Genre : horreur, drame, thriller (interdit aux - 12 ans)
Année : 2007
Durée : 1h45
Synopsis : Dans leur superbe appartement de l'Upper East Side, Brad et Abby Cairn célèbrent la naissance de leur deuxième enfant, Lily. Joshua, le grand frère, ne voit pas l'arrivée de sa soeur d'un bon oeil. D'une intelligence et d'une précocité rares, sa politesse et son calme apparent contrastent fortement avec son âge et masquent à peine la jalousie viscérale qu'il éprouve envers sa petite soeur. La vie de famille va peu à peu se fissurer. Entre les pleurs incessants de Lily et les travaux de rénovation de l'immeuble, entre l'étrange dépression postnatale d'Abby et les événements troublants que le couple va vivre, l'existence de rêve de la famille Cairn va virer au cauchemar. Est-ce le fruit du hasard, d'un redoutable concours de circonstances, ou sont-ils la proie d'un esprit maléfique et machiavélique, celui de Joshua ?
La critique :
Il faut se rendre sur le site IMDb (source : http://www.imdb.com/name/nm0711807/) pour trouver quelques informations élusives sur George Ratliff, un cinéaste américain à qui l'on doit Plutonium Circus (1994) et Hell House (2001), deux longs-métrages passés totalement inaperçus, tout du moins dans nos contrées hexagonales. Mais George Ratliff se veut être l'un des parangons du cinéma indépendant. Une tendance corroborée par la sortie de Joshua en 2007, soit seulement le troisième film de Ratliff.
En outre, Joshua s'inscrit dans un registre qui a inspiré, à maintes reprises, le cinéma d'épouvante : les enfants sociopathiques. Un sujet pour le moins spinescent mais qui a engendré de nombreux classiques du genre, notamment Les Révoltés de l'An 2000 (Narciso Ibanez Serrador, 1976), Sa Majesté des Mouches (Peter Brook, 1963), Eden Lake (James Watkins, 2008), ou encore Le Village des Damnés (Wolf Rilla, 1960).
Si Joshua n'a pas forcément bénéficié d'une sortie dans les salles obscures, le long-métrage de George Ratliff se distingue dans divers festivals, entre autres lors des festivals de Sitges et de Sundance. La distribution du film réunit Sam Rockwell, Vera Farmiga, Celia Weston, Dallas Roberts, Michael McKean et Jacob Kogan. Il est d'ailleurs amusant de notifier que l'actrice Vera Farmiga devra à nouveau se colleter avec d'autres gosses machiavéliques dans Esther (Jaume Collet-Serra, 2009), Conjuring : les dossiers Warren (James Wan, 2013) et Conjuring 2 : le cas Endfield (James Wan, 2016).
Attention, SPOILERS ! Dans leur superbe appartement de l'Upper East Side, Brad et Abby Cairn célèbrent la naissance de leur deuxième enfant, Lily. Joshua, le grand frère, ne voit pas l'arrivée de sa soeur d'un bon oeil.
D'une intelligence et d'une précocité rares, sa politesse et son calme apparent contrastent fortement avec son âge et masquent à peine la jalousie viscérale qu'il éprouve envers sa petite soeur. La vie de famille va peu à peu se fissurer. Entre les pleurs incessants de Lily et les travaux de rénovation de l'immeuble, entre l'étrange dépression postnatale d'Abby et les événements troublants que le couple va vivre, l'existence de rêve de la famille Cairn va virer au cauchemar.
Est-ce le fruit du hasard, d'un redoutable concours de circonstances, ou sont-ils la proie d'un esprit maléfique et machiavélique, celui de Joshua ? A priori, rien ne distingue réellement Joshua de sa concurrence pléthorique qui a déjà exploré peu ou prou les mêmes thématiques, à savoir cette jeunesse en pleine insubordination contre l'autorité parentale et plus précisément, patriarcale.
En l'occurrence, le long-métrage de George Ratliff oscille entre différents genres : le film d'horreur, le drame et le thriller. S'il y a au moins un sujet à retenir de ce Joshua, c'est évidemment le délitement de la cellule familiale. A tel point que George Ratliff pose le doute sur les intentions réellement psychopathiques de son jeune bambin en culottes courtes. Pendant plus d'une heure, le cinéaste décortique un quotidien familial à priori sous les meilleurs auspices.
En outre, c'est la naissance de Lily, deuxième enfant de la famille Cairn, qui provoque une scissure infrangible. Tout commence par les pleurs incessants et les stridulations de Lily. Autant de larmoiements qui provoqueront, avec le temps, une rupture fatidique entre le fils aîné et ses parents. Dès lors, les tracas et les secousses s'enchaînent. Inexorablement.
George Ratliff aborde avec beaucoup de prudence et de pruderie des thèmes aussi nébuleux que la dépression post-partum. A contrario, le cinéaste a le mérite de ne pas trop s'aventurer sur ce chemin escarpé, préférant sonder la psyché en déliquescence de son héros principal. Il est amusant de noter que la mère s'efface pour laisser place à un curieux affrontement entre le père et son propre fils. Qui est le véritable psychopathe ? Le fils accusé de diverses sournoiseries ?
Le père débonnaire ? Ou alors des dynamiques plus complexes et alambiquées qui se chargent d'opérer cette distanciation inhérente à toute cellule familiale ? Autant de questions sans réponse. Mais à travers toutes ces interrogations, George Ratliff esquisse plusieurs réflexions passionnantes sur la mort du Patriarcat et ce père transformé en seconde mère qui ne symbolise plus rien pour son jeune fils indocile.
Par ailleurs, ce dernier rétorque à son patriarche : "Personne ne t'aimera jamais !". Le jeune bambin cogne là où ça fait mal et reçoit un soufflet pour son impudence. La violence n'est pas seulement physique, elle peut être également psychologique, à la seule différence qu'elle n'est pas visible aux yeux de la société, professe un George Ratliff bien conscient des enjeux moraux et sociétaux de sa pellicule. L'air de rien, George Ratliff explore toutes les tares de la famille moderne et consumériste, celle qui s'est peu à peu délitée depuis plusieurs décennies et l'avènement du divorce de masse.
Car c'est bien le constat qui est opéré par le film, à savoir une famille à l'agonie et sur le point de dépérir. A tel point que le baby blues vécu par la mère s'imbrique sur la figure paternelle. Toutefois, en dépit de ses bonnes intentions, le film n'est pas exempt de tout reproche.
En l'occurrence, ne vous attendez pas à une pellicule forcément sanguinolente ni particulièrement virevoltante. George Ratliff prend son temps pour planter le décor et ses divers protagonistes. Sur ce dernier point, le réalisateur n'élude pas toujours certaines caricatures. Pourquoi diable s'enliser dans cette partie pour le moins prosaïque, relatant les suspicions d'une psychologue envers le père de famille ? Une façon comme une autre de tancer une société qui a érigé l'enfant-roi comme le nouveau grand consommateur, celui qui ne doit plus être contrarié, plus jamais.
Celui qui ne doit plus connaître d'écueils ni de limites, celui aussi qui sera doctement entendu par toute une armada de psychiatres, de professionnels et de travailleurs sociaux, tous endoctrinés aux mêmes moralines hédonistes et tendancieuses. Dommage que George Ratliff n'étaye pas encore davantage son sujet... On peut ainsi regretter que George Ratliff n'ait pas encore poussé plus loin les vicissitudes de son jeune mioche égrillard, la conclusion finale ouvrant de nouvelles animosités.
Mais ne soyons pas trop sévères. Dans l'ensemble, Joshua reste un drame et un thriller horrifique plus que recommandable, en tout cas, bien plus éloquent que le fameux Esther, déjà mentionné.
Note : 13.5/20