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Genre : Comédie horrifique, science-fiction (interdit aux - 12 ans)

Année : 2006

Durée : 1h36

 

Synopsis :

Grant, un homme d'affaires délaissé par sa femme, est attaqué par un organisme extraterrestre. Le parasite va s'attaquer aux habitants d'une petite bourgade américaine, transformant ses victimes en mutants assoiffés de sang.

 

La critique :

On a un peu trop souvent tendance à catégoriser le genre horreur comme un genre sérieux au possible où nihilisme et souffrances en sont les fers de lance. Pourtant, on ne compte plus le nombre de films d'horreur évoluant dans le registre de la comédie grasse et irrévérencieuse. Souvenez-vous de Bad Taste, Shaun of The Dead ou Braindead, pour ne citer que quelques exemples parmi tant d'autres, qui ont su s'imposer et se forger une réputation de film culte. Vient également s'ajouter Horribilis (connu également sous le nom de Slither), réalisé par James Gunn.
Qui est-ce ? Ce n'est ni plus ni moins que le réalisateur de Les Gardiens de la Galaxie et de sa suite mais aussi de Super. En soit, rien qui ne vaille un engouement notoire car sa filmographie est loin d'être éloquente, comparée à certains pontes du cinéma mais que soit.

Mais revenons au film d'aujourd'hui. Horribilis est l'occasion espérée pour Gunn de s'enorgueillir de tout un tas de références du cinéma horrifique à insérer dans son oeuvre. Cela ira de la mention des voisins Castevet, qui était également le nom des voisins de Rosemary dans Rosemary's Baby, en passant par le nom de R.J MacReady attribué au maire et renvoyant à The Thing. On peut continuer une dernière fois avec le nom de l'armurerie locale provenant du personnage Max Renn dans Vidéodrome. Encore une ? Lorsque les shérifs s'arment pour essayer de neutraliser Grant, on entend le thème du film Predator. En soit, ce long-métrage pourrait s'apparenter à une sorte de melting-pot et tout ceci est rarement bon signe. Peut-on dire que c'est le cas de ce film ?
Réponse dans la critique.

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ATTENTION SPOILERS : L'homme d'affaires Grant Grant est un des citoyens les plus fortunés de la paisible bourgade de Wheelsy, mais son luxueux train de vie et son opulente résidence ne suffisent pas à compenser l'indifférence croissante de sa jeune et belle épouse, Starla, qu'il aime d'un amour sans retour. A part cela, tout baigne pour lui, ou plutôt tout baignait avant une certaine balade nocturne. Au cours d'une virée dans les bois, Grant et sa consolatrice d'un soir, Brenda, découvrent une masse gélatineuse d'origine extraterrestre à proximité d'un cratère creusé de fraîche date.
Soudain, un puissant tentacule jaillit de la masse informe, enserrant Grant avant de lui inoculer un germe mortel. Starla constate bientôt chez son mari les symptômes d'une insidieuse et troublante métamorphose.

Difficile de ne pas penser à tous ces films de série B horrifiques ayant émergé dans les années 50 à 70 et qui voyaient invasions extra-terrestres sur invasions extra-terrestres se succéder à un rythme parfois indécent. En se remettant dans le contexte de l'époque, il s'agissait d'une allusion subtile aux tensions internationales d'alors où la Guerre Froide et la course à l'armement étaient d'actualité. Cependant, nombre de ces films ne suscitaient, au mieux, qu'un ennui poli. Gunn a donc la lourde tâche de s'attaquer à un synopsis maintes fois vu. Contre toute attente, Horribilis fonctionne très bien et parvient à nous faire passer un bon moment, alors que le synopsis nous laissait de marbre.
Pour se faire, Gunn eut la brillante idée de revisiter le concept sérieux de ce genre de films en transmutant l'horreur en comédie horrifique. Un pari osé, très risqué mais la formule est réussie. On est donc largué dans une ville de pecno et de redneck notoires où la pauvreté est mise en évidence et souligne cette fracture sociale entre riches et pauvres. De manière subtile, le cinéaste fait démarrer son invasion en attaquant, non pas le quidam du coin, mais l'un des hommes les plus fortunés de Wheelsy. Pour Gunn, il n'y a aucune échappatoire possible en cas d'invasion extra-terrestre et la situation économique d'une personne X n'est pas garante d'une survie possible.

Quelque part, Horribilis s'entête d'une dénonciation sociale sur la survie d'une société face à une menace de nature inconnue. Les riches ne sont pas surpuissants et peuvent être, tout comme les pauvres, une cible à part entière. Cette menace inconnue est donc représentée par des limaces parasites venues d'une planète inconnue, bien que tout démarra d'une entité informe arrivé par météorite. S'il y a bien quelque chose qui frappe et impressionne est la qualité des effets spéciaux et le design des monstres, risquant de rester longtemps en mémoire. Gunn a fait preuve d'une belle originalité en transitant entre des humains assoiffés de sang après la contamination ou encore une femme infectée aux allures de gros ballon rempli d'hélium. Bien sûr, on n'oubliera pas non plus la métamorphose de plus en plus monstrueuse du riche mari. Rien que pour ce paramètre, Horribilis vaut le détour et parvient à nous faire jubiler mais aussi impressionner et souvent dégoûter devant ces anomalies monstrueuses.
Ce n'est pas pour rien que j'ai mis des images normales dans ma chronique afin de garder la surprise. On appréciera aussi le fait que le cinéaste ne se censure pas dans ses idées et n'épargnera pas les enfants. Chaque personne est une proie pour les extra-terrestres, et même le curé du village. L'argent et la religion ne sont pas salvateurs d'une survie systématique.

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Maintenant, parlons de la dimension comique du récit. On remercie le réalisateur de ne pas s'être embarqué dans un humour qui aurait pu parasiter (le clin d'oeil était nul, je sais...) l'objectif initial de nous délivrer de l'horreur. Cet humour graveleux arrive à nous séduire et à ne jamais être trop lourdingue. Horribilis, c'est avant tout un film se regardant au second degré, dont le but n'est pas de faire peur mais de nous faire jubiler. Quoi qu'on en dise, le pari est assez réussi et ce n'est pas les effets spéciaux qui diront le contraire. Bon, avec 15 millions de dollar d'argent de poche, il aurait été lamentable de ne pas assurer cela. Soit, si l'aspect des monstres et les maquillages sont d'une bonne crédibilité, on sera conquis par cette succession de massacres et d'effluves de sang au programme.
Bien que nous sommes loin d'un Braindead ou d'un Evil Dead, on en a pour notre argent et tout ceci fait plaisir.

La mise en scène fait que le récit se suit sans le moindre temps mort et nous tient constamment attentif devant les différentes séquences. L'intensité est là, palpable et c'est encore un bon point. Au niveau de la plastique du film, l'image est belle pour un film de ce calibre avec des cadrages et des plans pensés mais surtout des jeux de lumière de qualité. Bon, la bande sonore est tout ce qu'il y a de plus quelconque et le jeu d'acteur sonne malheureusement fort série B, avec au casting, Nathan Fillion, Elizabeth Banks, Michael Rooker, Tania Saulnier ou encore Don Thompson.
Seul Gregg Henry s'en sort mieux que les autres avec son interprétation désopilante de maire complètement cinglé et dépassé par la situation. Ses répliques font souvent mouche et arrivent à nous arracher un petit sourire et pourquoi pas un rire. En autre point négatif, on pourra faire mention d'une fin décevante.

En conclusion, Horribilis est indéniablement un film de qualité qui a su créer sa propre identité. Nanti d'un concept qui fait mouche où l'invasion extra-terrestre se mêle à un trait comique et au deuxième degré, il ne fait aucun doute que le long-métrage suscitera un intérêt constant pour toute personne qui acceptera l'idée sans être trop exigeante. Horribilis est une oeuvre de série B de grande qualité, loin du chef d'oeuvre, bien sûr, mais qui sait divertir son spectateur. On tient là un film éminemment sympathique qui a le mérite de ne pas se prendre au sérieux et qui sait nous gratifier de séquences marquantes (je n'ose dire "d'anthologie"). Une note finale qui pourra être vue comme incompréhensible vu mon engouement mais il ne faut pas oublier que nous ne naviguons pas dans le cinéma de haut rang.
Tout ce que je peux dire est que vous regarderez, désormais, vos limaces d'une autre façon. Chronique un peu plus courte aujourd'hui mais j'avoue ne pas savoir quoi dire de plus.

 

Note : 14/20

 

 

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