Genre : horreur, gore (interdit aux - 16 ans)
Année : 2013
Durée : 1h32
Synopsis : Après le massacre de ses quatre amis, Sally était parvenue à échapper à l’épouvantable famille Sawyer. Les habitants de la petite ville de Newt, au Texas, avaient décidé de faire justice eux-mêmes, brûlant la maison de cette famille maudite et tuant tous ses membres. C’est du moins ce qu’ils crurent à l’époque...
Bien des années plus tard, à des centaines de kilomètres de là, une jeune femme, Heather, apprend qu’elle vient d’hériter d’un somptueux manoir victorien, léguée par une grand-mère dont elle n’avait jamais entendu parler. Accompagnée de ses meilleurs amis, elle part découvrir la magnifique propriété isolée dont elle est désormais propriétaire. Heather va vite comprendre que du fond des caves, l’horreur n’attend qu’une occasion pour surgir…
La critique :
Petit retour en arrière. En 1974, Tobe Hooper réalise Massacre à la Tronçonneuse, un film d'horreur inspiré par les meurtres perpétrés par Ed Gein, surnommé le boucher de Plainfield. Son nom demeure tristement célèbre puisque Ed Gein est connu et reconnu comme étant le tout premier tueur en série nécrophile américain. Le forcené kidnappe des femmes ventripotentes qui lui rappellent la figure maternelle. Non seulement, il les torture, les massacre et les dilapide, mais récupère leurs organes ainsi que plusieurs morceaux de leur peau pour se constituer un masque humain.
Ces faits macabres et sordides inspireront également le scénario de Le Silence des Agneaux (Jonathan Demme, 1991). Vers le milieu des années 1970, les Etats-Unis sont au coeur de plusieurs scandales.
La guerre du Vietnam et le Watergate assomment littéralement le Président Nixon et la société se laisse dévoyer par la libération des moeurs, le multiculturalisme, le mouvement hippie et l'hédonisme à tous crins. Et c'est ce qu'a parfaitement compris Tobe Hooper qui décide de réaliser Massacre à la Tronçonneuse dans un contexte de colère sociale, culturelle et sociétale. A travers les exactions de Leatherface, le croquemitaine anthropophage, Tobe Hooper s'interroge sur la nature humaine.
Qui est le monstre ? Celui qui répand des cadavres et des cervelles humaines impunément dans sa cave ou des étudiants à priori insouciants qui tancent et répudient l'un des leurs parce qu'il est condamné à croupir, jusqu'à la fin de ses jours, dans une chaise roulante ? Evidemment, le chef d'oeuvre de Tobe Hooper mérite une analyse beaucoup plus précautionneuse et va engendrer de nombreux épigones.
En 1987, soit treize ans après la sortie du film, Tobe Hooper se laisse à son tour appâter par le lucre et le merchandising. C'est dans ce contexte qu'il réalise Massacre à la Tronçonneuse 2 la même année. Contre toute attente, le metteur en scène signe une suite bien différente de son devancier et opte pour l'outrage et les rodomontades, d'où une impression forcément mitigée lors du générique final, entre l'amertume et le désappointement. Fustigé et ostracisé par les fans du film originel, Tobe Hooper jure qu'on ne l'y reprendra plus. La saga se retrouve alors orpheline de son principal démiurge.
Mais les producteurs n'en ont cure. Ainsi, Massacre à la Tronçonneuse 3 : Leatherface (Jeff Burr, 1990) et Massacre à la Tronçonneuse : la nouvelle génération (Kim Henkel, 1994) se chargent amplement de ridiculiser Leatherface et sa famille de dégénérés mentaux.
Qu'à cela ne tienne. Dans les années 2000, Marcus Nispel et Michael Bay décident de ressusciter le mythe anthropophagique via un inévitable remake homonyme. Bientôt, cette nouvelle version qui, évidemment ne réitère pas la performance rutilante de son modèle, est suivie par une séquelle, Massacre à la Tronçonneuse : le commencement (Jonathan Liebesman, 2006), censée revisiter les origines de Leatherface. Bref, la saga se cherche et balbutie, toujours dans cette quête chimérique de reproduire l'uppercut asséné par le premier volet.
Une hérésie. Et pourtant... En 2013, la saga se poursuit avec Texas Chainsaw 3D, réalisé par John Luessenhop. Ce nouvel épisode - le septième tout de même - n'est ni un remake, ni un spin-off, ni une séquelle, ni une préquelle, mais est la suite directe du premier volet réalisé par Tobe Hooper.
Cette suite intervient donc 39 ans après le chef d'oeuvre originel. John Luessenhop sera-t-il capable de réitérer la même performance ? Réponse dans les lignes à venir... La distribution du film réunit Alexandra Daddario, Tania Raymonde, Trey Songz, Keram Malicki-Sanchez, Paul Rae, Shaun Sipos et Scott Eastwood. Attention, SPOILERS ! Après le massacre de ses quatre amis, Sally était parvenue à échapper à l’épouvantable famille Sawyer.
Les habitants de la petite ville de Newt, au Texas, avaient décidé de faire justice eux-mêmes, brûlant la maison de cette famille maudite et tuant tous ses membres. C’est du moins ce qu’ils crurent à l’époque... Bien des années plus tard, à des centaines de kilomètres de là, une jeune femme, Heather, apprend qu’elle vient d’hériter d’un somptueux manoir victorien, léguée par une grand-mère dont elle n’avait jamais entendu parler.
Accompagnée de ses meilleurs amis, elle part découvrir la magnifique propriété isolée dont elle est désormais propriétaire. Heather va vite comprendre que du fond des caves, l’horreur n’attend qu’une occasion pour surgir… Il faut bien le reconnaître. On n'attendait plus forcément grand-chose de la saga consacrée aux impudicités criminelles de Leatherface. Et hélas, ce n'est pas Texas Chainsaw 3D qui risque d'intervertir cette dialectique. Premier constat, l'intitulé même du film.
Cette fois-ci, les producteurs ont recours aux effets désuets de la 3D. Une façon comme une autre de faire jaillir la tronçonneuse érubescente de Leatherface. Hélas, l'arme stridulante du sociopathe est en panne de graisse et d'idées scénaristiques. Pourtant, via son introduction et lors de certaines séquences de tripailles, pour le moins élusives, Texas Chainsaw 3D fait vaguement illusion.
A condition de fermer les yeux sur plusieurs saynètes pour le moins curieuses et extravagantes. Poursuivie par un Leatherface vindicatif et atrabilaire, Heather décide de se planquer dans un cercueil sous le nez et la barbe (si j'ose dire...) de son assaillant, alors que l'infortunée aurait pu s'escarper dans la forêt sans sourciller. On relève donc ici et là de nombreuses ellipses et incohérences qui placent ce Texas Chainsaw 3D à la même hauteur que le remake et la séquelle réalisés dans les années 2000. Texas Chainsaw 3D s'apparente donc à une production hollywoodienne qui joue la carte du torture porn pour mieux farder toute la vacuité et l'inanité de son scénario.
En l'état, ce nouveau chapitre séduira peut-être le public pré-pubère en manque de sensations fortes et peu exigeant en termes de qualités cinématographiques. Seule petite consolation, l'intérêt de Texas Chainsaw 3D repose justement sur cette transmission généalogique et cette malédiction qui nimbe sur la famille Sawyer depuis plusieurs décennies. C'est sans aucun doute la seule bonne idée du film, hélas maladroitement exploitée par un John Luessenhop plus tâcheron que jamais.
Et non, le cinéaste ne réitère absolument pas le choc frontal et viscéral de son auguste épigone. Bref, en quelques mots : pourvu que la saga s'arrête...
Note : 08/20