don't breathe

Genre : thriller, horreur (interdit aux - 16 ans)
Année : 2016

Durée : 1h28

Synopsis : Pour échapper à la violence de sa mère et sauver sa jeune sœur d’une existence sans avenir, Rocky est prête à tout. Avec ses amis Alex et Money, elle a déjà commis quelques cambriolages, mais rien qui leur rapporte assez pour enfin quitter Détroit. Lorsque le trio entend parler d’un aveugle qui vit en solitaire et garde chez lui une petite fortune, ils préparent ce qu’ils pensent être leur ultime coup. Mais leur victime va se révéler bien plus effrayante, et surtout bien plus dangereuse que ce à quoi ils s’attendaient.   

La critique :

Le home invasion ou un genre qui va connaître son apogée au début des années 1970 avec La Dernière Maison sur la Gauche (Wes Craven, 1972), un film qui mélange savamment huis clos oppressant et rape and revenge, un autre registre horrifique en vogue à la même époque. Bientôt, ce sont d'autres classiques qui pullulent dans les salles obscures ou par l'intermédiaire de la vidéo. Au hasard, comment ne pas citer Mother's Day (Charles Kaufman, 1980), Black Christmas (Bob Clark, 1974), le trop méconnu Le Sous-Sol de la Peur (Wes Craven, 1991), La Maison au fond du Parc (Ruggero Deodato, 1980), Funny Games (Michael Haneke, 1998), ou encore Kidnappés (Miguel Angel Vivas, 2010) ?
Si le home invasion peut se targuer de nombreux classiques, ce sous-genre horrifique et mâtiné de thriller se révèle néanmoins erratique et redondant.

Les récents You're Next (Adam Wingard, 2012) et Intruders (Adam Schindler, 2015) ont laissé un arrière-goût d'amertume et de désappointement. Que soit. Fede Alvarez est prêt à relever le défi avec Don't Breathe - La Maison des Ténèbres, réalisé en 2016. En l'occurrence, le cinéaste uruguayen s'est essentiellement illustré dans les courts-métrages par l'intermédiaire du site YouTube. Le metteur en scène est alors repéré par Sam Raimi qui le somme de réaliser le remake homonyme de Evil Dead en 2013. Pour son tout premier long-métrage, Fede Alvarez doit réitérer la performance de Sam Raimi en son temps et s'attaque à un vrai classique du cinéma gore et horrifique.
Hélas, le cinéaste uruguayen ne réédite pas l'exploit ni les fantasmagories funestes de son auguste épigone.

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A contrario, Fede Alvarez ne démérite pas derrière la caméra. Mais les principales diatribes tancent et admonestent une pellicule qu'elles jugent trop violente et érubescente. Qu'à cela ne tienne. Fede Alvarez s'attelle à un nouveau projet. Son titre ? Don't Breathe - La Maison des Ténèbres. Avec ce second long-métrage, le réalisateur a bien l'intention de démentir les critiques et de signer un pur film de tension, dans la grande tradition du home invasion.
De surcroît, Fede Alvarez peut toujours compter sur le soutien indéfectible de Sam Raimi, producteur du film. Au moment de sa sortie, Don't Breathe écope carrément d'une interdiction aux moins de 16 ans et est donc répertorié parmi les longs-métrages horrifiques. Pourtant, sur la forme, Don't Breathe ne s'apparente pas vraiment à un film d'épouvante, mais plutôt à un thriller qui n'est pas sans rappeler, par certaines accointances, le concept de Panic Room (David Fincher, 2002).

Rapidement, Don't Breathe se distingue dans divers festivals et ne tarde pas à s'auréoler d'une sulfureuse réputation sur la Toile et les réseaux sociaux. Certains fans évoquent même un film culte en devenir. Reste à savoir si Don't Breathe mérite un tel panégyrisme. Réponse dans les lignes à venir... La distribution du long-métrage réunit Stephen Lang, Jane Levy, Dylan Minnette, Daniel Zovatto et Franciska Töröcsik. Attention, SPOILERS ! Pour échapper à la violence de sa mère et sauver sa jeune sœur d’une existence sans avenir, Rocky est prête à tout.
Avec ses amis Alex et Money, elle a déjà commis quelques cambriolages, mais rien qui leur rapporte assez pour enfin quitter Détroit. Lorsque le trio entend parler d’un aveugle qui vit en solitaire et garde chez lui une petite fortune, ils préparent ce qu’ils pensent être leur ultime coup.

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Mais leur victime va se révéler bien plus effrayante, et surtout bien plus dangereuse que ce à quoi ils s’attendaient. On comprend mieux pourquoi Sam Raimi est aussi dithyrambique à l'égard de Fede Alvarez, à tel point que le réalisateur et le producteur, par ailleurs transformé en mentor, ne lâche plus son jeune élève et semble diriger ses pas, encore tremblotants, dans le cinéma horrifique. Avec Don't Breathe - La Maison des Ténèbres, c'est un nouvel exercice de style que Sam Raimi propose et impose à Fede Alvarez, un huis clos horrifique qui repose sur une étrange dichotomie.
En outre, les deux cinéastes avisés ne s'embarrassent pas avec une introduction trop longue ni des présentations trop abstraites. Ainsi, les principaux personnages, au nombre de quatre, sont prestement évincés au profit d'un enfermement dans les méandres des ténèbres.

Rocky et ses compagnons d'infortune ne sont que de petits larrons qui multiplient cependant les déprédations. 
Leur prochaine cible ? La demeure d'un vieil homme aveugle. A priori, cette prochaine mission s'avère particulièrement aisée en raison de la même cécité de l'homme qui vit dans de longs couloirs obombrés. Mais Fede Alvarez referme subrepticement la trappe sur ses divers protagonistes. Contre toute attente, l'homme malvoyant se montre d'une redoutable célérité, massacrant l'un des amis de Rocky avec une incroyable dextérité.
Et Don't Breathe repose, derechef, sur ce formidable antagonisme. 
Ce sont ceux qui voient qui sont condamnés à exhaler leur dernier soupir dans une maison transmutée en antre de l'horreur. A contrario, c'est le malvoyant qui maîtrise au mieux cet espace semé d'embûches. 

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Surtout, l'habitat révèle peu à peu ses nombreuses anfractuosités. Ainsi, la tension monte crescendo et Fede Alvarez s'ébaudit de ses protagonistes et des situations anxiogènes qu'il leur tend au fur et à mesure de leur progression dans la maisonnée. De surcroît, le cinéaste tient un vrai sociopathe, celui qui assaille et ne fait pas de prisonnier. Ou alors c'est pour mieux les étriper. "Dieu n'existe pas !" s'écrie le psychopathe amblyope. En résulte un thriller et un huis clos horrifique réalisé avec beaucoup d'acuité, c'est le cas de le dire, tant les différents sens sont mis à rude épreuve.
Certes, Fede Alvarez exploite son concept à satiété et brosse le portrait de personnages crédibles. Néanmoins, en dépit de sa malice, le paradigme en lui-même fait montre parfois de frilosité. Par exemple, était-il absolument nécessaire de dévier, voire même de dériver, vers le torture porn et le quasi found footage dans la seconde partie ? Par instances, Fede Alvarez retrouve les vieux réflexes de naguère et de son remake d'Evil Dead. On aurait apprécié, dès le départ, que le metteur en scène opte directement pour le film gore, et non pas de faire autant la fine bouche dans une première partie en forme de cache-cache, et par ailleurs trop longuette. Si Don't Breathe ne révolutionnera pas le home invasion, il se situe toutefois au-dessus de la moyenne habituelle et se montre bien plus probant que le décevant You're Next.

Note : 13/20

sparklehorse2 Alice In Oliver