Genre : thriller, policier (interdit aux - 12 ans)
Année : 1986
Durée : 1h37
Synopsis : Jim Halsey accepte de convoyer une voiture à travers les Etats-Unis pour s'éviter des frais de voyage onéreux. Par une nuit pluvieuse il prend en auto-stop un dénommé John Ryder, un personnage étrange et inquiétant. Jim comprend très rapidement qu'il a affaire à un tueur psychopathe et réussit à se débarrasser de son dangereux compagnon de route. Dès lors, une course poursuite commence entre Ryder et sa proie, qui endosse malgré elle les meurtres de son poursuivant. Injustement accusé de plusieurs meurtres, Jim est poursuivi par la police et ne trouve personne à qui se confier, sauf peut-être Nash, une serveuse qu'il est forcé de prendre en otage.
La critique :
C'est à partir de 1983 que le réalisateur américain, Robert Harmon, débute sa carrière cinématographique via un court-métrage, China Lake. Trois ans plus tard, il enchaîne avec son tout premier long-métrage, Hitcher, un film policier et d'action, qui va contribuer à ériger sa notoriété. Présenté dans divers festivals, le métrage remporte le prix du festival du film policier de Cognac. Par la suite, Robert Harmon connaîtra des fortunes diverses avec Eyes of An Angel (1991), Cavale sans Issue (1993), Le Peuple des Ténèbres (2002) et Highwaymen : la poursuite infernale (2004).
En outre, c'est bien Hitcher qui reste son long-métrage le plus proverbial. Aujourd'hui, nous vous proposons justement une chronique de ce film policier dans nos colonnes. Si le long-métrage fait l'objet d'un véritable plébiscite dans les festivals, il reçoit, à l'inverse, un accueil mitigé dans les salles obscures.
Pourtant, Hitcher va s'arroger le statut de film culte au fil des années. Les thuriféraires le citent souvent comme une référence du road movie meurtrier, un peu à la manière de Duel (Steven Spielberg, 1971), un film qui va largement influencer le scénario d'Hitcher. Mais pas seulement. Le film de Robert Harmon s'inspire également d'un épisode de la série La Quatrième Dimension, à savoir L'Auto-Stoppeur (saison 1, 1959). Hitcher reprend donc peu ou prou la même thématique avec un serial killer qui décime, massacre, étrille et dilapide ceux qui ont le malheur de croiser sa route.
L'auto-stoppeur sociopathe apparaît non seulement comme une sorte de fantôme surgissant de nulle part, mais aussi comme un révélateur des turpitudes de l'âme humaine. Thématique sur laquelle nous reviendrons ultérieurement.
Si le film a essuyé un camouflet lors de sa distribution dans les salles, il se solde néanmoins par un succès commercial via le support vidéo. Suffisamment pour engendrer une suite fastidieuse, Hitcher 2 : Retour en Enfer (Louis Morneau, 2003), ainsi qu'un remake homonyme, lui aussi prosaïque. Pour l'anecdote, Robert Harmon tournera plus de trois heures de bobine pour le premier montage du film. Mais les producteurs, David Bombyk, Edward S. Feldman, Kip Ohman, Paul Lewis et Charles R. Meekers, lui somment d'euphémiser ses ardeurs. Consciencieux, Robert Harmon divise la durée initiale quasiment par deux, pour une durée finale d'une heure et 37 minutes de pellicule.
Un choix judicieux. La distribution du film se compose de C. Thomas Howell, Rutger Hauer, Jennifer Jason Leigh, Jeffrey DeMunn et John M. Jackson.
Le cas de C. Thomas Howell mérite qu'on s'y attarde quelque peu. A l'époque, le comédien apparaît comme la nouvelle grande vedette masculine des années 1980. Tout le monde lui promet une carrière fulgurante. Hélas, l'interprète se fourvoiera essentiellement dans des séries B impécunieuses. Entre la fin des années 1990 et l'orée des années 2000, sa carrière est au point mort, ou presque. Dépité, C. Thomas Howell accepte même de reprendre le rôle de Jim Halsey dans Hitcher 2.
En 2016, on le retrouvera dans L'Attaque des Donuts Tueurs, réalisé par Scott Wheeler. Jadis, l'interprète s'était illustré dans E.T. l'Extra-Terrestre (Steven Spielberg, 1982) et dans Outsiders (Francis Ford Coppola, 1983). Une époque désormais bien lointaine... Voilà pour la petite parenthèse et la digression... Mais ne nous égarons pas et revenons au synopsis d'Hitcher premier du nom !
Attention, SPOILERS ! Jim Halsey accepte de convoyer une voiture à travers les Etats-Unis pour s'éviter des frais de voyage onéreux. Par une nuit pluvieuse il prend en auto-stop un dénommé John Ryder, un personnage étrange et inquiétant. Jim comprend très rapidement qu'il a affaire à un tueur psychopathe et réussit à se débarrasser de son dangereux compagnon de route. Dès lors, une course poursuite commence entre Ryder et sa proie, qui endosse malgré elle les meurtres de son poursuivant. Injustement accusé de plusieurs meurtres, Jim est poursuivi par la police et ne trouve personne à qui se confier, sauf peut-être Nash, une serveuse qu'il est forcé de prendre en otage.
Certes, Hitcher s'inscrit à la fois dans le registre du thriller, de l'action et du film policier. Pourtant, par certaines accointances, le long-métrage n'est pas sans rappeler le premier Mad Max (George Miller, 1979).
A l'instar du chef d'oeuvre vrombissant de George Miller, Hitcher se déroule lui aussi sur des routes désertiques et sous un soleil de plomb. En l'occurrence, le psychopathe, l'énigmatique John Ryder, s'apparente à une version débridée de Max Rockatansky. Là où le héros de Mad Max revêtait les oripeaux d'un guerrier de la route, John Ryder, lui, prend l'apparence d'un criminel de la route. Ces deux-là ne sont pas si différents. Seule nuance, et pas des moindres, Robert Harmon se montre volontairement élusif sur la personnalité de John Ryder. Quand est-il né ?
De quelle région vient ce mystérieux sociopathe ? Pourquoi poursuit-il avec autant de pugnacité l'infortuné Jim Halsey ? Autant de questions qui resteront inertes et sans réponse. A l'image justement de Jim Halsey qui s'interroge sur l'acharnement farouche de son agresseur.
Qu'à cela ne tienne. Quelques temps plus tard, le jeune homme couard et timoré croise derechef la route du psychopathe. Jim tente d'alerter les nouveaux passagers ainsi que la police et bientôt le FBI. Une chimère. Dès lors, une chasse à l'homme s'engage et Jim devient évidemment la proie à abattre... Tout du moins, dans un premier temps. Lors de cette première section, Robert Harmon se polarise sur la relation malsaine qui se tisse entre Jim et son ex-ravisseur.
Au fil de ses aventures et de ses pérégrinations, Jim s'éprend et s'énamoure de Nash (Jennifer Jason Leigh). Mais bientôt, la belle est à son tour capturée par John Ryder. Lubrique, le tueur s'amuse à la torturer. En l'état, difficile d'en dire davantage... La confrontation entre Ryder et Halsey tourne au règlement de compte et au road movie frénétique.
La proie devient alors le chasseur, John révélant à Jim sa nature animale et primordiale. Personne, pas même Nash ni la police, ne viendra s'interférer entre leurs inimitiés. En résulte une relation évidemment ambiguë et à forte consonance homosexuelle. La rencontre avec John Ryder correspond donc à un long périple initiatique, mais aussi à une sorte d'initiation et de retour aux fondements d'un homme bestial, barbare et sauvage. D'un jeune homme pudibond et policé, Jim Halsey va bientôt se transmuter en un redoutable prédateur, criant haro sur celui qui a décimé son énamouré.
Robert Harmon maîtrise parfaitement son sujet et signe un thriller policier aux allures fantastiques et horrifiques. Cependant, en dépit de ses qualités inhérentes, Hitcher n'est pas exempt de tout reproche. En effet, difficile de ne pas pouffer devant les badauderies et les impérities des policiers, plus benêts que jamais. Un défaut rédhibitoire et préjudiciable au film qui pâtit parfois de certaines redondances et errances scénaristiques. Que soit. Si Hitcher ne risque pas de contrarier l'hégémonie de Duel sur le road movie, le long-métrage n'en demeure pas moins une excellente surprise et une vraie réussite.
C'est déjà pas mal !
Note : 15/20