop volubiles. Requête entendue par le metteur en scène puisque la version cinéma et définitive est d'une durée de 116 minutes. La distribution du film réunit Michael Caine, Katharine Ross, Richard Widmark, Richard Chamberlain, Olivia de Havilland, Ben Johnson, Lee Grant, José Ferrer et Henry Fonda. Attention, SPOILERS ! (1) 
Une base militaire américaine a été l'objet d'une attaque d'origine inconnue. Les gradés qui débarquent sur les lieux pour mener l'enquête trouvent, en plus de rares survivants bien mal en point, un civil qui n'a pas grand-chose à faire là… Ils découvrent alors l'incroyable vérité ! (1) Des millions d'abeilles envahissent le Texas, semant partout la panique.

vlcsnap-2015-06-25-21h26m23s86

De plus, elles sont supposées apporter la peste, contractée lors de leur migration en Afrique. Pour la petite anecdote, ce n'est pas la première fois que des insectes, et plus précisément des abeilles, viennent tarabuster et assaillir une ou plusieurs communautés. Déjà, en 1967, Freddie Francis réalisait The Deadly Bees. Parallèlement à la sortie de The Swarm, un autre film de terreur vient lui aussi s'ajouter aux inimitiés, The Bees d'Alfredo Zacarias.
Ou lorsque Dame Nature se regimbe contre l'Humanité. Encore une fois, à l'époque, une telle probabilité est envisagée. Ainsi, les autorités américaines sondent régulièrement certaines contrées africaines par peur d'être attaquées par des insectes volants et porteurs de maladies infectieuses. Tel est, par ailleurs, le speech incongru de L'inévitable catastrophe.

Inutile alors de préciser que le film d'Irwin Allen a pris un sacré coup de plomb dans les ailes ! C'est le cas de le dire ! De facto, cette bisserie dispendieuse, qui se paie le luxe de réunir un casting prestigieux, paraît aujourd'hui totalement obsolète. Hormis son propos pour le moins suranné, L'Inévitable Catastrophe doit se visionner comme une pellicule oscillant sans cesse entre l'horreur et le genre catastrophe. Même l'affiche ne fait pas dans la complaisance puisqu'on y voit une population terrorisée, se hâter dans tous les sens et inlassablement assaillie par des nuées d'abeilles.
Bien conscient des écueils scénaristiques de son film, Irwin Allen ne fait pas dans la demi-mesure et n'hésite pas à en rajouter dix tonnes... pardon... 20 tonnes... et même à quintupler son armada d'insectes furibonds.

hqdefault

Pour les apiphobes (ceux qui sont effrayés par les abeilles), prière de quitter leur siège et d'aller faire un petit tour ! Car L'Inévitable Catastrophe ne se refuse aucune excentricité, les abeilles faisant carrément vaciller puis exploser un hélicoptère parti en observation. Pis, nos chers insectes sont invulnérables. Aucun produit ni aucune panacée ne semble capable de les détruire, au grand dam d'un Michael Caine plus flegmatique que jamais. Même le feu ne semble pas vraiment inquiéter nos abeilles criminelles.
En outre, ces dernières volent carrément la vedette au casting humain, peu éloquent pour l'occasion. Au programme des tristes réjouissances, un jeune gosse qui voit ses parents dépérir sous un essaim d'abeilles, des centaines de citoyens à leur tour meurtris par les insectes volants et même certaines victimes tourmentées par des hallucinations abominables. Bref, on navigue sans cesse entre la bisserie assumée et le nanar involontaire. Et pourtant...
Contre toute attente, L'Inévitable Catastrophe se laisse suivre sans déplaisir. Cette pellicule anémique possède un charme désuet. Lequel ? Difficile de répondre avec objectivité. Mais une telle production nécessite, évidemment, d'être visionnée au second degré.

Note : 10/20

sparklehorse2 Alice In Oliver

(1) Synopsis du film sur : http://www.devildead.com/indexfilm.php3?FilmID=547