Genre : horreur, épouvante (interdit aux - 12 ans)
Année : 2012
Durée : 1h50
Synopsis : Ellison est un auteur de romans policiers inspirés de faits réels. Dans l’espoir d’écrire un nouveau livre à succès, il emménage avec sa famille dans une maison où les anciens propriétaires ont été retrouvés inexplicablement pendus. Ellison y découvre dans le grenier des bobines 8mm contenant les images de meurtres d’autres familles. Qui a filmé ces tueries et pour quelle raison ? Ellison va tenter de répondre à ces questions tandis que le tueur présumé, une entité surnaturelle présente sur les films, menace de plus en plus sa famille.
La critique :
Scénariste, producteur et réalisateur américain, Scott Derrickson débute sa carrière cinématographique dès 1995 avec le court-métrage Love in the Ruins. Passionné par le cinéma fantastique et d'épouvante, le metteur en scène s'attelle à l'écriture d'Urban Legend 2 : coup de grâce (John Ottman, 2000), qui connaît une gloriole relative par l'intermédiaire de la vidéo. La même année, Scott Derrickson signe son tout premier long-métrage, Hellraiser V : inferno, qui ne laisse pas un souvenir impérissable, surtout dans une franchise en pleine déliquescence.
Mais ce cinquième volet se distingue par ses maquillages et ses effets spéciaux. Aux yeux des producteurs, c'est suffisant pour lui confier la réalisation de L'Exorcisme d'Emily Rose en 2005. Trois ans plus tard, Scott Derrickson s'attelle au remake éponyme de Le Jour où la Terre S'Arrêta, un "naveton" qui ne parvient jamais à transcender le film original de Robert Wise.
Vous l'avez donc compris. Hormis L'Exorcisme d'Emily Rose, Scott Derrickson fait figure de petit tâcheron dans le carcan du cinéma horrifique hollywoodien. Autant dire que l'on ne frémissait pas d'impatience devant sa cinquième réalisation, sobrement intitulée Sinister, et sortie en 2012. Toutefois, le film profite du succès d'Insidious (James Wan, 2011) et du grand retour des activités démonologiques sur grand écran, notamment avec la saga Paranormal Activity, initiée par Oren Peli et toute une armada de réalisateurs interchangeables. Aux Etats-Unis, Sinister s'impose parmi les grands fleurons du box-office. Hélas, en raison de débordements de plusieurs spectateurs lors de la sortie de Paranormal Activity 4 (Henry Joost et Ariel Schulman, 2012), Sinister se voit privé de distribution dans plus d'une quarantaine de salles en France (source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Sinister).
A contrario, le film de Scott Derrickson essuie de véritables dithyrambes de la part des critiques et de la presse spécialisée. Reste à savoir si Sinister mérite un tel panégyrisme. Réponse dans les lignes à venir... Succès oblige, une suite, Sinister 2, sortira en 2015, cette fois-ci sous l'égide de Ciaran Foy. La distribution du premier chapitre se compose d'Ethan Hawke, Juliet Rylance, Clare Foley, Michael Hall D'Addario, James Ransone, Vincent D'Onofrio et Fred Dalton Thompson.
Attention, SPOILERS ! Ellison est un auteur de romans policiers inspirés de faits réels. Dans l’espoir d’écrire un nouveau livre à succès, il emménage avec sa famille dans une maison où les anciens propriétaires ont été retrouvés inexplicablement pendus. Ellison y découvre dans le grenier des bobines 8mm contenant les images de meurtres d’autres familles.
Qui a filmé ces tueries et pour quelle raison ? Ellison va tenter de répondre à ces questions tandis que le tueur présumé, une entité surnaturelle présente sur les films, menace de plus en plus sa famille. Indubitablement, Scott Derrickson connaît sur le bout des doigts ses classiques horrifiques, de Shining (Stanley Kubrick, 1980) à The Ring (Hideo Nakata, 1998), en passant évidemment par Poltergeist (Tobe Hooper, 1982), tout en s'appropriant son récit.
Dès les premières secondes de bobine, le scénario de Sinister a le mérite d'attiser la curiosité. Ainsi, l'introduction du long-métrage débute par une séquence de pendaison en famille. La suite ? Sinister fonctionne alors comme une enquête policière aux allures méphistophéliques, conviant son héros principal, Ellison (Ethan Hawke), à sonder les mystères et les arcanes d'une entité luciférienne.
Contrairement à Poltergeist et à Insidious, déjà précités, Sinister ne se polarise pas sur une famille affable et magnanime mais à l'inverse, sur une famille en pleine décrépitude. Ainsi, le métrage est filmé à la première personne et suit le point de vue d'Ellison, dont les suspicions concernant sa maisonnée et bientôt sa propre famille, ne vont pas tarder à être corroborées. Narquois, Scott Derrickson prend son temps pour planter le décor et son principal protagoniste.
Le réalisateur se garde bien de révéler trop rapidement la vraie nature d'une créature évidemment sournoise, fallacieuse et démoniaque qui cherche à s'emparer, de prime abord, de l'âme de ses hôtes ; de préférence des enfants. Vous l'avez donc compris... Il est bien question ici de parenticide, un sujet tabou qui continue de tarauder les spécialistes les plus dubitatifs.
En outre, Sinister a le mérite justement d'aborder cette question subsidiaire par d'habiles stratagèmes, surtout quand Ellison comprend que ses propres gosses sont les victimes d'une entité invisible et indicible. Insidieusement, la créature s'éveille et se révèle, disséminant quelques pistes élusives. La grande force de Sinister repose sur l'antagonisme de son protagoniste principal. Contre toute attente, Ellison n'est pas un patriarche protecteur et bienveillant mais à contrario, un être égoïste et pusillanime, qui recule quand il comprend toute la nocuité de l'entité contre laquelle il tente en vain de lutter. Une chimère. Mais Sinister, c'est aussi cette réflexion sur notre propre voyeurisme, cette pulsion morbide et archaïque qui nous pousse à scruter au plus près l'horreur, avec parfois des conséquences irréfragables.
Par certaines accointances, le personnage incarné par Ethan Hawke n'est pas sans rappeler les relents sociopathiques du serial killer dans Le Voyeur (Michael Powell, 1960).
Indubitablement, Sinister possède de solides arguments pour contrarier l'hégémonie arrogante de James Wan sur le cinéma d'épouvante, et n'a pas à rougir de la comparaison avec Insidious et autres Conjuring. Hélas, Sinister n'est pas exempt non plus de tout reproche. Si le film convainc dans sa première partie, il perd peu à peu de sa sagacité au fil du récit, notamment lorsque les manifestations de l'entité pernicieuse sont de plus en plus prégnantes.
De surcroît, hormis le personnage d'Ellison, les autres protagonistes ne présentent aucun intérêt, un peu comme si le film ressemblait étrangement à ce père de famille en désuétude et en plein processus de déshumanisation. Dans le même genre, on lui préférera et on optera aisément pour The Ring, qui sondait avec beaucoup plus de méticulosité, les tares et les désagréments de notre société égotiste et consumériste.
Note : 12/20