die hard 4

Genre : action 
Année : 2007
Durée : 2h20

Synopsis : Pour sa quatrième aventure, l'inspecteur John McClane se trouve confronté à un nouveau genre de terrorisme. Le réseau informatique national qui contrôle absolument toutes les communications, les transports et l'énergie des Etats-Unis, est détruit de façon systématique, plongeant le pays dans le chaos. Le cerveau qui est derrière le complot a tout calculé à la perfection. Ou presque... Il n'avait pas prévu McClane, un flic de la vieille école qui connait deux ou trois trucs efficaces pour déjouer les attaques terroristes. 

La critique :

En l'espace de trois films, le lieutenant de police John McLane est devenu une figure populaire du cinéma d'action hollywoodien sous le visage crâne de Bruce Willis. Tout commence avec Piège de Cristal (John McTiernan, 1988) qui propulse subrepticement le comédien au firmament de la gloire. La veille de Noël, le policier infortuné doit se colleter avec une bande de renégats. Attention, ces derniers ne sont pas des terroristes mais des bandits revendicatifs !
Il ne faut surtout pas courroucer un public et surtout un audimat qui, à l'époque, n'ont pas encore connu la terreur des attentats terroristes du 11 septembre 2001. Le temps de plusieurs rixes et de nombreuses conflagrations, John McLane devient le sauveur de la veuve et de l'orphelin. Une dialectique derechef ânonnée par Renny Harlin avec 58 Minutes Pour Vivre (1990).

Cette fois-ci, le lieutenant, toujours en déveine, doit obliquer vers un aéroport et ferrailler avec une escouade de militaires au service d'un second chapitre tout aussi spectaculaire. Cependant, Renny Harlin ne possède pas l'érudition ni la virtuosité pyrotechnique d'un John McTiernan aguerri à cet exercice. Que soit. Le cinéaste américain répond doctement à l'appel avec Une Journée en Enfer (1995). Après la tour infernale et les aéroports, John McLane doit désormais sauver la ville de New York aux prises (cette fois-ci) avec de vils terroristes. Via ce troisième chapitre, la saga Die Hard atteint son apothéose.
Nanti d'un Afro-Américain, un certain Zeus, John McLane se retrouve, bon gré mal gré, à jouer à une nouvelle variante de "Jacques a dit". Hélas, la chansonnette se transmute rapidement en jeu du chat et de la souris. 

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A juste titre, on pensait la franchise terminée. Pourtant, à la fin des années 1990, un scénario alambiqué circule sur un hypothétique Die Hard 4, dans lequel il serait question d'envoyer John McLane dans la jungle amazonienne. Mais le script est jugé nébuleux et amphigourique. Néanmoins, cette idée saugrenue va prestement se transmuter en Les Larmes du Soleil (Antoine Fuqua, 2003), un autre film d'action avec Bruce Willis. Puis, le projet Die Hard 4 échoit entre les mains d'un réalisateur frenchy, Florent Emilio Siri. Ce dernier vaque à d'autres projets mais collaborera avec Bruce Willis dans Otage (2005). Pas question non plus de confier Die Hard 4 à John McTiernan !
En déliquescence avec la justice, le metteur en scène n'est plus ce parangon de naguère. Les producteurs se tournent alors vers Len Wiseman, un cinéaste à qui l'on doit Underworld (2003) et Underworld 2 : Evolution (2006).

Une telle carte de visite a de quoi laisser dubitatif. Le choix se révélera pourtant judicieux puisque Die Hard 4 : Retour En Enfer, et sorti en 2007, se soldera par un succès colossal dans les salles obscures. Hormis Bruce Willis qui reprend évidemment du service, la distribution du long-métrage se compose de Justin Long, Timothy Olyphant, Mary Elizabeth Winstead, Cliff Curtis, Maggie Q, Kevin Smith, Jonathan Sadowski et Andrew Friedman. Attention, SPOILERS !
(1) 
Des hackers s'attaquent aux différentes infrastructures des Etats-Unis dans le but d'entamer une liquidation des biens américains. L'attaque débute par la coupure des communications et le piratage du système informatique du FBI. Les cybercriminels s'en prennent ensuite aux marchés boursiers, et pour finir, ils sabotent les installations électriques et de gaz.

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Mais ces attaques terroristes ne sont en réalité qu'un leurre destiné à masquer les véritables intentions des hackers. Malheureusement pour eux, leur plan savamment orchestré sera chamboulé par l'intervention impromptue du lieutenant de police John McLane, escorté cette fois de Matt Farrell, le jeune hacker qu'il a été chargé d'arrêter… (1). Après avoir sauvé plusieurs dizaines d'otages dans une tour infernale, des touristes dans les avions et les aéroports, puis la ville de New York, c'est donc l'Amérique toute entière que John McLane se doit de secourir.
Comme une évidence. Le monde, évidemment symbolisé par la puissance militaire et administrative de l'Oncle Sam, se devait de trouver un héros emblématique et allégorique. Il se nomme John McLane et ressemble presque à n'importe quel quidam.

A la seule différence que le lieutenant de police est inlassablement poursuivi par cette didactique lapidaire : "Toujours au mauvais endroit, au mauvais moment", une scansion claironnée par l'affiche de Die Hard 4 : Retour En Enfer. A juste titre, le spectateur circonspect était en droit de se demander ce que Len Wiseman allait nous raconter pour cette quatrième aventure. Pourtant, au fil des décennies, la franchise a imposé une réalité contemporaine. Nous vivons désormais sous l'ère du terrorisme et de bandits azimutés prêts à tout pour imposer le diktat de la terreur via les médias et toute une armada technologique. C'est tout le paradoxe de Die Hard 4. John McLane abhorre Internet, ces geeks et ces hackers férus d'informatique. Le flic opiniâtre préfère les méthodes à l'ancienne et discuter avec les poings ou avec son bon vieux révolver. Mais l'époque des cowboys solitaires est désormais révolue au profit d'une nouvelle forme de guerre, celle qui ne prévient pas, qui dévaste sans crier gare et qui alarme la populace.

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A l'instar d'Une Journée en Enfer, Die Hard 4 a la bonne idée d'adjoindre un nouveau comparse aux côtés de John McLane. En outre, Justin Long n'a pas le charisme d'un Jason Statham ni d'un Dwayne Johnson, loin de là. En l'occurrence, Justin Long incarne un jeune trentenaire poltron et pusillanime. Véritable orfèvre en informatique, l'acteur va devenir, le temps de deux heures et vingt minutes de bobine, une figure à part entière dans la franchise. Son personnage est la parfaite antithèse de John McLane. A contrario, le duo antagoniste fonctionne à merveille.
Le hacker est la parfaite illustration des relents de notre société égotiste et consumériste. Lui aussi évolue dans un monde virtuel où les réseaux et la communication factice règnent en maîtres. C'est toute la réalité, hélas chimérique, d'une société à l'agonie et corsetée dans son eudémonisme. De facto, John McLane apparaît encore plus ici comme un héros à la dérive qui retrouve néanmoins sa fougue de jadis lors d'une course poursuite impressionnante contre un avion de chasse.
Malicieux, Len Wiseman s'approprie et réinvente la saga Die Hard qu'il diligente vers d'autres aspérités. Toutefois, au moment du générique final, on ne peut s'empêcher de songer que la franchise aurait tout intérêt à se conclure sur ce quatrième volet avant de s'enliser dans les redondances et la surenchère.

 

Note : 15/20

sparklehorse2 Alice In Oliver

(1) Synopsis du film sur : https://fr.wikipedia.org/wiki/Die_Hard_4_:_Retour_en_enfer