daredevil

Genre : fantastique, action (interdit aux - 12 ans)
Année : 2003

Durée : 1h42

Synopsis : Avocat le jour, super-héros la nuit, Matt Murdoch possède une ouïe, un odorat, une force et une agilité incroyablement développés. Bien qu'il soit aveugle, son sens radar lui permet de se diriger et d'éviter le moindre obstacle. Inlassablement, cet être torturé arpente les rues de New York à la poursuite de criminels en tout genre qu'il ne peut punir au tribunal. Daredevil aura à affronter Kingpin, alias Le Caïd, qui dirige d'une main de fer la mafia new-yorkaise, ainsi que son homme de main Bullseye, alias Le Tireur. 

La critique :

Pour une raison difficile à comprendre, la plupart des films de super-héros des années 2000 se nimberont d'une bande originale influencée par le neo-metal, un genre très en vogue à l'époque et porté par des groupes tels System of a Down, Korn, Slipknot, Linkin Park, Limp Bizkit, Papa Roach, Deftones, ou encore Drowning Pool. Hormis quelques exceptions notables, le style neo-metal ne laissera pas un souvenir impérissable. Ainsi, les BO de Spider-Man (Sam Raimi, 2002) et de The Punisher (Jonathan Hensleigh, 2004) nous ont habitués à des musiques rageuses et destinées à flagorner les jeunes éphèbes en manque de sensations fortes. Une dialectique qui n'échappe pas à Mark Steven Johnson, réalisateur de Daredevil en 2003. A l'instar des autres films Marvel de l'époque, lui aussi vient renâcler du côté du neo métal via plusieurs groupes majeurs, notamment Nickelback, Fuel et Evanescence.

En outre, difficile de ressentir une certaine nostalgie pour ces productions et leurs bandes originales pour le moins dissonantes, la plupart du temps les films étant de qualité égale à leurs musiques stridulantes. Parmi vous, qui se souvient encore de The Punisher (déjà précité) et d'Elektra (Rob S. Bowman, 2005) ? Il est d'ailleurs amusant de citer le cas presque pathologique d'Elektra puisque le film est justement un spin-off de Daredevil et produit justement par Mark Steven Johnson.
Le cinéaste réitérera deux ans plus tard avec Ghost Rider, une autre adaptation des Marvel Comics portée par un Nicolas Cage en mode cabotinage, un peu à la manière d'un Robert Downey Jr. avec la trilogie Iron Man. Certes, Daredevil constitue la toute première adaptation du héros amblyope au cinéma. Toutefois, les connaisseurs noteront une apparition furtive dans Le Procès de l'Incroyable Hulk, un téléfilm réalisé par Bill Bixby en 1989.

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A l'instar de The Punisher, Daredevil se soldera lui aussi par un échec au box-office. Pis, les critiques sont presque unanimement négatives, persiflant une adaptation chimérique, hideuse et outrancière. Reste à savoir si le long-métrage mérite une telle rebuffade. Réponse dans les lignes à venir... La distribution du film réunit Ben Affleck, Jennifer Garner, Colin Farrell, Michael Clarke Duncan, Jon Favreau (futur réalisateur d'Iron Man et d'Iron Man 2), Joe Pantoliano, Ellen Pompeo et David Keith.
Pendant longtemps, Vin Diesel sera envisagé pour revêtir les oripeaux rougeoyants et vindicatifs de Daredevil, mais l'acteur est jugé trop ventripotent pour incarner un super-héros véloce et d'une étonnante célérité. Edward Norton, Matt Damon et Guy Pearce seront eux aussi approchés, mais le rôle échouera finalement à Ben Affleck.

Pendant longtemps, le comédien devait écoper des flèches affûtées du Tireur, un rôle attribué en dernière instance à Colin Farrell. Même remarque concernant le personnage d'Elektra, initialement prévu pour Eliza Dushku. Mais Ben Affleck, alors énamouré de la belle Jennifer Garner, insiste auprès de la production pour que le rôle soit adjugé en faveur de la blondinette. Attention, SPOILERS ! Avocat le jour, super-héros la nuit, Matt Murdoch possède une ouïe, un odorat, une force et une agilité incroyablement développés. Bien qu'il soit aveugle, son sens radar lui permet de se diriger et d'éviter le moindre obstacle. Inlassablement, cet être torturé arpente les rues de New York à la poursuite de criminels en tout genre qu'il ne peut punir au tribunal. Daredevil aura à affronter Kingpin, alias Le Caïd, qui dirige d'une main de fer la mafia new-yorkaise, ainsi que son homme de main Bullseye, alias Le Tireur.

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Certes, Daredevil peut s'enorgueillir d'un casting de prestige. Hélas, sur la forme, ce blockbuster s'apparente davantage à une série B lucrative qui a surtout le tort de passer après X-Men (Bryan Singer, 2000), X-Men 2 (Bryan Singer, 2003) et Spider-Man (déjà mentionné). Autant l'annoncer de suite. A aucun moment, Daredevil ne soutient la comparaison avec ses augustes devanciers. Clairement, Mark Steven Johnson ne possède par le talent, la fougue ni l'érudition d'un Bryan Singer ou d'un Sam Raimi. Par certaines accointances, l'univers de Daredevil est un curieux maelström entre l'univers de la trilogie Matrix, via ses nombreuses pirouettes insensées et surtout câblées, et celui de Batman (Tim Burton, 1989). Hélas, là aussi, la comparaison s'arrête bien là.
Pourtant, durant sa première demi-heure, cette adaptation fait vaguement illusion en explorant le passé traumatique de Matt Murdoch.

Ainsi, on suit cette distorsion qui va provoquer l'état de cécité du héros puis la mort de son patriarche. Un trauma qui poursuit inexorablement le garçon, devenu avocat, depuis plusieurs décennies. Mais Daredevil n'est pas un héros comme les autres. Certes, le super-héros glose haut et fort : "C'est pas moi le méchant !'. Certes, ses ennemis les plus opiniâtres le surnomment "l'homme sans peur". Certes, Matt Murdoch n'est pas aussi affable, courtois et magnanime qu'un Clark Kent, alias Superman.
Contrairement à l'homme de Krypton, Daredevil ne fait pas de prisonnier. Ainsi, les renégats peuvent parfois périr sous les rames d'un métro. Daredevil, c'est aussi ce héros issu de la plèbe, du prolétariat et en particulier du Bronx. Adulte, il est toujours claustré dans ce monde, menant une justice implacable contre les puissants et les édiles financiers.

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A priori, le film de Mark Steven Johnson peut se targuer de solides arguments. Indubitablement, Daredevil possède un potentiel. Hélas, cette série B onéreuse, déguisée en blockbuster (je sais, je me répète...) n'est pas exempte de tout reproche. Je ne reviens pas sur cette bande originale neo-metal qui ponctue régulièrement le film, et qui provoquera à coup sûr quelques céphalées. De surcroît, on relève ici et là plusieurs séquences ubuesques et ridicules, à l'image de cette longue saynète opposant Daredevil au Tireur dans une cathédrale.
Toutefois, la palme de la cancrerie revient à cette scène interminable dans laquelle Matt Murdoch batifole avec Elektra dans un square pour enfants. Pour le spectateur avisé, merci surtout de ne pas s'esclaffer ! In fine, comment ne pas tancer et vilipender une interprétation au mieux indigente ? A aucun moment, Ben Affleck, curieusement bedonnant, ne parvient à transcender un personnage en plein marasme. Ne parlons même pas des prestations, pour le moins insignifiantes, de Colin Farrell (sans doute l'une de ses pires prestations au cinéma), de Jennifer Garner et de Michael Clarke Duncan ?
Bref, à défaut de s'immiscer dans les catégories des nanars et des navets, Daredevil n'en demeure pas moins une adaptation obsolète et décevante. Une déconvenue que la série télévisée éponyme se chargera de phagocyter, cette fois-ci avec succès.

Note : 08/20

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