jeepers creepers

Genre : horreur, épouvante, slasher (interdit aux - 12 ans)
Année : 2002
Durée : 1h31

Synopsis : Les vacances d'été sont enfin arrivées et, comme chaque année, Trish et Darry, deux étudiants, frère et soeur, prennent la route pour rendre visite à leurs parents. Sur le chemin, un routier agressif emboutit l'arrière de leur voiture sans raison apparente. Quelques kilomètres plus loin, Trish et Darry revoient le même camion, à côté d'une église abandonnée. Ils aperçoivent le conducteur, entièrement vêtu de loques, qui jette un corps dans une canalisation. Malgré les protestations de Trish, Darry veut en avoir le coeur net. Dès que la voie est libre, il va voir et s'engage dans le conduit. Il va y faire une découverte terrifiante. 

La critique :

Scénariste, réalisateur et producteur, Victor Salva débute sa carrière cinématographique via un premier court-métrage, Something in the Basement (1986), qui attire immédiatement l'attention de Francis Ford Coppola. Le réalisateur de Carrie au Bal du Diable (entre autres...) remarque aussitôt le style affiné du jeune metteur en scène et l'encourage à poursuivre dans cette direction. Victor Salva enchaîne alors avec Clownhouse (1989) et Bad Company (1995). 
Mais c'est avec Powder (1995), un drame fantastique très inspiré par le scénario d'Elephant Man (David Lynch, 1980) que Victor Salva connaît ses premiers relents de notoriété. Passionné par le cinéma fantastique et horrifique, le cinéaste se tourne alors vers le slasher avec Jeepers Creepers, le chant du Diable, sorti en 2001.

Le long-métrage obtient non seulement l'aval de Francis Ford Coppola en tant que producteur, mais aussi un véritable plébiscite dans les salles de cinéma. Réalisé pour la modique somme de dix millions de dollars, cette production impécunieuse vient carrément contrarier l'hégémonie de Freddy Krueger, Jason Voorhees, Michael Myers et autres Leatherface sur le cinéma d'épouvante, autant de boogeymen qui ont toisé le haut de l'affiche en des temps immémoriaux.
Victor Salva s'attelle alors à la réalisation de Jeepers Creepers 2 (2003), une suite qui se contente d'ânonner la recette de son auguste prédécesseur. Mais Victor Salva n'en a cure et annonce d'ores et déjà une trilogie. Hélas, pour les thuriféraires de la franchise, il faudra s'armer de patience puisque le cinéaste est inculpé puis écroué pour une sinistre affaire de pédophilie.

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Après avoir croupi trois années en prison, Victor Salva reprend le tournage de Jeepers Creepers 3, qui sortira finalement en 2017 aux Etats-Unis. Mais ne nous égarons pas. La chronique du jour se focalise sur le premier chapitre qui se distinguera, par ailleurs, dans divers festivals, notamment à Sitges et lors du Fantastic'Arts en 2002. La distribution du film se compose de Gina Philips, Justin Long, Jonathan Breck, Patricia Belcher, Brandon Smith et Eileen Brennan.
Attention, SPOILERS ! Les vacances d'été sont enfin arrivées et, comme chaque année, Trish et Darry, deux étudiants, frère et soeur, prennent la route pour rendre visite à leurs parents. Sur le chemin, un routier agressif emboutit l'arrière de leur voiture sans raison apparente. Quelques kilomètres plus loin, Trish et Darry revoient le même camion, à côté d'une église abandonnée.

Ils aperçoivent le conducteur, entièrement vêtu de loques, qui jette un corps dans une canalisation. Malgré les protestations de Trish, Darry veut en avoir le coeur net. Dès que la voie est libre, il va voir et s'engage dans le conduit. Il va y faire une découverte terrifiante. Selon le propre aveu de Victor Salva, le Creeper est né de son imagination fertile et débordante. Enfant, le cinéaste fabulait autour d'une créature démoniaque se réveillant tous les 23 ans pour capturer des proies humaines et se délecter de leurs organes, ses forfaitures s'étalant sur une durée de 23 jours.
Victor Salva part alors de cette idée laconique pour écrire les premières lignes du scénario de Jeepers Creepers. Cependant, nous n'en saurons guère davantage sur cette entité méphistophélique qui semble sourdre de nulle part. 

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Via Jeepers Creepers, Victor Salva renoue également avec le cinéma d'épouvante de jadis, celui de Jack Arnold avec Tarantula ! (1955). Certes, le Creeper n'est pas une créature issue des radiations atomiques, mais une ombre malfaisante et terrifiante provenant du vide, du néant et d'une menace indicible. Victor Salva entretient volontairement le mystère sur cette créature démonologique. Matois, le cinéaste élude la profusion d'informations sur ce monstre surgi des ténèbres. 
Pour survivre, le monstre a besoin de se sustenter et de prendre les organes essentiels de ses victimes. Dès lors, Victor Salva s'approprie et réinvente le slasher. Le Creeper n'a donc pas à rougir de la comparaison avec Freddy, Jason, Leatherface et Michael Myers.

Certes, le boogeyman ne jouit peut-être pas de la même popularité dans nos contrées hexagonales. Mais aux Etats-Unis, la créature continue de susciter les tintinnabulations et les cris d'orfraie. Surtout, avec ce premier slasher décérébré, Victor Salva démontre toute son érudition derrière sa caméra ensanglantée. Rien que pour sa première partie en fanfare, Jeepers Creepers, le chant du Diable justifie son visionnage. Certes, par certaines accointances, le long-métrage n'est pas sans rappeler les meilleurs moments de Massacre à la Tronçonneuse (Tobe Hooper, 1974). 
A l'instar de Leatherface, le Creeper se tapit lui aussi dans un endroit ténébreux et claustré. Sa tanière se situe quelque part au fond d'un tunnel menant directement vers les limbes de l'enfer. 
Evidemment, un tel endroit obombré a une vraie consonance érotique et sexuelle.

En outre, il se noue entre le héros principal et le Creeper une tension homosexuelle à peine déguisée par un Victor Salva extatique. Ainsi, c'est le parfum corporel et naturel qui se dégage de nos aisselles qui attire irrémédiablement le Creeper. La victime désignée n'est pas une proie féminine, mais l'infortuné Darry. Au fil de leurs péripéties, ce dernier et sa soeur effectuent un vrai road movie pour échapper aux griffes acérées de la créature. Une chimère.
Rien ni personne ne semble être en mesure de contrecarrer cette entité luciférienne. Sur ce dernier point, le dernier quart d'heure du film, de facture conventionnelle, déçoit. 
En dépit de certaines tergiversations, Jeepers Creepers, le chant du Diable possède un immense potentiel que Victor Salva exploite avec une certaine sagacité, plaçant immédiatement ce slasher parmi les rares fulgurances horrifiques des années 2000, et à des années-lumière de toutes ces pellicules surannées et pré-pubères (au hasard, Souviens-toi... L'été dernier et Urban Legend).

Note : 14/20

 

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